Les postes frontaliers, première ligne de défense du Canada

SÉCURITÉ. La surveillance de la frontière canado-américaine est considérée comme un service essentiel en période de pandémie et les douaniers mettent tout en œuvre pour faire appliquer les consignes gouvernementales visant à protéger la population contre le coronavirus.

Le président du Syndicat des douanes et de l’immigration (SDI), Jean-Pierre Fortin, reconnaît que la situation est exceptionnelle et que le pays fait face à «un ennemi» contre lequel il n’a pas l’habitude de lutter.

Près de 75 agents douaniers sont mis à contribution aux postes frontaliers de Philipsburg, Morses Line, Frelighsburg, East Pinnacle et Abercorn pour contenir l’entrée en sol canadien des touristes étrangers et détecter les personnes atteintes de la COVID-19.

«Compte tenu de la situation, le gouvernement a dû augmenter les effectifs et avoir recours à du surtemps, tout spécialement durant le week-end», signale M. Fortin.

L’arrivée massive et précipitée des Canadiens ayant passé l’hiver en Floride (snowbirds) n’est évidemment pas étrangère à la situation.

«En temps normal, leur retour s’échelonne sur une période de sept à huit semaines, de la mi-mars à la fin avril. Cette année, ils reviennent un mois plus tôt… et tous en même temps. C’est du jamais vu!», explique le président du syndicat national qui cumule 37 ans de service.

Les agents des petits postes frontaliers travaillent généralement en équipes de deux ou trois personnes par quart de travail. À Saint-Armand, deuxième poste en importance au Québec après Lacolle, on dénombre deux équipes de cinq ou six personnes par quart de travail pour un total de dix ou douze. Le premier groupe surveille l’arrivée des automobilistes alors que l’autre prend en charge les camionneurs.

Vérifications particulières

Les douaniers ont notamment pour tâche d’informer les citoyens canadiens de retour au pays sur la période de quarantaine imposée par les autorités gouvernementales et de détecter les individus porteurs du virus.

«Les agents questionnent les voyageurs et les camionneurs sur leur état de santé, vérifient s’ils ont la toux ou s’ils semblent fiévreux. Les personnes qui présentent des signes d’infection sont isolées avant d’être prises en charge par les autorités compétentes», indique M. Fortin.

Ce dernier précise que les membres du personnel sont entraînés pour détecter les voyageurs malades.

«En période de pandémie, le jugement d’un douanier est beaucoup plus fiable qu’une inspection visuelle et sonore effectuée à distance par un employé posté à Hamilton, Ontario», ajoute le syndicaliste, en faisant allusion au système électronique implanté au poste de Morses Line dans le cadre d’un projet-pilote avant d’être abandonné ailleurs au pays par le gouvernement fédéral.

Les agents disposent de certains pouvoirs et peuvent notamment déterminer si l’entrée au Canada, dans le contexte de fermeture des frontières, est justifiée ou pas.

«Les Américains qui viennent magasiner, visiter un proche ou faire du tourisme ne sont plus admis jusqu’à nouvel ordre», prend soin de rappeler M. Fortin.

Protection des douaniers

Pour aider les agents des postes frontaliers à remplir leur mission tout en se protégeant contre la COVID-19, les autorités ont choisi de leur fournir des masques, lunettes et gants de protection.

«Il faut bien comprendre que si les douaniers tombent malades et ne peuvent plus remplir leurs fonctions, ça peut créer une brèche dans la protection des frontières», insiste M. Fortin.

Le syndicat a par ailleurs demandé et obtenu du ministre Bill Blair, responsable de la Sécurité publique, un resserrement des règles d’admission au Canada.

«En interdisant l’accès aux demandeurs d’asile qui se présentent sur le chemin Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle, le gouvernement a démontré qu’il était préoccupé par la santé des arrivants et celle des douaniers», reconnaît le président du SDI.

Le syndicat a également réclamé que les douaniers soient reconnus comme des premiers répondants, au même titre que les policiers et les ambulanciers. De source syndicale, on laisse entendre que le ministre Blair n’aurait pas encore pris de décision et continue d’évaluer la pertinence de cette demande.

«En obtenant un statut permanent de premiers répondants, nos agents seraient traités en priorité lors de la distribution de matériel de protection (gants, masques, etc.)», explique M. Fortin.

Ce dernier ajoute que le moral des troupes est bon, mais reconnaît que les douaniers ne sont pas sans savoir qu’ils font face à un risque plus élevé que bon nombre de leurs concitoyens.