Le dessin, un exutoire en temps de pandémie

DESSIN. La popularité des cours de dessin de la Bromontoise Lyse-Anne Roy a tout simplement explosé depuis qu’elle les a lancés au tout début de la pandémie. Ce qui se voulait être de simples cours de dessin, faits avec les moyens du bord, sont devenus un baume pour plusieurs personnes dans ces temps difficiles.

«Je travaillais sur mon entreprise, Dr Patch, sur le web au mois de mars pour essayer de lui donner une nouvelle vie si on veut, a raconté la native de Granby installée à Bromont depuis 28 ans. Je faisais des cours en personne, c’est tombé à l’eau. Celui qui s’occupe de mon web, c’est un ancien employé de mon entreprise, m’a demandé si je voulais essayer de donner des cours sur internet. On a monté un document, une présentation, et on a essayé de voir si ça marchait. C’était vraiment fait avec les moyens du bord, avec le téléphone pas de lumières. Plein de gens se sont inscrits.»

Avec son succès retentissant, son ancien employé et elle ont décidé de monter quelque chose d’un peu plus sérieux.

«Étant donné que j’ai travaillé comme graphiste, illustratrice, enseignante et entrepreneure, j’avais déjà le bagage pour monter une entreprise dans ce domaine-là, a-t-elle indiqué. Ça prend des notions de graphisme, un minimum de savoirs en enseignement.»

Les cours n’ont pas cessé de gagner en popularité. Aujourd’hui, ce sont plus de 2 000 personnes qui s’y sont inscrites, d’un peu partout dans la province.

«C’est devenu très gros rapidement, a relaté Mme Roy. J’ai dû engager une employée. Je me suis associé avec Olivier Gingras-Audet qui était mon employé. Ça a été un gros succès.»

Graphiste à la base, Lyse-Anne Roy s’est tournée vers l’illustration puis la peinture avant de se lancer en affaires.

«Mon fils a eu un problème médical, a-t-elle raconté. J’ai inventé un produit pour lui et j’ai fondé l’entreprise Dr Patch. À ce moment-là, j’ai arrêté de peindre. J’ai commencé à enseigner par la suite pour que l’entreprise puisse servir. J’étais passée à l’émission Dans l’œil du dragon et Danièle Henkel a investi dans mon produit. C’est pour ça que je suis devenue entrepreneure, j’ai appris beaucoup avec elle.»

Confiance en soi

Selon Lyse-Anne Roy, et plusieurs témoignages qu’elle a reçus, le dessin a vraiment un effet thérapeutique auprès des gens qui le pratiquent.

«Je reçois des témoignages pratiquement chaque semaine des élèves que ça a changé leur vie, dessiner, a-t-elle affirmé. Ce n’est pas juste dessiner pour s’occuper, le dessin, on fait appel à un lâcher-prise. On est vraiment dans un état calme quand on dessine. Ça enlève beaucoup d’anxiété. C’est très thérapeutique le dessin.»

Le dessin permet également d’augmenter la confiance en soi, selon elle.

«Mes élèves ont tous découvert qu’ils avaient un talent. Les gens pensaient qu’ils pouvaient dessiner uniquement des bonhommes allumettes et, finalement, de la façon que j’enseigne, je les amène à prendre confiance en eux.»

«Je n’avais aucune expérience en dessin, a témoigné l’une de ses élèves, Marie-Claude Racine. C’est fou tous ces trucs. J’adore, je m’amuse, une vraie thérapie! Vraiment, tout le monde peut dessiner!»

Esprit de groupe

Les cours de dessin de Lyse-Anne Roy ont vraiment permis de créer un effet de communauté avec un groupe privé formé sur les réseaux sociaux.

«On a 50 000 interactions par mois, a-t-elle rapporté. Il y a à peu près au moins 3 000 publications par mois des élèves qui nous montrent leurs dessins. Les gens vont partager ce qu’ils ont fait pendant les cours. Il y en a vraiment que ça fait partie de leur vie maintenant. Au moins, la pandémie leur aura fait découvrir le dessin.»

Ces cours ont également permis de briser l’isolement chez certaines personnes qui vivaient de la solitude en plein confinement.

«Les gens échangent entre eux, déclare Mme Roy. Il y en a beaucoup qui sont seuls. Il y a beaucoup de femmes, de retraités — maintenant, il y a plus hommes —, mais ça permet de contrer l’isolement et partager une passion commune. Ça va au-delà d’un cours de dessin, ce sont maintenant des groupes d’amis.»

Nouveaux marchés

Maintenant que ses cours semblent bien installés au Québec, Lyse-Anne Roy a des visées sur l’Europe.

«On a commencé la France il y a quelques semaines, a-t-elle indiqué. On a fait un test et ça marche. On va probablement essayer d’envahir la francophonie.»

La barrière de l’accent lui a fait craindre certains problèmes au départ, mais tout a bien fonctionné.

«Quand je me suis présentée aux Français, je leur ai dit qu’ils ont probablement remarqué mon accent québécois et que s’ils ne comprennent pas, qu’ils me le fassent savoir. Les gens m’ont dit que l’accent québécois était charmant, ça a enlevé une pression.»

À partir de janvier, les cours vont être enregistrés au lieu d’être en direct. Un cours sera gardé en direct.

Elle commencera également des cours de peinture très bientôt.

«Je suis rendue avec un studio d’enregistrement, je suis équipée, a-t-elle affirmé. Ça va être plaisant de poursuivre avec la peinture. Souvent, les artistes vont partir du dessin pour commencer une toile, un peu comme ébauche ou croquis.»

Les intéressés peuvent consulter le site internet de Lyse-Anne Roy au lyseanneroy.com pour plus de détails.