1500 événements médicaux surviennent chaque jour au Québec

ENQUÊTE. Plus de 1500 incidents ou accidents sont rapportés chaque jour dans les établissements de santé au Québec, soit plus d’un demi-million de cas par année. Même si c’est à Montréal que surviennent le plus d’erreurs en nombre absolu, c’est dans la Capitale-Nationale où l’on retrouve le plus d’incidents au prorata, avec un citoyen sur cinq touché par un accident ou un incident. Les régions de l’Outaouais et de Laval affichent quant à elles les meilleurs résultats, avec un taux d’à peine 3% de la population ayant subi une erreur, tandis que la région de la Montérégie se classe en fin du peloton, avec un taux de 4,2%, révèlent des données compilées par TC Media.

Le tiers de tous les événements rapportés au Québec survient dans la région de Montréal, mais le fait que la métropole représente également près du quart de la population provinciale (1 958 257 habitants) joue certainement un rôle dans le calcul des données obtenues auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux, qui ne répertorie cependant pas le nombre d’incidents ou d’accidents en rapport à la clientèle qui a franchi les tourniquets des institutions de santé.

Au prorata de sa population (701 204 personnes), la région de la Capitale-Nationale arrive cependant en tête de lice du palmarès des erreurs du personnel médical, alors que près d’une personne sur cinq est touchée en moyenne par un accident ou un incident.

L’Estrie (7,4% de la population) et l’Abitibi-Témiscamingue (7%) complètent le podium des régions où l’on retrouve le plus de cas d’événements, toutes proportions gardées.

Et la Montérégie?

En Montérégie, en moyenne, 4,2% de la population est touchée annuellement par un accident ou un incident en milieu hospitalier, soit en bas de la moyenne provinciale (5,24%). En Montérégie-Est, c’est au CSSS Haut-Richelieu-Rouville (4,74%) que l’on répertorie le plus d’événements répertoriés. Dans l’ordre, le palmarès se complète avec le CSSS La Pommeraie (4,54%), le CSSS de la Haute-Yamaska (4,4%) et le CSSS Richelieu-Yamaska (2,92%). En nombre absolu, le classement diffère légèrement. Haut-Richelieu-Rouville, qui dessert 182 000 personnes, conserve la tête. Il est suivi de Richelieu-Yamaska (213 000 personnes), de la Haute-Yamaska (99 000) et de La Pommeraie (52 000).

Un bond de 27%

Entre 2011 et 2013, le nombre d’événements (calculées sur six mois) a bondi de 27%, passant de 179 011 à 219 234, et finalement à 227 597. Il est toutefois difficile d’établir si cette vrille à la hausse s’explique par un plus grand nombre d’erreurs produites ou simplement par une meilleure dénonciation.

Les personnes âgées les plus touchées

Sans surprise, plus de la moitié des accidents ou incidents surviennent chez les personnes âgées, principalement chez les 75 ans et plus. Parmi elles, les chutes et les erreurs reliées à la médication se suivent de très près avec, en moyenne, 35% de chutes et 31% pour la médication. En ce qui a trait aux chutes, dans un cas sur deux, les personnes ont été retrouvées par terre, alors que pour les erreurs liées à la médication, il n’est souvent pas question de mauvaise dose administrée, mais bien d’omission d’administrer des médicaments à une personne.

Ce sont les femmes qui sont les plus sujettes à être victimes d’erreurs du personnel médical. Elles comptent pour 55% des cas.

Ces incidents ou accidents se produisent massivement à l’intérieur des murs des centres hospitaliers ou encore dans les centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD), qui représentent aussi la grande majorité des établissements traitants. Invité à commenter le dossier, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, n’a semble-t-il pas pu se libérer pour répondre aux questions de TC Media, malgré plusieurs tentatives.

Quelques cas dans la région

19

Le nombre de plaintes médicales reçues par le Commissaire local aux plantes et à la qualité des services du CSSS La Pommeraie en 2013-2014

35

Le nombre de plaintes concernant un médecin, un dentiste, un pharmacien ou un résident reçues par le Commissaire local aux plaintes et à la qualité des services du CSSS de la Haute-Yamaska.

228 000$

En 2011, Noémie Dubé, une jeune femme, alors âgée de 26 ans, poursuivait le gynécologue-obstétricien Dr Claude Breton, maintenant retraité, mais qui pratiquait à la clinique médicale Robinson. Elle lui réclamait 228 000$ en dommages puisqu’il aurait «négligemment évalué, traité et suivi la condition médicale» de la jeune patiente qui avait développé un cancer du sein. Quatre mois après avoir déposé la poursuite, un désistement de l’action est survenu et cette dernière a été rayée du plumitif. 

157 000$

L’urologue Dr Louis Dagenais, qui pratique à la clinique médicale Robinson fait l’objet d’une poursuite de 157 000$. «Manquement aux règles de l’art», négligence et manque de suivi sont les fautes rapportées par le poursuivant. Dr Dagenais aurait pratiqué une ablation de la prostate sans informer son patient des autres traitements disponibles pour combattre un cancer de cet organe. Pis encore, le médecin aurait lacéré la paroi entre la vessie et le rectum du patient et ce dernier n’a été informé que quelques jours après l’opération. Cela lui a occasionné une série de complications médicales, dont l’émission de gaz intestinaux par l’urètre et à éjecter des matières fécales par le canal urinaire.

Radiologiste radié

Dr Patrice Audet, qui est radiologiste à l’hôpital de Granby et Brome-Missisquoi-Perkins et qui était chef de l’imagerie médicale de l’hôpital BMP, sera temporairement radié pour une période de deux mois à compter du 3 décembre. Dr Audet a récemment enregistré un plaidoyer de culpabilité pour avoir enfreint l’article 47 du Code de déontologie des médecins qui stipule qu’un «médecin doit s’abstenir de faire des omissions, des manoeuvres ou des actes intempestifs ou contraires aux données actuelles de la science médicale.» Cette faute a été commise dans le cadre d’une analyse radiologique faite à distance pour l’hôpital de Chicoutimi via l’hôpital de Granby.

Infirmière radiée à Granby

L’infirmière Chantal B. Caron, qui pratiquait à l’hôpital de Granby, a été temporairement radiée par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) pour une période de 6 mois en 2013. Elle a plaidé coupable d’avoir fait preuve de négligence dans les soins et traitements prodigués à une patiente. Selon la banque de données de l’OIIQ, Mme Caron ne pratiquerait plus la science infirmière.

Infirmière radiée

L’infirmière Lise P. Lalande a été reconnue coupable en 2009 de huit chefs, dont d’avoir fait preuve de négligence dans les soins et traitements prodigués et d’avoir été irrespectueuse envers la famille d’un patient. Les faits reprochés se sont produits au CHSLD de Bedford entre 2003 et 2005. Elle a été temporairement radiée pour six mois.

Avec la collaboration de Stéphanie Mac Farlane