Bishop’s et Knowlton au temps des noces de porcelaine

UNIVERSITÉ. L’Université Bishop’s à Knowlton souffle 20 chandelles cette année. Depuis son inauguration, le campus Knowlton est devenu un lieu culte dans ce petit village des Cantons-de-l’Est. Regard sur la petite maison rouge de la rue Knowlton.

L’union qui relie Knowlton et l’Université Bishop’s depuis 1995 a commencé dans des sous-sols d’églises et des salles communautaires. Avant de s’imposer au cœur de Knowlton puis dans un ancien atelier d’ébénisterie, ce pavillon des arts a d’abord été le rêve d’une grande passionnée de l’enseignement, Louise Jamet.

Femme de tête et de cœur, Mme Jamet a réussi à convaincre, il y a deux décennies, l’Université Bishop’s de s’installer dans un petit village, pourtant éloigné des grands centres urbains où l’art semble davantage mis sous les feux de l’action.

Toutefois, le Campus satellite de Knowlton a traversé le temps. Décédée en 2011, Louise Jamet a légué les rennes de ce lieu de création qui relie les deux cultures de Lac-Brome à Estelle Comeau.

Lors du passage du JournalLeGuide.com au Campus Knowlton, une ancienne étudiante était venue saluer ces professeurs. «J’ai tellement aimé mon expérience ici. C’est riche de pouvoir apprendre en deux langues. Ce Campus m’a aussi permis de concilier travail-étude et enfants À cette époque, mes enfants étaient encore très jeunes», se souvient Hélène Gagnon, désormais une artiste impliquée dans la région.

Plus de 250 étudiants par session

Dans ce décor où les arbres sont rois dans la cour arrière, les étudiants affluent par centaines à chacune des sessions. Automne comme hiver, près de 250 étudiants sont inscrits, certains pour accomplir un baccalauréat en art visuel ou en beaux-arts, d’autres pour prendre part à des cours non crédités.

Étant dans un village éloigné, le Campus fait office de lieu de rencontre, assure Martine Galarneau, enseignante depuis quatre ans au Campus Knowlton. «C’est ici que les étudiants viennent travailler. C’est comme une grande maison. Ils font leurs travaux dans les ateliers, ce n’est pas comme aller dans un café pour travailler», dit-elle.

Normal. Quand ton université se compose d’une cuisine, d’une salle de classe, d’une mini-biliothèque et de deux ateliers, un de peinture, l’autre de sculpture, les repères sont plus faciles à trouver. «Il y a un lien d’attachement qui se crée. Quand c’est réconfortant, c’est plus facile de s’approprier l’espace», assure Martine Galarneau.

De tous les âges

Le profil d’étudiants au Campus Knowlton est assez varié. L’enseignante qui prépare ses notes de cours dans les deux langues parlées à Lac-Brome adapte également ses cours à des étudiants qui ont les cheveux poivre et sel.   

«Ça m’impressionne toujours de voir des gens, qui après avoir fait leur carrière, osent poursuivre quelque chose qui les a toujours animés. C’est inspirant», souligne Mme Galarneau qui enseigne également la sculpture au Cégep Saint-Laurent.

Une artiste accomplie   

Jacqueline Lemay-Séguin est la titulaire la plus âgée d’un baccalauréat des Beaux-Arts de l’Université Bishop’s. Grâce au Campus de Knowlton, à 80 ans, elle a obtenu ce qui était pour elle plus qu’un rêve. «Ça m’a pris 10 ans à le compléter. Mais je l’ai fait jusqu’au bout, avec rigueur et avec passion. Je me suis couchée très tard et je n’ai jamais manqué un cours. C’était bien plus qu’un rêve, c’était une nécessité», avoue-t-elle.

Mme Lemay-Séguin a peint toute sa vie. Dans sa résidence à Brossard sont accrochées plusieurs de ses œuvres. Aquarelles, œuvres plus contemporaines. L’artiste a testé maints styles. «Maintenant, je suis dans le contemporain. C’est ce qui m’anime. Mais j’ai tout aimé. J’ai fait de la sculpture pour la première fois au centre et j’ai adoré», dit-elle.

Son passage au Campus Knowlton n’est pas resté inaperçu. Elle a été pour plusieurs collègues une source d’inspiration. Une inspiration également partagée. «Je m’ennuie de l’Université. J’ai rencontré des gens fantastiques. L’amour que j’ai eu pour cet endroit n’a pas de mots. Je n’ai jamais regretté de l’avoir fait même à mon âge», souligne-t-elle.

En plus d’obtenir son baccalauréat, Mme Lemay-Séguin a reçu une médaille pour souligner ses efforts et son accomplissement. Elle expose actuellement à la galerie Symbole Art à Montréal.