Cowansville perd son seul magasin de meubles

AFFAIRES. Le propriétaire d’Ameublement Frigon, Alain Frigon, prendra sa retraite dans quelques mois après 40 ans d’implication au sein de l’entreprise familiale. Le magasin de la rue Sud fermera par ailleurs ses portes après 78 ans d’existence.

« La décision n’a pas été facile à prendre, car je quitte un magasin dans lequel j’ai travaillé pendant près de 100 000 heures. C’est donc une très grosse partie de ma vie que je laisse derrière moi », indique le marchand de meubles.

Ce dernier trouve également dommage de mettre la clé dans la porte d’une entreprise rentable qui a connu une belle progression au fil des ans et qui n’a jamais cessé de s’améliorer.

« C’est mon bébé. Je l’ai fait grandir et prospérer » , ajoute-t-il, du même souffle.

M. Frigon ne s’en cache pas : la fermeture du magasin est essentiellement attribuable à une absence de relève.

«Je n’ai pas d’enfant, donc pas de successeur direct, et je n’ai pas réussi à trouver d’acheteurs sérieux. Prendre les commandes d’une entreprise comme la mienne, ça demande un capital important et de plus en plus d’heures de travail en raison de la pénurie de main-d’œuvre que l’on connait présentement » , explique-t-il.

Alain ­Frigon a travaillé comme étudiant au sein de l’entreprise familiale pendant plusieurs années, mais y a fait son entrée à temps plein en 1983 après des études en communication à l’UQAM et un voyage d’un an en ­Europe.

« À l’époque, ­Cowansville comptait quatre magasins de meubles. En plus du nôtre, on retrouvait ­LeRoy ­Meubles (rue ­Principale), ­Meubles ­John ­Dunn (rue ­Sud) et ­Bousada Furnitures (quartier ­Sweetsburg). Plusieurs autres petites municipalités (Adamsville, ­Bedford, ­Farnham, ­Ange-Gardien, etc.) avaient également un magasin de meubles sur leur territoire », précise notre interlocuteur.

Alain ­Frigon a fait équipe avec son père, ­Roger, pendant cinq ans. Il a également travaillé aux côtés de sa sœur ­Monique pendant 27 ans dans un petit local de 3000 pi2 situé au 602 de la rue ­Sud (actuel local d’Iris).

L’établissement a par la suite bénéficié d’un agrandissement de 1200 pi2 avant d’être sérieusement endommagé lors de l’incendie du 24 juin 1998 qui a rasé l’édifice de ­Ferronnerie ­Cowansville.

« ­Nous avons poursuivi nos activités comme locataire pendant neuf mois au 1303 de la rue ­Sud, dans un immeuble construit par ­Réjean ­Grandmont, avant de retourner à notre adresse d’origine en mars 1999 », signale l’actuel propriétaire.

Ameublement ­Frigon a fait l’acquisition de l’édifice de la famille ­Grandmont deux ans plus tard, soit en mai 2001.

« À l’origine, nous occupions un local de 7500 pi2 au ­rez-de-chaussée alors que le deuxième étage abritait les locaux d’Énergie ­Sud. Au début de 2004, le centre d’entraînement de la famille ­Grandmont est déménagé et nous avons pris la totalité de la bâtisse », résume M. Frigon.

Contexte difficile

Ameublement ­Frigon a été l’un des premiers magasins de meubles à se joindre au regroupement ­Le ­Meubleur. C’était en 1988. Cette entité a changé de nom en 2005 et est aujourd’hui connue sous la bannière ­Accent.

L’entreprise familiale de la rue ­Sud n’a pas été trop affectée par la pandémie et a même vu son chiffre d’affaires « exploser » durant cette période malgré des délais de livraison plus importants. Cette dernière n’a toutefois pas été en mesure d’échapper à la pénurie de ­main-d’œuvre.

« ­Il est de plus en plus difficile de trouver du personnel. Et lorsqu’un employé – que nous dû former pendant 12 à 18 mois – décide de partir, tout est à recommencer. Voilà pourquoi les propriétaires travaillent de plus en plus et sont forcés de réduire les heures d’ouverture de leur établissement. Chez nous, le magasin est désormais fermé le dimanche et le lundi », signale M. Frigon.

Vente de fermeture

Le propriétaire d’Ameublement ­Frigon a mis la direction du groupe ­Accent au courant de son projet en décembre dernier. Il entend par ailleurs profiter des prochains jours pour expliquer à ses clients la décision qu’il vient de prendre et les informer de la marche à suivre pour continuer à bénéficier du service ­après-vente auquel ils ont droit.

« ­Nous entendons honorer notre carnet de commandes comme à l’accoutumée. L’entreprise demeurera donc ouverte tant et aussi longtemps que toutes les commandes n’auront pas été livrées. Le magasin va également conserver sa page ­Facebook afin de pouvoir transmettre de l’information à la clientèle », ­mentionne-t-il.

Le magasin sera fermé les 12, 13 et 14 mars en vue de la préparation de la vente de fermeture qui doit commencer le 15 mars.

« ­Quelques mois devraient être nécessaires pour écouler un inventaire d’une valeur au détail d’un million $. Cela signifie que le magasin ne fermera pas ses portes avant l’été », résume le fils du fondateur.

Ce dernier ajoute que la bâtisse est à vendre et il se dit « ouvert à la discussion »

Projets de retraite

À 61 ans, ­Alain ­Frigon n’a aucunement l’intention de se tourner les pouces.­

Celui-ci entend profiter de sa retraite pour effectuer les voyages dont il rêve depuis la fin de ses études.

« ­Pendant mes 40 années de travail, je n’étais pas en mesure de prendre plus de deux semaines de vacances au cours de l’été. Ça réduisait donc mes chances de voyager », explique-t-il.

Le futur retraité souhaite par ailleurs effectuer un « retour dans la nature » après avoir travaillé entre quatre murs la plus grosse partie de son existence.

« ­Ma conjointe et moi planifions un voyage au ­Népal, un trek de trois semaines qui nous conduira jusqu’à la base de l’Everest », ­ajoute-t-il.

Il veut également se garder du temps pour des excursions à vélo et des journées de ski.