569 Gardangeois protestent contre l’achat d’un terrain

L’acquisition par la Ville d’Ange-Gardien d’un terrain sur la rue Saint-Georges suscite la grogne au sein de cette communauté de 2 420 habitants. Près du quart de la population a signé une lettre de protestation qui a été déposée, hier soir, à l’assemblée mensuelle du conseil municipal.

 

«Les citoyens ne se sont pas fait prier pour signer la lettre. Trois semaines ont suffi pour recueillir les 569 signatures. (…) Ce n’est plus ma lettre à moi, les citoyens se l’ont appropriée», signale Julie Dufour, co-instigatrice de la pétition.

 

La mairesse, Odette Ménard, a accepté de recevoir la missive, mais a préféré ne pas la commenter avant d’en avoir pris connaissance de long en large.

 

«Comme le document n’a pas été déposé à l’avance, comme le veut la procédure, il est difficile pour les élus de se prononcer à brûle-pourpoint. Nous allons étudier le texte de la lettre et prendre le temps d’y répondre», indique la mairesse.

 

La façon de procéder
Les auteurs de la lettre de protestation reprochent aux autorités municipales d’avoir pris un «moyen détourné» pour parvenir à leurs fins. Ils rappellent que le projet de règlement d’emprunt de 190 000 $ permettant l’achat du terrain de la rue Saint-Georges avait été désavoué par la population en mai dernier. Quelque 329 citoyens s’étaient alors déplacés à l’hôtel de ville pour signer le registre, forçant du même coup la municipalité à retirer son projet.

 

La mairesse Ménard voit les choses autrement et estime que les signataires du registre n’étaient pas contre le projet, mais désapprouvaient plutôt le mode de financement (règlement d’emprunt) retenu par le conseil municipal.

 

Elle croit par ailleurs que la distribution d’une lettre anonyme imprimée sur du papier de couleur jaune, quelques jours avant la tenue du registre, avait semé la confusion au sein de la population.

 

«Vous avouerez que la phrase un registre sera tenu pour entériner le projet, inscrite dans la lettre anonyme, prête à confusion», lance la mairesse.

 

Éric Ménard, l’autre co-instigateur de la pétition, fait une toute autre lecture de la situation. Il affirme que «les citoyens sont inquiets face aux projets que le conseil municipal semble vouloir implanter à tout prix, malgré une opinion publique largement défavorable».

 

Les auteurs de la pétition digèrent mal la décision de la Ville de financer l’achat du terrain de la rue Saint-Georges à même ses réserves.

 

«Plutôt que d’aller en règlement d’emprunt (…), vous avez plutôt choisi de concrétiser votre projet en puisant à même le surplus accumulé de la municipalité, une méthode ne nécessitant pas l’appui de la population gardangeoise. (…) Un surplus accumulé devrait être utilisé pour gérer les urgences et non pour réaliser des projets controversés», affirme M.Ménard.

 

Le bien-fondé du projet
La majorité des membres du conseil d’Ange-Gardien estime que la municipalité manque d’espaces verts et de lieux de réunion. Les élus font valoir que le terrain de la rue Saint-Georges a été acquis à un prix inférieur à sa valeur sur le marché et qu’il gardera une bonne valeur quoi qu’il advienne.

 

La municipalité n’aura aucune difficulté à s’en départir si besoin est et pourrait même le revendre à profit.  La Ville de Chambly a réalisé un profit de 3 M $ en 2011 avec la revente de terrains. La Ville de Granby a également fait une bonne affaire en revendant une partie des terres Miner pour 8 M $», signale la mairesse.

 

Cette dernière ajoute que la hausse de la population et l’arrivée de jeunes familles obligent la municipalité à se doter de nouvelles infrastructures.
«Ange- Gardien a bien un parc de soccer et le parc Coulicou, mais ça s’arrête à peu près là. L’acquisition du terrain de la rue Saint-Georges nous permettra de remédier à la situation», plaide Mme Ménard.

 

Le conseil municipal verrait d’un bon œil la construction d’un centre communautaire et l’aménagement de facilités récréatives (des jeux d’eau, terrain de balle, patinoire, skate park par exemple) sur la rue Saint-Georges. Les élus s’engagent toutefois à procéder par étapes, avec l’accord de la population. Ils auront notamment recours aux services d’un aménagiste pour les assister dans cette démarche.

 

«Nous allons monter le projet, le présenter à la population, organiser une soirée de consultation publique et tenir un référendum (si nécessaire). Tout sera fait dans les règles de l’art, mais encore faut-il nous donner la chance de mettre les choses sur papier», assure la mairesse d’Ange-Gardien.

 

Certains citoyens ne voient pas la nécessité, ni même l’utilité de nouvelles infrastructures. Ils soutiennent que le budget des familles est de plus en plus serré et que plusieurs souhaitent simplement vivre dans un village paisible, où les taxes sont raisonnables et les services de qualité «sans être exagérés».

 

D’autres encore allèguent que la population a déjà accès à un parc municipal qui suffit largement aux besoins. À leurs yeux, l’implantation d’un parc écologique au lac Bleu (un projet élaboré par un organisme sans but lucratif mais soutenu par la municipalité à hauteur de 25 000 $) n’a pas non plus de raison d’être.

 

«Les citoyens qui souhaitent marcher plus que quelques minutes (…) peuvent se rendre au lac Boivin à Granb. Ceux qui désirent pratiquer une activité sportive peuvent profiter de la piste cyclable et de la halte du rang Saint-Georges.», affirment, en substance, les signataires de la lettre de protestation.