SANTÉ. Plus de 92% des habitants de Brome-Missisquoi ont maintenant accès à un médecin de famille. Malgré ce résultat, qui se situe au-dessus de la moyenne provinciale et celle de l’Estrie, les efforts se poursuivent pour inscrire de nouveaux patients.
Entre le 31 décembre 2015 et le 27 avril 2018, le pourcentage de la population du territoire de La Pommeraie, soit la région de Brome-Missisquoi, ayant un médecin de famille est passé de 89,08 % à 92,30 %, selon des données fournies par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Estrie-Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS). La région surpasse la moyenne estrienne, même si celle-ci est passée de 78,31 % à 85,67 % durant la même période. Ailleurs dans la province, 79,44 % des Québécois étaient inscrits auprès d’un médecin, d’après des statistiques du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), en date du 31 décembre 2017.
Objectif atteint
Les responsables médicaux du CIUSSS de l’Estrie-CHUS s’étaient fixé l’objectif d’atteindre, sur une base régionale, la cible de 85 % de patients ayant accès à un médecin de famille à la fin de la dernière année. Ce qui a été réalisé, souligne la Dre Raymonde Vaillancourt, chef du Département régional de médecine générale du CIUSSS de l’Estrie-CHUS, grâce aux résultats des régions de La Pommeraie et à la Haute-Yamaska, puisque quatre réseaux locaux de la santé (RLS) de l’Estrie n’ont pas atteint cette cible de 85 %. Rappelons qu’une entente signée entre la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec et le ministre de la Santé et des Services sociaux, le Dr Gaétan Barrette, prévoyait que 85 % de la population québécoise aurait accès à un médecin de famille le 31 décembre 2017.
Le nouvel objectif est maintenant fixé à 88 % de patients, poursuit la Dre Vaillancourt. «On sait maintenant qu’entre 12 et 13 % des patients ne veulent pas de médecins. Ce n’est pas tout le monde qui en veut un. Par exemple, un jeune homme de 25 ans, qui n’a pas de problèmes de santé n’en veut pas», enchaîne-t-elle.
Guichet d’accès
Même avec un taux de 92,30 %, il y a quand même 7,70 % des citoyens qui n’ont pas de médecin de famille dans Brome-Missisquoi. De ce nombre, 825 personnes étaient inscrites au Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) sur le territoire de La Pommeraie en avril 2018. À titre indicatif, le nombre d’inscriptions se chiffrait à 1898 au 31 décembre 2017.
Ces patients en attente n’ont pas à s’inquiéter. «On continuera à répondre à la demande, soutient la Dre Vaillancourt. La population dans La Pommeraie est moins vulnérable [qu’ailleurs], les médecins n’ont pas à voir les patients chaque année. Ils sont donc plus faciles à inscrire. On va encourager la prise en charge. L’objectif, c’est de vider le guichet.»
La Dre Raymonde Vaillancourt a bon espoir que les gens inscrits à cette date-ci auront un médecin de famille d’ici la fin de l’année. «Ce sont de nouveaux patients qui s’ajoutent, ce ne sont pas les mêmes qui sont sur la liste d’attente», précise-t-elle.
Rappelons que la priorité des demandes du GAMF est établie en fonction de l’évaluation de l’état de santé, et non, selon la date de réception du formulaire. Le délai pour dénicher un omnipraticien via le GAMF est impossible à prévoir. Il varie selon le nombre de personnes inscrites sur la liste d’attente, de la disponibilité des médecins et du niveau de priorité attribué à chacune des demandes.
Accès adapté
L’augmentation de la prise en charge de patients par les médecins de famille dans La Pommeraie s’explique notamment par un changement dans la pratique : l’accès adapté. «Comme médecin, cela permet d’augmenter sa propre capacité du nombre de patients», mentionne la Dre Raymonde Vaillancourt.
L’examen périodique annuel, avec un rendez-vous pris six mois à l’avance, ne fait plus partie des bonnes pratiques médicales. Les médecins de famille travaillent désormais en partenariat avec d’autres professionnels de la santé, dont les infirmières et les pharmaciens. Cela permet notamment aux patients de rencontrer son médecin lorsqu’il en a réellement besoin en ayant accès à un rendez-vous la journée même ou le lendemain pour une situation de santé qui ne requiert pas une visite à l’urgence d’un hôpital. «Le patient voit d’abord son médecin traitant avant d’aller à l’urgence ou à une clinique sans rendez-vous. Le suivi est fait par le médecin traitant parce qu’il connaît sa clientèle», dit la Dre Raymonde Vaillancourt.
Les notions de prévention et les examens de routine sont intégrés à cette demande de consultation. «Si on voit un patient pour un problème à l’épaule, on a le temps pour l’évaluer et de faire de la prévention. […] En libérant les rendez-vous médicaux, on augmente la disponibilité», répète la Dre Vaillancourt.
L’accès adapté est très populaire auprès des médecins de La Pommeraie. En Estrie, il y a trois ans, 53 % des médecins offraient l’accès adapté. Ils étaient 65 % à l’offrir il y a deux ans. L’objectif est que 100 % des médecins l’offrent.
Malgré cela, la capacité est limitée. «Pour une otite à 2 h du matin, il n’y a pas de GMF d’ouverts, concède la Dre Vaillancourt. Il faut augmenter la capacité de tout le monde et arriver à un fonctionnement optimal. Il faut continuer à mieux s’organiser pour que le patient soit vu au bon endroit.»
Nombre de patients inscrits auprès d’un médecin de famille
2015* 2016* 2017* 27 avril 2018
La Pommeraie 89,08 % 88,46 % 92,81 % 92,30 %
Haute-Yamaska 81,23 % 85,78 % 90,41 % 89,86 %
Estrie 78,31 % 81,47 % 85,72 % 85,67 %
*Au 31 décembre de l’année
Nombre de personnes inscrites au Guichet d’accès à un médecin de famille
2015* 2016* 2017* Avril 2018
La Pommeraie 129 1786 1898 825
Haute-Yamaska 1365 2131 5136 3755
Estrie 10 915 16 354 35 085 26 885
*Au 31 décembre de l’année
Source: Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie-Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke