La maladie, une source de motivation

Guy Vincent, résidant de Shefford et propriétaire de l’usine d’ameublement de bureau Inotec de Farnham, n’avait pas 50 ans quand le médecin lui a annoncé qu’il était aux prises avec un myélome multiple. Son combat contre le cancer dure depuis quatre ans et a littéralement changé sa vie. Il a notamment devancé de nombreux projets personnels ou familiaux et prépare déjà la relève au sein de son entreprise. Portrait d’un combattant.

«Le myélome multiple est une maladie incurable et mortelle. Ce type de cancer s’attaque généralement aux aînés de 70 ans et plus, rarement aux gens de 50 ans et moins (de 5 % à 10 %). J’en avais à peine 47 quand j’ai appris la terrible nouvelle», précise le principal intéressé.

Le diagnostic est tombé en décembre 2008, après 18 mois d’investigation et une deuxième biopsie.

Un traitement coûteux

Le myélome multiple est relativement rare et ne compte que pour 1 % de tous les cancers au Canada. On découvre environ 1 200 nouveaux cas par an au pays.

«J’ai été surpris d’apprendre que mon médecin de famille n’avait encore jamais connu de patient aux prises avec cette maladie», indique l’homme d’affaires.

Guy Vincent a reçu des traitements de chimiothérapie avant de faire l’essai d’un médicament qui venait tout juste de faire son apparition sur le marché.

«Ma médication me coûte 140 000 $ par an. À 10 000 $ pour 21 pilules (500 $ l’unité), ça monte vite!», ajoute le quinquagénaire originaire de Dunham.

Et comme si ce n’était pas déjà assez, ce dernier prend également des stéroïdes, une fois par semaine, pour stimuler son système immunitaire.

Guy Vincent a fait 90 aller-retour entre Farnham et Sherbrooke en quatre ans pour y rencontrer le docteur Richard Leblanc, un hématologue de grande réputation rattaché jusqu’à tout récemment au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS). Le malade voit maintenant son médecin aux quatre mois.

«J’ai été chanceux dans ma malchance, car le myélome multiple peut être fatal en deux ou trois mois. À date, le médicament est efficace et, mon état, relativement stable. Il y aura peut-être des moments plus difficiles, mais pour l’instant tout va bien. Je suis en santé, avec un cancer…», résume-t-il.

Aider les autres

Au lieu de s’apitoyer sur son sort, Guy Vincent a décidé de se battre et d’aider ses pairs. En 2009, il a notamment mis sur pied le groupe d’entraide Myélome Estrie et créé un compte Facebook qui permet aux malades de communiquer entre eux. On lui doit également une trentaine de vidéos (16 en version française et 16 en version anglaise), dans lequel il parle de son cheminement et fait œuvre de vulgarisation. Ces vidéos sont disponibles sur You Tube.

«Je suis passé par toute la gamme des émotions, mais j’ai fini par m’en sortir. Quand on lutte contre la maladie, l’attitude est sans doute plus importante que tout le reste. Ne dit-on pas qu’un esprit sain bâtit un corps sain?», poursuit-il.

Guy Vincent a également pris conscience que la vie est courte.

«J’ai décidé de vivre l’instant présent et de <I>focusserI> sur l’essentiel. J’ai voyagé, acheté un motorisé, sauté en parachute et rénové ma maison avec l’aide d’un beau-frère. Si je n’avais pas été malade, je n’aurais sans doute pas réalisé ces rêves avant l’âge de 60 ans», précise-t-il.

Un éternel optimiste

Malgré la maladie, Guy Vincent n’a jamais cessé de travailler – à part quelques après-midi nécessaires aux traitements – et est au boulot tous les matins dès la première heure.

L’homme d’affaires souhaite commencer à ralentir le rythme dès cette année en travaillant sur une base de quatre jours/semaine et en s’accordant huit semaines de vacances. Un voyage en famille sur la côte ouest américaine est notamment prévu.

Après avoir lancé une entreprise dans l’Ouest Canadien, en 1980, avec l’un de ses frères, Guy Vincent a pris un nouveau départ en 1995 avec le lancement d’Inotec Industries, dans les anciens locaux de Filaments Yamaska, rue Racine à Farnham.

«Ça valait le coût de s’établir au Québec, car les matières premières proviennent d’ici, le loyer est plus abordable que dans l’Ouest et la main-d’œuvre plus diversifiée tout en étant moins coûteuse», résume M.Vincent.

Ce dernier reconnaît que les années 2009 à 2011 n’ont pas été faciles pour les entreprises manufacturières, mais voit maintenant la lueur au bout du tunnel et entrevoit une bonne année en 2013.

«Je suis un éternel optimiste, sinon je ne serais pas en affaire. D’ailleurs, ça doit être de famille, car mes huit frères et sœurs sont tous en affaires eux aussi», ajoute-t-il, à la blague.

L’arrivée de sa fille Jennifer au sein d’Inotec Industries, en 2011, a également permis à Guy Vincent d’entrevoir l’avenir avec encore plus d’optimisme et de mieux planifier la suite des choses. La jeune femme de 21 ans s’occupe du service à la clientèle, prépare les soumissions et effectue la mise à jour du site Web de l’entreprise.

Inotec Industries compte douze employés, huit d’entre eux étant affectés à la production et les quatre autres à l’administration.