Encore populaire le baptême

Même si les croyances religieuses disparaissent peu à peu des mœurs, le baptême est encore largement pratiqué. Dans la région, le nombre de célébrations est relativement stable depuis les dix dernières années, ce qui n’empêche pas certaines paroisses de connaître un véritable «boom», alors que dans d’autres églises, ce sacrement est délaissé.

Entre 2003 et 2012, le nombre de baptêmes est passé de 792 à 779, une légère baisse de 1,6%, selon des données fournies par le diocèse de Saint-Hyacinthe. Durant cette période, deux pointes de 848 cérémonies ont été enregistrées en 2005 et en 2007.

Globalement, le nombre de baptêmes est stable dans l’ensemble des 19 paroisses répertoriées dans la région, mais quatre d’entre elles se démarquent avec une importante variation. À l’église Saint-François-Xavier à Bromont, les célébrations ont augmenté de 27,7% en dix ans pour passer de 130 à 166. Et 2008 est synonyme de record avec 181 baptêmes célébrés dans cette église, une hausse de 39,2% par rapport à 2003. C’est d’ailleurs dans cette paroisse que l’on compte le plus grand nombre de baptêmes célébrés dans la région au cours des dix dernières années, soit 1460.

L’autre paroisse de Bromont, Saint-Vincent-Ferrier, a connu une augmentation de 137,5% entre 2003 et 2012, passant de 8 à 19 baptêmes, avec une pointe de 22 célébrations en 2011.

La paroisse Immaculée-Conception, située à Granby, a aussi connu une fulgurante (et constante) hausse. Si en 2003, 33 baptêmes ont été célébrés, l’an dernier 91 personnes ont reçu ce sacrement, un impressionnant bond de 175,8% en dix ans. Parallèlement à cette statistique, les cérémonies du baptême sont passées de 77 en 2003 à 42, l’an dernier à la paroisse St-Joseph, toujours en sol granbyen. Une chute de 45,4%.

Serge Pelletier, curé de trois paroisses à Granby, constate une légère baisse des baptêmes depuis quelques années. «Pour les trois paroisses, nous baptisons environ 200 enfants par année. C’est un peu moins qu’au moment de mon entrée en poste il y a trois ans», explique-t-il.

Par ailleurs, le curé a remarqué que chaque année, une vingtaine de personnes souhaite recevoir le sacrement de la confirmation. Par choix, selon divers motifs personnels tels que le mariage ou l’octroi du statut de parrain ou marraine, ces adultes demandent de recevoir ce sacrement qui confirme leur statut de catholique.  

 

 

Changement de pratique

Même si les parents d’aujourd’hui continuent à faire baptiser leurs enfants, les communautés catholiques doivent s’adapter aux demandes reçues dans les paroisses. Selon Danik Savaria, curé à Cowansville, Lac-Brome, Sutton, Abercorn, Freligshburg, Dunham et Brigham, la tradition du baptême n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui.

«Il y a plusieurs centaines d’années, le baptême se vivait dans un bain public qui ressemblait à une piscine. Il y avait deux escaliers: une à l’est et l’autre à l’ouest. Les gens arrivaient du côté ouest, là où le soleil «meurt». Cette étape était très symbolique, car ceci signifiait que les gens renonçaient à leurs vies anciennes», explique M. Savaria.

Les baptisés étaient intégralement baignés trois fois sous l’eau pour ensuite sortir du bassin par l’escalier situé du côté est. En procédant ainsi, ils se dirigeaient vers une nouvelle foi. Ceci symbolisait «je meurs à ma vie ancienne pour renaître à une nouvelle vie», ajoute le prêtre.

M. Savaria explique que c’est à partir du règne de Théodose (empereur romain de 379 à 395) que les Occidentaux devinrent en majorité chrétiens. Ce christianisme de masse exigeait le baptême des enfants dès leur naissance, puisque cette religion leur était imposée. «Encore aujourd’hui, c’est dans nos traditions de baptiser les enfants en jeune âge», témoigne-t-il. Ce qui n’est pas une pratique approuvée par tous.

 

 

Baptisé pour les «bonnes raisons»

Pour plusieurs, la célébration du baptême fait partie d’une culture et d’une tradition familiale. C’est une façon de souligner officiellement la naissance de l’enfant.

D’après Diane Therrien, responsable de la pastorale du baptême à l’église Ste-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus à Cowansville, les parents ont souvent tendance à vouloir «équiper» leurs enfants du mieux possible. Par exemple, sans nécessairement avoir une foi catholique, de nombreuses familles baptisent leurs enfants pour que ceux-ci puissent se marier dans une église catholique rendue à l’âge adulte, s’ils le désirent.

L’équipe de la pastorale de cette communauté s’est adaptée aux réalités de son époque. «Certains parents décident de ne pas baptiser leurs enfants après une rencontre. Ceux-ci découvrent que le sens du baptême ne concorde pas avec leurs croyances. Notre but est d’éveiller les besoins et les motivations des jeunes parents. Nous ne sommes pas là pour avoir plus d’adeptes», souligne Mme Therrien.

«Je demande souvent aux parents: allez-vous acheter un équipement de hockey à votre enfant au cas où il joue dans une équipe plus tard? C’est la même chose avec le baptême. Si les parents le font sans motif valable, je leur conseille de laisser leurs enfants choisir plus tard», conclut cette dernière.

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