Des effets attendus sur le nombre de commotions cérébrales

BLESSURES. Le coup de barre donné par Hockey Québec, qui a décidé de proscrire les mises en échec au bantam CC et au midget BB, ne semble pas récolter beaucoup d’appuis dans la région. La mesure aura-t-elle les effets souhaités, soit de provoquer une chute du nombre de commotions cérébrales chez les jeunes hockeyeurs? Difficile à prédire pour l’instant; elle fait toutefois l’affaire d’une neuropsychologue, interrogée par JournalLeGuide.com.       

Pour Julie Bolduc-Teasdale, la nouvelle convention tombe à point. «Je trouve que c’est une excellente nouvelle. Les études sont claires, les mises en échec sont associées à un plus grand nombre de blessures et de commotions cérébrales, donc chez les jeunes, c’est un pas dans la bonne direction. Au niveau clinique, ce que l’on voit, c’est que de plus en plus de parents s’inquiètent des impacts d’une commotion cérébrale», explique celle qui a fondé la Clinique de neuropsychologie du sport. C’est également elle qui se cache derrière la création du www.neurotransmission.ca, un site web dédié au partage de connaissances sur tout ce qui touche le cerveau et qui promeut la santé cérébrale.

Il existe bien peu de statistiques recensant les commotions cérébrales subies par les jeunes hockeyeurs, de par la difficulté de catégoriser certains symptômes. Le bilan devrait malgré tout s’en ressentir positivement selon la spécialiste. «C’est certain qu’en diminuant les contacts chez les jeunes, ça va faire une différence au niveau du nombre.» Hockey Québec se pencherait présentement sur le cas du hockey scolaire. «Selon moi, il faudra agir à ce niveau également.» 

Des exemples médiatisés

Les cas de commotions cérébrales fourmillent dans l’actualité, alors que s’allonge la liste des joueurs vedettes affligés dans de nombreux sports. «Quand des modèles et des idoles se sortent et parlent des impacts des commotions sur leur quotidien, c’est clair que ça a un effet sur les jeunes. Mais je ne crois pas qu’il faille attendre que ça vienne que de là. Il y a beaucoup de sensibilisation et de prévention à faire au niveau des parents, des entraîneurs et des jeunes», estime la chercheuse.             

Les commotions peuvent apparaître lors d’un coup porté directement à la tête. Un impact au corps provoquant un mouvement brusque de la tête peut aussi causer cette blessure. Les symptômes, à divers degrés, incluent notamment des étourdissements, des nausées, de la somnolence, de la sensibilité au bruit et à la lumière et de l’irritabilité.

Des recherches effectuées par le Laboratoire de neurosciences du département de kinésiologie de l’Université de Montréal ont déjà démontré l’impact plus grand des commotions chez les adolescents, par rapport aux enfants et aux adultes. Les travaux ont aussi prouvé qu’une seule commotion implique des changements permanents au cerveau. 

Le Québec avant tout le monde 

Plusieurs questions avaient été soulevées lors de l’adoption du règlement bannissant les plaquages au niveau pee-wee, pour lequel le Québec a fait cavalier seul pendant un quart de siècle. Parmi elles, il était notamment avancé que le risque de blessures demeurait plus élevé si le hockeyeur n’apprenait pas les rudiments de la mise en échec plus jeune. Or, une étude de la Dre Carolyn Emery de l’Université de Calgary est venue déboulonner ce mythe. Celle-ci impliquait des hockeyeurs québécois et albertains, où les contacts faisaient toujours partie du jeu dans le pee-wee.

«Ils ont découvert qu’il n’y a pas nécessairement plus de blessures plus tard au niveau des commotions quand la mise en échec est intégrée aux matchs des hockeyeurs», relate Julie Bolduc-Teasdale. La Nouvelle-Écosse et l’Alberta ont décidé en 2013 d’emboîter le pas au Québec en bannissant la mise en échec au niveau pee-wee. Selon le souhait de la spécialiste, des travaux comme ceux-là, pourraient permettre d’étendre cette pratique à l’ensemble des réseaux hockey du pays, accordant un peu plus au Québec un rôle de précurseur.

Des signes avant-coureurs

Le Concussion in Sport group, dans son guide de poche d’outils de dépistage des commotions cérébrales, évoque certains signes qui doivent être pris au sérieux et qui nécessitent une intervention rapide. Celui-ci est endossé par plusieurs organisations sportives, dont Hockey Canada.

-Maux de tête qui prennent de l’ampleur

-Forte somnolence

-Incapacité de reconnaître des personnes ou des lieux

-Vomissements répétés

-Comportement inhabituel, confusion manifeste et grande irritabilité

-Crise ou convulsions (bras et jambes s’agitant de manière incontrôlée)

-Faiblesse ou engourdissement des membres supérieurs ou inférieurs

-Instabilité en position debout et élocution laborieuse

Retour au jeu

Un protocole de retour à l’activité sportive, qui se décline en six étapes, est recommandé par l’Association québécoise des médecins du sport et le Conseil de médecine du sport du Québec. On y précise que les symptômes doivent s’être dissipés depuis au moins 24 heures.  

1- Repos (éviter tout type d’activité physique ou intellectuelle)

2- Exercice léger en aérobie (marche ou vélo stationnaire)

3- Activité sportive pratiquée à faible intensité (course, patinage, lancers, etc.)

4- Exercices d’habileté d’intensité moyenne et sans contact. Exercices de musculation entrepris progressivement.

5- Retour aux entraînements réguliers, incluant la possibilité de contact

6- Retour au jeu ou à l’activité sportive

Source: Ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche