Un avenir incertain pour l’église Saint-Simon d’Abercorn

PATRIMOINE. L’évêché de Saint-Hyacinthe a pris la décision de mettre sur le marché l’église Saint-Simon, un bâtiment construit en 1840 à Abercorn. Si la Municipalité a refusé dans les derniers mois de sonder sa population sur le futur de l’église, de regarder la possibilité d’en faire l’acquisition et de donner un appui moral à la Fabrique de l’église pour en faire un centre communautaire, un groupe de citoyens a pris la responsabilité de consulter la population via un questionnaire.

Une lettre a été envoyée aux résidents de la petite municipalité d’environ 400 âmes afin de déterminer son intérêt à ce que l’église soit achetée par un organisme à but non lucratif.

«Nous sommes quelques individus qui cherchons à connaître l’opinion de l’ensemble de notre population concernant la conservation de l’église Saint-Simon, a souligné un des membres du groupe citoyen, Alain Sylvestre, un ancien élu municipal, qui avait justement démissionné, entre autres, en raison des dissensions dans le conseil à propos de l’église. L’église Saint-Simon, pour nous tous, ça fait partie de notre patrimoine. Pour notre petite communauté, c’est un bien d’importance situé stratégiquement au milieu du village, tout comme l’église anglicane ou l’école rouge.»

Si les détails de l’acquisition par un OBNL ne sont pas ficelés, la consultation se veut simplement un sondage d’intérêt à garder le bâtiment pour la communauté, soutient M. Sylvestre.

«Quand les citoyens eux-mêmes se prononcent sur différents sujets, il est difficile de ne pas tenir compte de l’opinion des gens, surtout quand cette opinion-là n’est pas le résultat d’un, de deux, de trois ou de dix individus, mais d’un pourcentage important de la population indépendamment de la souche, anglophone ou francophone», affirme l’ex-conseiller.

Une étude avait été commandée par l’Association de la culture et du patrimoine d’Abercorn (ACPA) sur l’état de trois bâtiments patrimoniaux, l’église anglicane, la petite école rouge et l’église Saint-Simon.

«Il y avait des frais assez importants, environ 250 000 $, à mettre sur l’église Saint-Simon pour qu’elle soit en parfait état, se rappelle le maire d’Abercorn, Guy Gravel. Il n’y avait pas de choses urgentes, mais des choses que, dans le temps, tu voudrais rénover. Il y avait la fournaise à changer éventuellement, les tuiles d’amiante au plancher, il fallait les enlever et les remplacer. Ce sont toutes des choses qui faisaient un montant assez important.»

Conseil

Les dissensions dans le conseil municipal se sont fait sentir, menant même à la démission d’Alain Sylvestre l’été dernier.

«Certains conseillers et moi-même avions demandé de faire un sondage à savoir si la population serait intéressée à ce que la Municipalité acquière l’église Saint-Simon pour la transformer en centre communautaire, a rapporté le maire Guy Gravel. Les démarches avaient été entreprises, une firme avait préparé un sondage et, dans le processus, des conseillers ont dit non et voulaient impliquer les trois bâtiments. Ce n’était pas dans mon intention.»

Les conseillers avaient par la suite refusé de tenir un sondage et l’idée s’est retrouvée tablettée.

«Nous voulions absolument consulter la population sur ce qu’elle voulait faire de l’église Saint-Simon, strictement une consultation, a relaté Alain Sylvestre. Des conseillers ont viré de bord et ont dit qu’ils ne voulaient pas de consultation et que la population n’en voulait pas plus. Pour moi, c’est totalement antidémocratique. Le fait de consulter les gens, c’est l’exercice le plus simple et le plus pur de la démocratie.»

Plus récemment, la Fabrique de l’église Saint-Simon a contacté au mois de mars la Municipalité afin d’avoir un appui moral de sa part pour le projet de centre communautaire.

«La Fabrique nous a envoyé une lettre pour avoir une lettre d’appui pour que la Fabrique convertisse l’église en centre communautaire, ce qui a été un refus total du conseil, a déploré M. Gravel. Ils disaient qu’éventuellement on serait pris dans la tourmente et que la Municipalité serait prise à acquérir le bâtiment. La Fabrique ne demandait qu’une lettre d’appui.»

Importance du bâtiment pour certains résidents

Le maire Gravel soutient qu’il n’y a pas vraiment de grandes salles à Abercorn. L’église transformée en centre communautaire pourrait devenir un lieu de rassemblement pour la petite municipalité.

«À l’hôtel de ville, c’est tout petit comme bâtisse, indique-t-il. On ne peut pas entasser une centaine de personnes dans la salle de l’âge d’or. Si jamais l’église est vendue à un particulier, on se sert souvent du stationnement de l’église pour les activités au parc à l’arrière de l’hôtel de ville, ce sont toutes des choses qu’on perdrait en fin de compte.»

Si l’acquisition du bâtiment, évalué au rôle à environ 200 000 $, et les coûts d’une rénovation complète s’élèvent à 250 000 $, Alain Sylvestre croit que la perte du bâtiment serait d’une valeur plus importante.

«Personnellement, je crois que le coût de renonciation n’est peut-être pas pécuniaire, mais peut-être plus émotif et d’une certaine façon irrationnel, affirme-t-il. Les gens auront à s’exprimer là-dessus. Une dame, que je connais bien, a été baptisée, mariée dans cette église-là. Pour elle, l’église est significative de quelque chose. Elle lui rappelle son passé. Il y a des dizaines et des dizaines d’exemples de quoi faire avec ces bâtiments-là.»

Suite des choses

Le sondage devrait se terminer d’ici la fin du mois.

«Si les gens répondent assez majoritairement au petit questionnaire que nous avons fait, à ce moment-là, on dira que la communauté, il semble que ce soit ça qu’elle veuille, a déclaré M. Sylvestre. Maintenant, l’étape suivante sera d’analyser comment on fera tout ça, quels en seront les coûts, de faire une étude de faisabilité. J’espère de tout mon cœur que les élus vont collaborer à ce processus-là. Si en fin de compte, les conclusions sont que ça coûte trop cher, on n’a pas les moyens, il n’y a pas de volonté clairement exprimée de transformer l’église en centre communautaire, ce sera ça.»