COVID-19: éclosion majeure au pénitencier fédéral de Cowansville

SÉCURITÉ PUBLIQUE. Les agents correctionnels de l’établissement de Cowansville ne l’ont pas facile ces jours-ci en raison d’une importante éclosion de COVID-19 qui touche la moitié de la population carcérale et une partie des membres du personnel.

Selon les données obtenues du Syndicat des agents correctionnels du Canada (SACC) – section Québec, affilié à la CSN, près de 200 des 400 détenus de l’établissement de Cowansville ont contracté le coronavirus et sont soumis à un isolement médical.

«La pandémie affecte la population carcérale au même titre que la population extérieure. Les détenus sont à bout, car leur liberté est encore plus restreinte en raison de l’éclosion. Les individus aux prises avec la COVID n’ont pas accès au gymnase et reçoivent leurs repas en cellule. Ils sont par ailleurs isolés en sous-groupes (cohortes) de manière à limiter la propagation du virus à l’intérieur des murs», indique Guillaume Favreau, vice-président du syndicat de l’établissement de Cowansville.

Selon le Service correctionnel du Canada (SCC), les visites sont temporairement suspendues et d’autres options sont offertes aux détenus de Cowansville pour communiquer avec leur famille et leurs réseaux de soutien.

«Avec le temps, les détenus ont fini par se familiariser avec les mesures de confinement. Ils ont vu ce qui se passe dans les autres pénitenciers lors d’une éclosion et s’attendent à ce que leur liberté soit limitée. Leur exaspération n’en est pas moins réelle et il ne faudrait pas que l’éclosion perdure», ajoute M. Favreau.

Impact sur le personnel

Cowansville n’est pas le premier ni le seul établissement carcéral du Québec à devoir composer avec la pandémie. La COVID-19 s’est notamment invitée à Joliette, à Donnacona, à Drummondville, à Port-Cartier et au Centre fédéral de formation (Laval) au cours des deux dernières années.

Le SCC a adopté diverses mesures au fil des mois afin d’assurer la sécurité de la population carcérale et des membres du personnel. À Cowansville, les agents correctionnels disposent actuellement d’un équipement de protection individuelle (ÉPI) comprenant des masques médicaux, des respirateurs, des écrans faciaux et divers autres accessoires.

«Nous devons travailler des quarts de 9, 12 ou 16 heures en portant une jaquette, des gants, une visière et un masque N-95 en plus de notre uniforme régulier (pantalon, chandail, chemise, veste protectrice pare-pic et bottes à cap d’acier). Imaginez-vous être attriqué comme ça en plein mois de juillet», résume M. Favreau.

Malgré l’utilisation de cet équipement de protection et la vaccination obligatoire chez les employés fédéraux pendant de nombreux mois, les agents correctionnels ne sont pas à l’abri du virus.

«À l’heure actuelle, une quinzaine d’agents sont aux prises avec la COVID. Une soixantaine ont par ailleurs contracté la maladie depuis le début de la pandémie. Il est arrivé à plusieurs reprises que des employés rapportent ça à la maison et contaminent leurs proches», précise le vice-président du syndicat local.

Temps supplémentaire obligatoire

Certains membres du personnel sont désormais tenus d’effectuer du temps supplémentaire obligatoire en raison de la multiplication des absences liées à la pandémie.

«Comme le travail des agents correctionnels est considéré comme un service essentiel, on est forcé de rester sur place si un collègue s’absente à la dernière minute en raison de la COVID. Au centre de détention de Laval, certains agents ont dû travailler jusqu’à 20 heures consécutives avant de regagner leur domicile. On n’en est pas encore là à Cowansville, mais il arrive de plus en plus souvent qu’on soit en sous-effectifs», affirme le président du SACC – section Québec, Mike Bolduc.

Malgré l’alourdissement de leur charge de travail et la détérioration de leurs conditions professionnelles, les agents correctionnels sont toujours en attente d’un «minimum de reconnaissance» de la part de leur employeur.

«Durant les premiers mois de la pandémie, on était optimiste et on s’attendait à ce que notre travail soit davantage pris en considération. Deux ans plus tard, on continue de donner et de donner toujours plus, mais on ne reçoit rien en retour. Pas étonnant que plusieurs employés commencent à avoir le moral à plat», indique M. Bolduc.

La partie syndicale estime par ailleurs que les agents correctionnels devraient avoir droit à une prime COVID, comme d’autres employés du secteur public offrant un service essentiel.

«Le sujet a été abordé lors d’une rencontre avec le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino. Il nous écoute, mais rien ne bouge», résume M. Bolduc.