Un enfant attaqué par deux bêtes

Un enfant de huit ans aurait été mordu par deux loups, le 28 août dernier, sur le terrain d’une résidence privée, à Sainte-Brigide-d’Iberville. La Sûreté du Québec a ouvert une enquête.

C’est avec une voix chevrotante que Vanina Provost, la mère de Dimitrios, huit ans, raconte les événements qui auraient pratiquement mené à l’amputation de son garçon. «Je travaillais pour les propriétaires. J’ai amené mon fils parce que mon mari ne pouvait le garder cette journée-là», explique-t-elle, en entrevue téléphonique avec l’AvenirEtDesRivières.com.

Alors que le propriétaire de l’endroit, Stéphane Mireault, se serait employé à nourrir les deux bêtes dans un enclos grillagé, Mme Provost et son garçon se seraient tenus à une vingtaine de pieds de là. «On voyait bien, mais de loin. Il donnait à manger aux loups et essayait de bloquer la porte avec une planche, mais la louve a passé et elle s’est garrochée sur mon fils», raconte tant bien que mal la maman. Dimitrios serait alors violemment tombé sur le sol.

Comparant sa vision à un film d’horreur, elle précise qu’elle aurait porté secours à son enfant. «Je l’ai pris dans mes bras. J’essayais de tirer mon fils, mais ça ne marchait pas. Je me suis rendu compte que le loup mâle avait réussi à passer et tenait la jambe de Dimitrios dans sa gueule. Il tirait mon fils de son côté. Le propriétaire a frappé son loup à coups de 2×4 et a ensuite fait une manœuvre de strangulation pour qu’il lâche prise. Si je lâchais mon fils, il le mangeait.»

Mme Provost se serait ensuite rendue à l’intérieur de la résidence pour prendre connaissance des blessures de son fils. «La propriétaire m’a dit de ne pas appeler d’ambulance, que ce n’était pas grave. Dimitrios était blanc comme un drap. J’ai communiqué moi-même avec les services d’urgence. C’est là que les deux propriétaires m’ont dit de dire que c’était un chien errant qui avait mordu mon fils, qu’ils ne voulaient pas être dans le trouble avec leurs loups.»

Blessé du côté gauche du visage et à la jambe gauche, Dimitrios aurait été hospitalisé jusqu’au 7 septembre dernier. Selon sa mère, il serait passé près de l’amputation. Même s’il a obtenu son congé de l’hôpital, il doit s’y rendre aux deux jours pour changer ses pansements. «Il a besoin d’un suivi psychologique. Il craint de sortir et il n’a pas commencé l’école», ajoute Vanina Provost, qui réside à Brossard. Cette dernière a fait appel à un avocat en plus d’avoir déposé une plainte à la Sûreté du Québec de la MRC Haut-Richelieu.

Des bergers tchécoslovaques?

Stéphane Mireault, le propriétaire des bêtes s’est refusé à tout commentaire lorsqu’il a été contacté, mercredi après-midi, par l’AvenirEtDesRivières.com. Il a seulement précisé que ce n’était pas des loups, mais «des bergers tchécoslovaques».

Le responsable de la Société protectrice des animaux (SPA) des Cantons, Carl Girard, a été appelé pour faire la lumière sur ce dossier. «Je suis allé sur les lieux. L’enclos est sécuritaire», allègue-t-il. Ce dernier a communiqué avec le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) et ses interlocuteurs lui auraient précisé qu’en 2009, le MRNF serait intervenu à cet endroit. Le propriétaire aurait fourni des papiers d’importation de même que des papiers faisant état de la vaccination des bêtes. Le MRNF aurait aussi conclu que ce serait des chiens-loups tchécoslovaques. Il s’est aussi rendu sur les lieux, le 6 septembre dernier, pour rencontrer le propriétaire. Il n’a cependant pas été capable d’approcher les animaux. «Ils ne me laissaient pas approcher», dit-il.

«Le problème, dans cette histoire, c’est que la victime et le témoin allèguent que ce sont des loups sauvages, ajoute Carl Girard. Dans cette histoire, il y a des points précis qui ne concordent pas. Est-ce que c’est la victime ou le propriétaire le menteur? Je ne peux pas le dire. Personnellement, je dis que l’enclos est sécuritaire.»

Pour appuyer ses dires, il précise que l’enclos est muni d’un maillage solide, d’un verrou sécuritaire, de deux portes avant d’atteindre la porte de l’enclos de même qu’un grillage qui couvre toutes les surfaces de l’abri. «Mes conclusions de cette histoire? Le problème n’est pas réglé. Il aurait fallu aller plus loin. Ça aurait pris une analyse d’ADN pour véritablement savoir s’il s’agit de loups ou de chiens.»