Animosité persistante à Lac-Brome

Allégations. Suspension. Enquête. Accusation. L’animosité se fait de plus en plus forte au sein du conseil de ville à Lac-Brome. La semaine dernière, le maire Gilles Decelles a clairement pointé du doigt la gestion du directeur général Jean Bourret alors que le DG par intérim, Rémi Lafrenière, a remis sa démission publiquement.

Lors de la séance extraordinaire tenue le 19 juin à Lac-Brome, le maire Gilles Decelles a présenté une lettre évoquant cinq éléments pour lesquels le directeur général de la municipalité (Jean Bourret) avait agi de «façon inacceptable» et avait posé des gestes illégaux. Selon le maire, ces éléments justifieraient le congédiement de M. Bourret.

«J’ai présenté cinq éléments concernant mes préoccupations. M. Bourret a caché des informations au conseil, il a fait des dépenses sans notre autorisation et il a soustrait des avis du ministère à notre insu», dénonce Gilles Decelles.

Le maire de Lac-Brome a admis avoir entre les mains plusieurs de ces informations depuis le départ de M. Bourret, il y a plus d’un an. «J’en ai parlé à maintes reprises aux conseillers, mais certains d’entre eux doutent de mes allégations», ajoute le maire.

Afin de valider cet amas d’informations, quatre membres du conseil municipal ont voté en faveur qu’une enquête soit menée pour faire la lumière sur les déclarations évoquées par le maire. Pour faire suite à la résolution, l’enquête indépendante sera assurée par deux avocats engagés par la ville, soit Me Stéphane Reynolds et Me David Rhéaume.

«Pour l’instant, nous allons mandater des avocats pour éclaircir ces allégations. Nous espérons qu’une décision sera rendue lors de la réunion du mois d’août», indique Jacques Lecours, conseiller à la municipalité de Lac-Brome.

M. Lecours croit que M. Bourret ne devrait pas être congédié. Ce dernier estime par contre que le directeur général devrait quitter de son plein gré, dans la mesure du convenable.

«Je crois que M. Bourret est très attaché à sa ville. Il travaille à Lac-Brome depuis longtemps et je suppose qu’il a bien servi la ville durant de nombreuses années. Par contre, la relation entre le DG et le maire ne s’améliorera pas. Ça ne sera pas facile, surtout avec la forte personnalité de M. Decelles», explique M. Lecours.   

Un conflit de personnalités

«Ce n’est pas une histoire de personnel incompétent. C’est l’histoire d’un homme qui en haïe un autre», confie Donald Gagné, conseiller municipal à la Ville de Lac-Brome. Au lendemain de la rencontre du 19 juin, le conseiller souhaite vivement faire falloir ses impressions.

Aux dires du conseiller, Jean Bourret n’a jamais agi de façon malhonnête dans le but de nuire aux citoyens. Les décisions que le DG a prises dans certains dossiers critiqués par le maire ont été prises afin de réaliser les projets exigés par la ville, dans des délais convenables.

«Jean Bourret est directeur général depuis 32 ans. Il adore la ville. Il travaille pour la ville. Je ne dis pas que Jean est un saint. Oui, des fois, il utilise la façon la plus simple et rapide pour gérer certains dossiers, mais il connait son travail, il connait les procédures gouvernementales. Malheureusement, ça fait deux ans et demi qu’il se fait dire qu’il est incompétent et qu’il ne sait pas travailler», indique M. Gagné.  

Démission du DG par intérim

Dans l’animosité des débats lors de la rencontre publique, Rémi Lafrenière, directeur général par intérim, a donné sa démission en plein cœur d’assemblée, sans crier gare. Selon le maire Decelles, certaines allusions au sujet du type de gestion de M. Lafrenière ont poussé le principal intéressé à prendre cette décision si abruptement.

«Mme Gomes (conseillère) a fait certaines allusions à l’égard de M. Lafremière. Elle critiquait sa gestion. Étant donné que personne au sein du conseil n’a pris sa défense, il a décidé de quitter», avance M. Decelles.

La ville compte offrir à Rémi Lafrenière de revenir sur sa décision et de réitérer son poste. Si ce dernier refuse, la direction générale de la municipalité sera assurée par trois cadres travaillant actuellement pour la ville.    

Des citoyens exaspérés

Pour l’instant, encore plusieurs citoyens ne prennent pas position face à la situation politique actuelle à Lac-Brome, puisque qu’aucune preuve justifiable n’a été démontrée. Or, des résidents du village ont clairement exprimé leur mécontentement face au climat qui règne.

«J’ai honte du climat politique actuel. C’est comme des enfants qui font de l’intimidation dans une cour d’école. Je ne peux pas croire que des adultes agissent ainsi en public. Ça ressemble à un régime d’intimidation. Ce n’est pas bon pour l’image de la ville, pour les relations entre les citoyens…», déplore Jessica Brown, résidente de Lac-Brome et propriétaire du Club Athletica.

«Je ne sais pas trop quoi penser de Gilles Decelles. En anglais on dit: «show me the money». Qu’il cesse de répandre ses propos aux médias et qu’il nous montre des preuves. Maintenant, ils vont utiliser l’argent des payeurs de taxes pour dérayer des frais de consultations, d’avocats. Je ne serais pas surpris que M. Decelles ne soit pas réélu lors des prochaines élections en novembre», dénonce un citoyen mécontent. 

Par ailleurs, d’autres citoyens n’ont pas de parti pris face à la situation. Le rapport des avocats à la suite de l’enquête devrait éclaircir de nombreux questionnements.

«On sait ce que le maire dénonce, mais on n’a pas de preuve au sujet de ce qu’il avance. Ce que je peux confirmer pour l’instant, c’est que le climat est vraiment pourri», indique un second citoyen qui souhaite garder l’anonymat.

«La situation actuelle n’aide pas notre communauté. Ça la divise. Il se forme de petits groupes, des camps(…). C’est très malheureux pour les citoyens qui vivent ici», ajoute Lyne Matthews.