ENTREVUE. De son propre salon de coiffure à Cowansville jusqu’aux plateaux de cinéma américain, Caroline Laprade capture quelques bribes d’une passion qui l’habite depuis toujours. Et la jeune coiffeuse de 23 ans ne compte pas s’arrêter là.
Caroline Laprade a eu la piqûre du petit et grand écran toute jeune, alors qu’elle faisait de la figuration.
«Mon but c’était vraiment de me diriger en cinéma. J’ai fait beaucoup d’auditions, et je faisais partie d’une agence. C’est un milieu qui m’intéressait beaucoup», raconte-t-elle, de son salon à Cowansville. Celle qui a obtenu son DEP en coiffure à Granby s’est donc dirigée vers la métropole pour compléter un cours d’assistante en coiffure en cinéma, avant d’effectuer une partie de son stage sur le plateau de Mémoires vives.
Récemment admise au sein de l’Alliance québécoise des techniciens de l’image et du son (AQTIS), Caroline Laprade est propriétaire de Ciné-Coiffure. Elle acquérait son premier salon à 19 ans.
Elle a depuis quatre ans manié le ciseau notamment sur les plateaux montréalais de X-Men Apocalypse, où elle faisait partie d’une équipe de dix qui coiffaient plus de 500 figurants. Elle a également travaillé sur Nine Lives, mettant en vedette Kevin Spacey.
De ce côté-ci de la frontière, son nom figure au générique de productions telles que la version anglaise de 19-2, Les jeunes loups, Ruptures et Boomerang.
Ces semaines-ci, Caroline Laprade peut être aperçue sur le plateau de L’échappée, diffusée sur les ondes de TVA, un contrat qui lui garantit une centaine de jours de travail. La dramatique sera de retour à l’automne pour une deuxième saison.
L’envers du décor
De son travail, elle aime les liens tissés serrés, l’idée qu’elle puisse voir l’envers du décor. «C’est complètement différent que d’être en salon de coiffure. Il y a une équipe, donc toute l’ambiance qui vient avec ce concept. Ça devient une deuxième famille parce qu’on travaille des 60 heures par semaine pendant quatre jours. Il y a un côté magique à voir comment tout ce qu’on voit à l’écran est construit», évoque-t-elle.
Souvent premiers arrivés sur les lieux de tournage, l’équipe doit préparer les acteurs, avant de se diriger sur le plateau. «Il faut toujours s’assurer que les cheveux soient ‘‘raccords’’. On prend les photos avant et après la scène, si quelque chose se défait il faut le refaire», raconte-t-elle.
«En salon, on veut que les clients sortent beaux et belles. En cinéma, si une actrice tourne une scène dans la boue par exemple, il faut savoir comment lui décoiffer les cheveux sans que ça paraisse trop. C’est presque plus difficile de défaire une coupe pour qu’elle ait l’air normal, mais sans que ça ait l’air faux, que de faire un beau cheveu. C’est très technique. J’apprends encore beaucoup», poursuit-elle.
Caroline Laprade compte continuer de gagner ses galons pour éventuellement devenir chef coiffeuse, question de retransmettre à son tour son savoir. Et ajouter d’autres longs métrages américains à son palmarès. «La création y est plus poussée encore», résume-t-elle.
À bas la routine
En période estivale, elle passe quatre jours semaine à Montréal, puis deux jours à Cowansville avec ses clients. Malgré le rythme de travail effréné qu’imposent certains tournages, cet équilibre lui sert bien.
«Quand je reviens à Cowansville, je suis vraiment heureuse de retrouver mes clients, j’aime le petit côté familial, surtout que depuis deux ans j’ai la chance de travailler de chez moi. Je ne me vois pas seulement faire du salon, il me manquerait le challenge de Montréal. Mais l’inverse est aussi vrai, parce qu’il y a beaucoup de stress et les horaires sont un peu fous.»
Désormais, quand elle se cale dans un fauteuil pour regarder une production quelconque, son attention se porte inévitablement sur l’aspect capillaire des protagonistes. «Depuis environ un an et demi, j’analyse tout le temps, je ne regarde plus tant le film!»
Et renonce-t-elle à se retrouver devant la caméra? «C’est certain que je n’ai pas la formation nécessaire, mais si ça arrive par magie, je ne mets pas une croix là-dessus, ça reste ce que je souhaitais faire à la base. J’adore voir travailler les comédiens.»
Des conditions un peu plus ardues
Les tournages ne sont pas toujours de tout repos. Questionnée sur une expérience de travail un peu moins glamour, mais néanmoins enrichissante, Caroline Laprade se rappelle d’un tournage d’une semaine dans les Laurentides.
«On tournait sur le bord d’une plage, mais le soir et la nuit, en automne. C’était vraiment magique comme tournage, il y avait des feux d’artifice, mais il faisait tellement froid près du lac. Il pleuvait aussi. J’avais quatre manteaux d’épaisseur.»