Toujours pas de relève pour le vignoble de la chapelle de Saint-Agnès

VITICULTURE. Le magnifique vignoble de la Chapelle de Saint-Agnès à Sutton qui a fermé ses portes le 12 août 2018 est toujours à la recherche d’un possible acquéreur.

On s’étonne de l’absence de preneurs tant ce domaine sait séduire par paysages, son histoire, ses installations, et certainement par son vin. Inventé de toutes pièces par Henrietta Anthony, une antiquaire d’origine tchèque et anglophone ayant immigré à Montréal, le vignoble de la chapelle de Saint-Agnès est désormais fermé au public. Il ne produit plus de vin. Les pique-niqueurs sont partis et les visites guidées et de dégustation sont en arrêt complet. Ce lieu, qui offrait une splendide halte aux visiteurs, contemplatifs, amateurs d’histoire et de vin de glace en particulier, garde le silence, en attendant preneur.

Le rêve d’une femme passionnée

La propriétaire d’origine, Henrietta Anthony a profité de l’exode des anglophones après l’élection du Parti Québécois pour mettre la main sur la propriété. Des sommes colossales y seront investies pendant 40 ans. Henrietta Anthony y fait construire en 1993 une superbe chapelle de style roman en pierre des champs; «une structure éternelle d’une grande beauté qui élèverait l’âme et apporterait la paix aux passants». Elle en confie les murs à Michel Dodier, compagnon et maître maçon français. Aussi, la chambre de presse et de fermentation, les voûtes creusées dans la montagne. Sa passion pour l’histoire et les antiquités se traduit partout, jusque dans les trois suites de l’auberge, décorées d’une collection d’antiquités et d’objets d’art uniques. Elle laisse tout un héritage.

Le vignoble de la chapelle de Saint-Agnès a tout pour séduire avec ses 173 acres de terres nichées dans les vallons et montagnes de Sutton, ses 7 000 vignes, 18 terrasses et lacs privés. Ajoutez-y une chapelle, une salle de bal, des celliers creusés à même la montagne et de style médiéval, deux maisons, des quartiers pour les invités et une panoplie de dépendances. Le compte est bon.

C’est une page importante qui se tourne après tant d’années de passion pour le site, la région et ses habitants. John Anthony, l’un des trois enfants de la fondatrice du domaine, était seul avec sa mère décédée en janvier 2015, à s’en occuper. « C’est difficile. Le reste de la famille n’était pas en faveur du projet et Henrietta était au courant. C’était son rêve et elle a foncé. Certaines choses ne fonctionnent tout simplement pas parfois. Mon épouse et moi n’étions pas très enclins à vendre à l’époque. On est prêts maintenant ».

John Anthony, qui reste dans le secteur, a racheté de sa mère les 39 acres voisins du vignoble. Il n’a aucune intention de quitter la région.  L’endroit nécessite un acheteur particulier. Qui sait, trois acheteurs pourraient se regrouper et partager les installations. C’est sûr que j’aimerais bien que les nouveaux acheteurs conservent le vignoble intact», précise John Anthony. La succession n’en fait cependant pas une condition à la vente.

La succession d’Henrietta a bien failli trouver preneur pour le vignoble l’an dernier, mais les propriétaires potentiels n’ont pas franchi la ligne d’arrivée. Avis aux passionnés. Le prix demandé pour ce domaine est de 2,75 M$.