Pas de Musique en Vue cette année

ART. Le festival Musique en Vue (MEV) ne s’installera pas au parc Centre-Ville pour sa vingt-quatrième édition en juillet, alors que l’organisation annonce qu’elle suspend la tenue de l’événement. 

La décision de couper court à la fête de cette année a été prise à l’unanimité par les membres du conseil d’administration de l’organisme sans but lucratif (OSBL) derrière la gestion du rendez-vous estival. Les discussions en vue du renouvellement, pour les trois prochaines années, d’un partenariat entre Cowansville et les organisateurs ont achoppé.

«C’est un trop-plein de risques financiers qu’on refuse désormais d’assumer. Nous n’avons pas l’argent pour mettre sur les rails l’édition de cette année. Nous pouvions prendre un risque et nous retrouver à caler davantage et à salir le nom de l’événement; on ne se rendra pas là. Personnellement, j’ai trop de respect pour les artistes et les artisans pour faire une chose pareille», explique le directeur artistique de l’événement, Jean-Charles Lajoie.

L’an dernier, le MEV s’était déroulé sur trois jours au lieu de cinq, un an plus tôt. Le volet off (Musiciens de la rue) avait aussi été retiré de la programmation. Éric Lapointe, Marie-Mai, Alex Nevsky et Misteur Valaire y avaient alors foulé la scène, attirant environ 20 000 spectateurs.   

Une dette de 100 000 $

Le passage de la troupe de Star Académie en sol cowansvillois, en 2012, aura été le coup le plus dur pour l’organisation au cours des récentes années, reconnait le directeur artistique. «Depuis ce temps, nous avons atteint l’équilibre budgétaire et nous dégageons des profits qui nous permettent de rembourser la dette engendrée lors de cette édition.»

Celle-ci ne tiendrait plus qu’à la marge de crédit de l’événement, endossée personnellement par les membres du c.a. «C’est ce qui a fait que l’événement a survécu. On s’est mis les mains dans la machine et on est allé au bat. À partir de là, que peut-on nous reprocher si ce n’est que d’avoir tout fait pour que l’événement fonctionne? Depuis trois ans, on montre patte blanche», estime Jean-Charles Lajoie. «Mais je ressens surtout de la tristesse face à cette décision et je n’ai pas envie de personnaliser le débat.»         

Ce dernier refuse de tirer un trait définitif sur l’événement. «Je souhaite ardemment qu’on puisse avoir de bonnes négociations à l’automne, question d’asseoir sur des bases solides pour une future édition en 2016. Nous refusons de faire nos adieux, c’est bien un au revoir», insiste M. Lajoie.

Le maire Fauteux déçu

En 2010, Cowansville avait conclu un pacte de cinq ans avec l’organisation du MEV. 175 000 des 200 000 $ dollars prévus ont été versés pour soutenir la tenue de l’événement. L’entente, bonifiée d’une somme de 37 500 $ en 2013 pour assurer la pérennité du rendez-vous, venait à échéance à la clôture de la prochaine édition. 12 500 $ ont jusqu’ici été déboursés en 2015.  

La réaction du maire à cette annonce est sans équivoque. «C’est étonnant, mais ça manque de fair-play. Le MEV avait signé une entente pour 2015 et a déjà encaissé de l’argent pour l’édition qui devait se tenir cet été, et là, M. Lajoie vient nous dire qu’ils ne livreront pas. On va voir ce que l’on va faire avec ça», laisse entendre M. Fauteux.

L’organisation du MEV, lors des négociations, demandait une augmentation de l’enveloppe allouée à l’événement culturel. «On a demandé quelle était la plus-value si on ajoutait des deniers publics, et on s’est fait répondre qu’il n’y en aurait pas, que c’était ce que ça coûtait pour tenir l’événement. De rattacher des modifications à l’entente de cette année à celle de 2016-2017-2018, on ne voulait pas se rendre jusque-là. On souhaitait en discuter en temps et lieu.»

Le maire Fauteux ne manque pas de souligner les efforts déployés au fil des ans par les bénévoles. «Je trouve ça dommage, les gens impliqués ont travaillé très fort.»

Il estime toutefois que la Ville ne peut être liée aux décisions passées prises par l’OSBL qui gère le MEV. «Ça ne peut pas se développer tant que les ressources financières de l’année en cours servent à payer des dettes de l’année précédente, comme ce fût le cas lors des trois dernières années. Quand tu te creuses un trou, la première chose à faire, c’est d’arrêter de creuser, ça me semble assez évident.»

Le premier magistrat ne ferme pas complètement la porte à l’idée de renouveler le partenariat dans le futur, à certaines conditions. «On ne compensera jamais la baisse des commandites et des subventions observées au cours des dernières années», avertit-il. La Ville n’entend pas non plus prendre en charge l’organisation de l’événement.