Encourager Haïti, une tasse à la fois

Haïti compte 200 000 producteurs de café. Afin de les encourager à se regrouper sous forme de coopératives, l’Association québécoise pour l’avancement des Nations Unies (AQANU) Granby et région vend du café haïtien et retourne le profit de ses ventes dans ce pays secoué par les tragédies. Elle s’est aussi liée avec la coopérative nOula, qui a initié une base de données pour répertorier les producteurs dans le but qu’ils créent des réseaux avec des acheteurs internationaux.

La première phase de ce répertoire de la filière café haïtienne permettra de faciliter la communication des producteurs entre eux et avec les acheteurs nationaux.

Il a été dévoilé le 29 novembre à Thiotte, en Haïti, lors d’un événement organisé par Kore Kafe, un programme d’appui à la relance de la filière café.

Actuellement, 25 000 producteurs sont organisés.

«nOula importe le café d’Haïti au Québec, transforme et distribue le café depuis 2006. Là-bas, les terres sont fertiles et productives, et il ne manque que des liens économiques et humains pour que leurs produits soient distribués de manière équitable. Ce n’est pas de la charité, ni de l’aide humanitaire : c’est du commerce», explique le président de nOula, Jean-Christophe Stefanovitch, qui était de passage à Granby lundi.

«Notre vision, c’est que cet argent vient d’eux et qu’il y retourne pour le développement durable», enchaîne le coordonnateur d’AQANU Granby et région, Pierre Boisclair.

L’organisme local a choisi de se lier à cette cause parce qu’il croit que le mouvement coopératif est un moyen efficace pour sortir les paysans haïtiens de l’isolement et de la pauvreté.

L’île d’Haïti est composée à 80% de montagnes, où le café pousse.

«Il n’y a pas de route pour se rendre, et les conditions dans lesquelles se trouvent ces gens-là, à cinq, six heures de marche, sont très difficiles. Ils sont isolés, souvent analphabètes, et ils effectuent un travail colossal», explique M Stefanovitch.

«Ce pays est complètement dévasté. On parle de moins de 4% de bois restant. Le café vaut plus cher que le charbon de bois !», illustre Pierre Boisclair.

Un achat aux multiples bienfaits

Depuis deux ans, AQANU Granby et région achète le café «vert» torréfié par nOula en sac de 120 livres.

Il l’achemine à l’atelier du CRDI-Montérégie Est (Centre de réadaptation en déficience intellectuelle), où le café est moulu et ensaché selon les commandes.

Les vendeurs sont les membres de l’AQANU, qui distribuent bénévolement le café auprès des acheteurs.

Chaque sac d’une livre coûte environ 10$ à produire, et il se détaille 15$.

Chaque 5$ est envoyé directement en Haïti.

«C’est une vraie solidarité internationale que de relancer la filière agricole avec un partenaire d’égal à égal», fait valoir Jean-Christophe Stefanovitch.

«Acheter notre café, c’est aussi partager une vision du développement afin de donner du travail, de se prendre en main et de se responsabiliser. Nous devenons tous un des chaînons du développement durable en Haïti. C’est un choix économique, politique et humain», souligne Pierre Boisclair, qui affirme fièrement avoir reçu un chèque de 2000$ de la fondation de Régine Chassagne, du groupe Arcade Fire, très sensible à cette cause.

Pour se procurer du café d’Haïti, il suffit de passer sa commande à l’AQANU Granby et région par courriel (aqanugranby@gmail.com) ou en téléphonant à l’un des membres (la liste est disponible sur leur page au www.aqanu.org)

Un dîner haïtien se tiendra le 23 février, à midi, à la paroisse Saint-François-Xavier de Bromont (rue Shefford). Jean-Christophe Stefanovitch sera l’invité d’honneur. Le coût est de 20$ par adulte, 10$ pour les enfants de 5 à 12 ans et c’est gratuit pour les moins de 5 ans. 

Pour réserver sa place: aqanugranby@gmail.com ou 450 266-1031.