AGRICULTURE. Cowansville attire visiblement les projets agricoles d’envergure ces dernières semaines. Après une bergerie, dont la construction débutait il y a une dizaine de jours, voilà que deux entrepreneurs vénézuéliens jettent leur dévolu sur la localité et projettent de bâtir une serre où pousseront notamment tomates et concombres.
Mis de l’avant, entre autres, par Antonio Rosillo, le projet, qui pourrait également voir grandir des poivrons et des fines herbes, doit s’étendre sur 12 000 m2. «On vise une production saine sur l’année complète, avec quelques innovations technologiques», raconte le Canadien d’adoption, disant emprunter aux principes de l’économie circulaire.
L’acquisition du terrain appartenant à l’entreprise Planchers des Appalaches fait l’objet de négociations. La parcelle convoitée pour le projet de serre est située à l’est du pénitencier fédéral de Cowansville et est bordée au nord par la rivière Yamaska Sud-Est. Elle longe la route 139.
M. Rosillo, un agronome et président de l’entreprise agricole Le Jardin de légumes, a complété une maîtrise en Agroéconomie à l’Université Laval.
Le système qui permettra de chauffer la serre fonctionnera au gaz naturel et à la biomasse. Celle-ci proviendra des résidus de bois de l’entreprise Planchers des Appalaches.
En combinant les technologies et la certification biologique, l’entreprise espère être en mesure de produire jusqu’à 500 000 kilos de légumes par an.
Le projet de serre est alimenté par des investissements de 4,5 M$ qui pourraient s’échelonner sur les cinq ou six prochaines années. Après avoir obtenu les autorisations de la Ville et de la MRC, les deux entrepreneurs s’attaqueront à la question du financement. «On espère débuter avec une somme investie plus petite, pour grandir petit à petit.» Si tout se passe comme souhaité, le projet pourrait démarrer dès l’été, avec une première phase de 2000 m2. Il pourrait permettre de créer jusqu’à 25 emplois.
Un volet social
Ces emplois iraient en priorité aux personnes vivant avec un handicap, d’après les esquisses du projet. Des partenariats avec les commissions scolaires pour des activités éducatives sont aussi dans les plans. Les légumes dits «déclassés» seront en outre remis aux banques alimentaires.
Concurrence
Plusieurs joueurs sont bien campés dans le marché des légumes produits en serre au Québec, reconnait M. Rosillo, on n’a qu’à penser au groupe Sagami. Comment entend-on se différencier cette fois? Par l’utilisation de technologies propres et innovatrices, ainsi qu’un marketing distinctif. «Il nous faut entrer de manière la plus efficace possible. Tout devra être réglé au quart de tour pour assurer notre compétitivité», assure M. Rosillo.
L’entreprise naissante ne veut toutefois pas jouer dans la cour des grands, du moins pas à court terme. Elle vise d’abord et avant tout les marchés locaux montérégiens, publics et institutionnels, question de «réduire l’importation de légumes, surtout en saison froide», laisse savoir M. Rosillo.
En s’installant dans cette partie du Québec, les deux entrepreneurs veulent profiter d’un climat plus doux. «Ça devrait coûter la moitié moins en chauffage que ceux qui se trouvent plus au Nord», avance l’agronome. La proximité des ressources pour le chauffage de la structure a aussi pesé dans la balance, il va sans dire.
Sans négliger la promiscuité avec les frontières du Vermont, si le groupe décide éventuellement d’exporter une partie de sa production.