Le Camp Garagona: l’autre camp de jour estival

Nombreux sont ceux qui ont fréquenté un camp de jour à titre de participants ou même de moniteurs. Ces sites de vacances accueillent généralement des dizaines voire des centaines de jeunes afin de les divertir au cours de la saison estivale. Or, dans Brome-Missiquoi, cette option s’adresse à un public plus large. Depuis plus de 40 ans, le Camping Garogana de Frelighsburg reçoit des campeurs adultes vivant avec une défiance intellectuelle. Les moniteurs du camp vivent une tout autre réalité au quotidien.

Situé aux abords du village de Frelighsburg, le camp Garagona est un organisme sans but lucratif fondé en 1969. Le camp spécialisé est disposé à accueillir des adultes aux prises avec une déficiente intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme. Une majorité de la clientèle qui fréquente l’organisme provient de milieux défavorisés financièrement.

«Le Camp Garagona est différent des autres camps, tout d’abord parce que notre clientèle est différente. Ce sont des adultes. Notre campeur aîné à 78 ans. Ce sont des enfants, pris dans des corps d’adultes», explique Nicholas Brien, directeur général du Camp Garagona.

«Le camp est divisé en quatre groupes, selon la déficience des campeurs. Le «groupe un» est constitué de personnes très indépendantes et le «groupe 4» est formé des gens avec des cas plus lourds. Pour travailler ici, il faut avoir les yeux et les oreilles ouverts, une ouverture d’esprit et de la patience», indique M. Brien.

Chaque jour, 75 campeurs séjournent sur le site du camp, près du village de Frelighsburg. Pas moins de 35 employés mettent la main à la pâte afin d’offrir un séjour profitable aux visiteurs.

«Tous les moniteurs ont une formation d’une semaine avant le début du camp. La formation donne le cours de premiers soins et d’autres formations plus spécifique pour notre clientèle. La plupart de nos éducateurs étudient déjà dans le domaine, comme en éducation spécialisée. Les personnes qui travaillent à l’infirmerie, quant à eux, sont finissants en soins infirmiers», spécifie le directeur général.  

Chaque jour, les moniteurs du Camp Garagona doivent s’attendre à gérer des crises. Ces derniers ne doivent pas seulement animer des ateliers. Les moniteurs doivent dormir sur le site afin de s’assurer que les campeurs sont en sécurité. «Le moniteur se lève vers 7h15 avec ces campeurs. On les habille. Si certains ont des incontinences, on nettoie tout ça. Ensuite, les campeurs vont déjeuner. Ils prennent leur douche. Ils ont de petites responsabilités, donc ils rangent leurs cabines. Ensuite, ils vont suivre leurs ateliers, ils ont une période de relaxation en fin d’après-midi et ont fait d’autres activités en soirée», énumère Gabriel Leduc, chef de camp.

«Les campeurs peuvent avoir des crises d’angoisse, il peut aussi s’ennuyer de la maison… Un bruit peut les perturber. Les moniteurs doivent toujours être alertes», ajoute M. Leduc.

Un camp aux orientions artistiques

Le Camp Garagona est le seul camp spécialisé en art pour la clientèle touchée par une déficiente intellectuelle au Québec. La mission de l’organisme est fort simple: offrir des vacances enrichissantes et stimulantes aux campeurs, tout en offrant un répit aux parents et familles d’accueil qui en ont besoin.

Il y a plus d’une dizaine d’années, le camp Garagona a adopté une orientation spécifique, soit les arts. Les arts plastiques, la danse, la musique et le théâtre sont actuellement au cœur des activités quotidiennes des campeurs. La programmation en art adaptée par le personnel du camp permet à chacun de s’accomplir et de s’exprimer sans les limites habituelles du langage.

«La journée est divisée en quatre et chaque groupe fait quatre activités. Dans une journée, le campeur va faire un atelier de théâtre, un de musique, un de danse et une période à la piscine», indique M. Brien.

Des campeurs comblés

«Les activités de soirée. On fait du théâtre. Notre monitrice a écrit une pièce et nous allons la jouer. Dans la pièce, nous sommes dans un cirque. Je suis un clown et j’ai des pouvoirs magiques. Je vais transformer quelqu’un en chien», raconte Lyne, qui s’est récemment découvert une passion pour le théâtre et l’improvisation.

Dans le cours d’art plastique, cette dernière, accompagnée de ses coéquipiers, a créé des masques qui serviront de costumes pour la pièce. Lyne explique en détail, tout le travail qu’elle a réalisé afin de créer des masques multicolores.

«Nous avons trempé nos mains dans la gouache et avons fait des masques», explique-t-elle en faisant des cercles avec ses doigts.

«Moi ce que je préfère, c’est le tamtam. Lorsqu’on joue de la musique, je danse aussi», confie Martin. En période de canicule, ce dernier ne se cache pas pour expliquer que la piscine est fortement appréciée.