PRÉVENTION. Avec comme nouvel argument le feu d’origine suspecte survenu le 31 octobre dernier dans une partie désaffectée de l’ancienne Consoltex, rue Willard, le Service de sécurité incendie de Cowansville presse le propriétaire des lieux de se conformer aux normes ou d’enfin démolir la seule partie inutilisée encore existante.
Les avis se multiplient à l’endroit d’Anahid Hospitality Manager, qui possède le bâtiment. Des amendes totalisant 2550 $ ont d’ailleurs été acheminées au propriétaire au cours de la dernière année, au gré des visites des inspecteurs chargés de faire appliquer la réglementation municipale. Elles ont toutes été payées.
Si une partie abandonnée a flambé à la fin octobre, il en reste une dernière d’au moins 50 000 pieds carrés, dénuée
de gicleurs et de système d’alarme. Ce lieu, représentant certains risques, est jugé problématique par le Service de sécurité incendie de la Ville. «On a fait une entente avec lui (le propriétaire) il y a quelques années pour qu’il démolisse la section désaffectée, mais ça ne se fait

pas. Ce qu’on lui dit, c’est de la remettre conforme s’il ne procède pas à sa démolition», explique le directeur du service, Gilles Deschamps.
Ce dernier note d’ailleurs qu’une pelle mécanique semblait y être en opération récemment. Or, le Journal Le Guide n’a pu obtenir des détails quant aux intentions du propriétaire. Au moment d’aller sous presse, celui-ci n’avait pas donné suite à notre demande d’entrevue. Dans un article publié dans nos pages à la fin mai dernier, son représentant avait toutefois indiqué la volonté de l’entreprise de procéder «aussitôt que possible» aux travaux de démolition.
37 436 $ partis en fumés
Si le propriétaire avait auparavant honoré cet accord et que le pic des démolisseurs avait fait son œuvre, l’intervention majeure de la fin octobre n’aurait pas été nécessaire, rappelle M. Deschamps. C’est une facture de 37 436 $ qui aurait été évitée, selon les chiffres obtenus de la Ville.
«On a eu sept services incendie en entraide lors de cette intervention-là et on a dû amener des équipements spécialisés, […] des gros béliers mécaniques, pour démolir une partie du bâtiment pour pouvoir avoir accès et finaliser l’extinction», explique M. Deschamps. Le recours à ces équipements a à lui seul coûté 21 493 $ du montant total. Notons que les pompiers connaissaient bien ces lieux. Ils ont dû y intervenir à plusieurs reprises au cours des dernières années, notamment pour d’autres incendies jugés a priori suspects.
Une leçon?
À la lueur de l’intervention majeure du 31 octobre, Gilles Deschamps espère plus que jamais qu’Anahid Hospitality Manager aura compris la leçon et se mettra rapidement en action. Par ailleurs, il estime que les dommages auraient pu être bien plus lourds si le Service de sécurité incendie de Cowansville n’était pas précédemment intervenu. «Il y a, entre autres, une usine de recyclage de plastique située là. Si on ne l’avait pas obligé à mettre une séparation coupe-feu entre ce bâtiment-là et l’autre qui a brûlé, il n’y aurait plus du tout de bâtisse aujourd’hui», précise-t-il. Si l’une de ses sections est vouée à la démolition, la bâtisse constitue néanmoins un lieu significatif pour la municipalité, note Gilles Deschamps. Plusieurs entreprises, dont Energiplast, y louent des locaux. De l’entreposage y est aussi effectué.
Toujours sous enquête
C’est la Sûreté du Québec qui mène l’enquête relativement à l’incendie survenu le jour de l’Halloween. Jointe à ce sujet, la responsable des communications pour le corps policier, Aurélie Guindon, confirme que des témoins ont été rencontrés depuis, mais qu’aucune arrestation n’a été effectuée à ce jour dans cette affaire. Au moins l’un d’entre eux aurait rapporté avoir aperçu deux individus fuir les lieux lorsque le feu s’est déclaré.
Rappelons que l’usine Consoltex a fermé ses portes en décembre 2013. Une centaine de travailleurs avaient alors perdu leur emploi. Ses locaux étaient anciennement ceux de la manufacture Bruck Mills, qui a constitué un fleuron majeur de Cowansville.