Plus de 500 déversements d’eaux usées à Cowansville en 2019

ENVIRONNEMENT. La ville de Cowansville fait piètre figure au palmarès des municipalités ayant fait le plus de déversements d’eaux usées dans la dernière année. La Fondation Rivières a classé la ville au 32e rang dans toute la province.

En 2019, ce sont 509 déversements qui ont été comptabilisés, une baisse significative par rapport à 2018, mais dans la moyenne des neuf dernières années, tel que recensé par la Fondation. Ces chiffres incluent également ceux d’East Farnham.

«C’est comme ça chaque année, plus ou moins, tout dépendant de l’été ou de l’automne qu’on a, a indiqué le directeur du Service des infrastructures et des immobilisations de la Ville de Cowansville, Sylvain Perreault. Ça fait partie de notre quotidien, on travaille avec ça, on n’a pas le choix.»

M. Perreault note que les infrastructures d’égout de la ville sont vieillissantes.

«Le réseau date, a-t-il affirmé. Dans les années 80, le gouvernement a créé la Société québécoise d’assainissement des eaux (SQAE) pour aider les municipalités à récupérer les eaux et les traiter au lieu de les envoyer directement dans les cours d’eau. Nous autres, quand ça a été fait, en 1986, on a construit ici l’usine d’épuration.»

Environ 80 % du réseau est unitaire, c’est-à-dire que l’eau de pluie et l’eau des égouts utilisent les mêmes tuyaux.

«En 2019, on a eu beaucoup de pluie, a rapporté M. Perreault. Ça a fait qu’on a eu beaucoup de déversements. En 2020, cet été, on n’a pas eu beaucoup de pluie, pas beaucoup de déversements. L’année prochaine, on va être meilleurs. L’an passé, il y a eu une urgence et ça a été comptabilisé. Le réseau est fait comme ça.»

«On est un peu coincés comme ça, a-t-il ajouté. On n’est pas satisfaits non plus d’être dans les journaux et d’être dans le top 50 des municipalités au Québec. Ce n’est pas intéressant pour nous. D’un autre côté, on aimerait ça s’en débarrasser des conduites unitaires, mais rapidement, c’est impensable. Par contre, on s’assure de respecter les normes.»

La Fondation Rivières a également développé un indice d’intensité des déversements, basé sur le débit de la station d’épuration, de la taille de l’ouvrage ainsi que de la durée de chaque déversement. À ce chapitre, Cowansville se classe au 46e rang.

Mesures

La Ville de Cowansville tente activement de réduire le nombre d’épisodes de déversements.

«Chaque année, on se fait un devoir d’avoir au budget la séparation de réseau d’au moins une rue dans la ville pour essayer de les enlever le plus possible ces déversoirs d’orage là», a déclaré Sylvain Perreault.

Les nouveaux quartiers de la ville ont tous des réseaux séparés.

«En plus, le ministère nous exige à faire de la séparation de réseau sur ce qui est ajouté, a indiqué M. Perreault. Si un nouveau quartier s’en vient et qu’il y a tant de litres/seconde d’égout sanitaire qui va s’ajouter dans le réseau, il faut être certain qu’il n’y ait pas de débordement, donc le ministère nous oblige aussi à séparer une section du réseau pour ne pas qu’il y ait de déversement supplémentaire.»

La Ville s’est également dotée d’équipements télémétriques pour pouvoir intervenir en cas de débordement qui pourrait être évité.

«On sait automatiquement, quand il y a une intervention à faire, si ça déborde, si on a les moyens de faire quelque chose, on le fait, mais s’il mouille pendant trois jours, c’est impensable qu’on fasse quelque chose, a expliqué M. Perreault. Avec la télémétrie, on est capables d’intervenir si jamais il y avait un déversement à temps sec, ce qui veut dire quand il n’y a pas de pluie et que le réseau est bloqué pour x raisons et que ça déborderait dans la rivière. On peut intervenir très rapidement. On n’a pas eu de situation comme celle-là en 2019.»

«C’est quand même de l’eau usée qu’on a envoyée dans la rivière, mais elle est beaucoup plus diluée que si on l’envoyait directement en raison de l’eau de pluie et de la fonte des neiges, a-t-il ajouté. Au niveau environnement, ça a un impact, mais qui est quand même un peu amoindri parce que l’eau de pluie est mélangée aux eaux usées.»

M. Perreault assure que la qualité de l’eau de la rivière demeure bonne.

«On a quand même de l’échantillonnage à la sortie de la ville, a indiqué M. Perreault. On fait chaque année des échantillonnages de l’eau qui circule parce que la rivière [Yamaska Sud-Est] alimente la ville voisine, qui est Farnham. L’eau qui circule dans cette rivière-là est quand même de bonne qualité. Ce n’est pas une excuse, mais la qualité est moins mauvaise que ce qu’on peut penser. On travaille fort à enrayer ça, mais on ne peut pas faire grand-chose à court terme.»

Selon les données compilées par la Fondation Rivières (Graphique: Le Guide – Xavier Demers)