Une entreprise de Dunham travaillera avec l’Agence spatiale canadienne

ESPACE. La compagnie INSARSAT basée à Dunham, et chapeautée par le Dr Guy Seguin, est l’une des huit compagnies sélectionnées par l’Agence spatiale canadienne afin de trouver une solution sur un horizon de 15 ans (2026-2041) par rapport aux données d’observation de la Terre. Chacune des entreprises recevra un montant de 350 000 $ pour développer des concepts et des idées concernant le futur de l’observation, après la fin de la vie utile des satellites canadiens RADARSAT.

«On est rendus à se demander comment on assure la continuité des besoins du Canada en données d’observation de la Terre, explique le Dr Seguin. Pour ce faire, l’Agence a dressé une liste préliminaire de besoins en matière de données d’observation de la Terre à la suite de consultations qu’ils ont faites avec les utilisateurs fédéraux des données de RADARSAT. Ils doivent évidemment planifier à plus long terme et ils ont décidé de voir comment ils pourraient utiliser des données utilisées par d’autres partenaires du Canada, comme les États-Unis ou l’Europe.»

L’Agence spatiale canadienne veut donc explorer les différentes solutions pour l’après-RADARSAT. Les satellites atteindront la fin de leur vie utile après sept ans, soit en 2026.

«Il y a une demande du gouvernement à ce que l’appareil gouvernemental commence à regarder les différentes solutions qui vont venir après la [mission de la constellation RADARSAT] (MCR), une mission qu’on a lancé en 2019 qui est opérationnelle au moment où on se parle, indique l’ingénieur principal, Gestion de projets à l’Agence spatiale canadienne, Éric Dubuc. Cet équipement a une durée de vie comme n’importe quelle pièce d’équipement et c’est important de regarder ça longtemps d’avance puisque ce sont des programmes très complexes et très coûteux.»

INSARSAT

Guy Seguin est le fondateur d’INSARSAT, une compagnie qu’il gère lui-même. Le Dr Seguin est un peu une sommité en matière d’observation de la Terre, comme en témoigne son expérience dans le domaine.

«J’ai fait un doctorat en génie électrique à l’Université McGill et j’ai une maîtrise en physique de l’Université de Moncton, relate-t-il. J’ai travaillé pas mal toute ma carrière sur le programme RADARSAT. J’ai été embauché tout d’abord par la compagnie Spar Aérospatial en 1983 pour concevoir le premier satellite RADARSAT. J’ai été embauché par l’Agence spatiale canadienne en 1993 où j’étais directeur du développement des technologies d’observation de la Terre pour le programme RADARSAT. Ça va sept ans que je travaille comme consultant et j’ai créé ma compagnie à la demande d’Airbus, qui voulait que je devienne un de leurs fournisseurs de service.»

C’est la toute première fois qu’INSARSAT agira à titre de maître d’œuvre dans un projet d’envergure comme celui-ci. L’entreprise s’est affiliée à deux consultants et deux fournisseurs, la compagnie française Satconsult et Magellan Aérospatial basée à Winnipeg.

Recherche de solution

Comme l’explique Éric Dubuc, depuis le début du programme RADARSAT, les différentes branches du gouvernement fédéral utilisent les données d’observation de la Terre et en sont devenues en quelque sorte dépendantes.

«Le problème qu’on a, c’en est un et ce n’en est pas un, avec les années, l’observation de la Terre à partir de l’espace, il y a de plus en plus de ministères qui utilisent l’imagerie qui vient de l’espace, rapporte-t-il. Au moment où on se parle, on compte environ 90 programmes et services gérés par 12 ministères différents qui, sur une base régulière, des fois journalière, consomment de l’imagerie satellitaire pour livrer leurs programmes et leurs services aux Canadiens et Canadiennes. Le défi auquel on fait face aujourd’hui, c’est comment on assure la continuité de cette donnée-là.»

Le gouvernement canadien ne désire pas nécessairement envoyer de nouvelles constellations satellitaires comme RADARSAT dans l’espace.

«Je pense que l’avenir va nous réserver de belles surprises, ajoute M. Dubuc. Il y a de grosses tendances dans l’industrie, dont la donnée commerciale, de la donnée gratuite, de la donnée produite par d’autres pays, auxquelles on pourrait avoir accès et qui viendraient complémenter ce qu’on a fait dans le passé, c’est-à-dire en utilisant nos satellites à nous. Le défi qu’on donne à l’industrie avec notre étude de concepts, c’est de leur demander de considérer cette information-là et essayer de prévoir les grandes tendances, ce qui sera disponible dans les prochaines années, combien ça va coûter, si on est obligés d’avoir des satellites.»

Les entreprises devront également tenir en compte l’évolution des technologies dans leur solution proposée.

«Ce qui est un peu difficile, c’est que sans savoir vraiment toutes les technologies qui seront développées, comment on peut s’assurer que notre plan est assez flexible pour adopter de nouvelles technologies au fur et à mesure qu’elles vont apparaître», affirme M. Dubuc.

Les entreprises devront livrer leur solution avant la fin février. S’ensuivront des discussions avec l’Agence spatiale canadienne jusqu’au 15 avril.

«À la suite de ça, ils vont retenir certaines des solutions pour lesquelles elle va demander un développement plus complet», indique Guy Seguin.

Importance des données

Les données d’observation de la Terre ont un éventail d’utilités. Éric Dubuc note, entre autres, la surveillance d’écosystème, la gestion des catastrophes, autant au Canada qu’à l’échelle internationale et la surveillance maritime, par exemple.

«La MCR utilise des radars à ouverture de synthèse. C’est un peu comme si on prenait une photo – mais c’est une image, pas une photo – du sol ou d’un plan d’eau, avec des calculs très scientifiques où on peut retirer des informations. Par exemple, on peut prendre de l’imagerie dans l’Ouest canadien dans les terres agricoles et en estimer la santé, les milieux humides. Il y a beaucoup d’informations qui peuvent être extirpées des images radar.»

M. Dubuc souligne également que plusieurs représentants du gouvernement fédéral qui travaillent d’arrache-pied sur le projet habitent dans la région.