AFFAIRES. L’impasse qui subsiste dans le projet de développement immobilier du mont Foster exaspère l’un des deux promoteurs impliqués. Guy Lussier exhorte maintenant l’ensemble des parties à se mettre à table pour trouver un terrain d’entente.
La propriété aux multiples lots de M. Lussier et de son associé Pierre Burel chevauche les municipalités de Bolton-Ouest et de Saint-Étienne-de-Bolton.
L’un des points qui achoppent dans les pourparlers concerne le nombre de lots qui peuvent être développés. D’abord conçue avec deux voies de sorties, la première de quatre phases du projet comptait un peu moins d’une vingtaine de lots d’une superficie variant entre 3 et 4,6 hectares.
La construction de l’axe routier qui rejoignait le chemin Summit, plus au nord de la montagne, a toutefois été freinée par l’adoption d’un Règlement de contrôle intérimaire (RCI) à la fin de 2012 par la MRC Brome-Missisquoi. Ce dernier allait interdire toute construction ou tout prolongement de routes en dehors du périmètre urbain, une classification que l’on ne retrouve d’ailleurs pas à Bolton-Ouest.
Réduit à une seule voie de sortie, le projet est depuis soumis au maximum de onze lots constructibles sur le territoire de Bolton-Ouest.
De plus, cette dernière n’ayant pas émis d’avis de conformité, le ministère de l’Environnement n’a toujours pas donné son accord à l’extension du tronçon routier.
Le projet immobilier s’est buté à un fort mouvement de contestation au cours des cinq dernières années. L’achèvement partiel de travaux de prolongement de l’axe routier destiné à la troisième phase, effectués sans permis municipal il y a quelques années à un moment où une autre société (Domaine Mont Foster) était à la barre, a miné le dossier au fil des ans.
Le regroupement «Citoyens pour un Bolton rural» s’était également farouchement opposé au projet domiciliaire.
Devant les tribunaux
En avril 2015, Bolton-Ouest a exercé son droit de «Réserve pour fins publiques» sur deux des lots, aux limites de son territoire et à proximité de la Tour des scouts, bloquant ainsi tout développement pour deux ans. La mesure, que les deux promoteurs contestent devant les tribunaux, vient à échéance en avril prochain, mais peut être renouvelée pour deux autres années.
Dans un cul-de-sac
Guy Lussier se dit excédé par l’immobilisme dans lequel se trouve plongé le projet. Il montre du doigt le manque de cohésion entre les divers règlements municipaux et accuse les deux localités de n’être que trop peu collaboratives.
«Chaque fois qu’il y a des tentatives de négociations, ça tourne en rond. C’est la ligne dure et rien d’autre.»
Il se montre toutefois ouvert à la conciliation, affirmant qu’un projet est actuellement sur la planche à dessin, sous la responsabilité d’un urbaniste.
Cette proposition, qu’il qualifie de globale, pourrait mener au don de 200 acres de terrains, transformés en réserve écologique protégée à perpétuité, avec le droit d’y développer des sentiers pédestres accessibles à tous. Son exécution pourrait s’échelonner sur la prochaine décennie.
«Nous allons être plus parcimonieux. Je pense qu’il est temps que l’on travaille tous main dans la main, et que l’ensemble des parties fasse sa part de compromis, pour assurer la pérennité du parc», évoque M. Lussier.
Les promoteurs pourraient en échange tenter d’obtenir la permission de vendre davantage de lots que la limite ne leur impose en ce moment.
Ces idées devraient se préciser au cours des prochaines semaines, et seront vraisemblablement présentées aux élus des deux municipalités concernées.
Entente suspendue
Entretemps, les deux promoteurs ont retiré la permission accordée à Sentiers de l’Estrie qui donnait le droit aux marcheurs de grimper jusqu’à la Tour des scouts, un point de vue offrant une vue panoramique situé sur le territoire de Saint-Étienne-de-Bolton. Une décision qui soulève depuis l’ire de plusieurs habitués de l’endroit.
«C’est un actif communautaire, et c’est sincèrement la vocation que j’aimerais que ça garde. Mais de notre côté on ne continuera pas à se battre, prévient-il. Les gens continuent d’y aller, même si ce sont des terrains privés. Si rien ne bouge, malheureusement, ils resteront privés et nous augmenterons la surveillance», insinue-t-il.
Des intentions incomplètes
La mairesse de Saint-Étienne-de-Bolton, Michèle Turcotte, se montre prudente dans ses commentaires, se disant en attente d’une offre concrète.
«M. Lussier est au courant des règles de développement permises sur son terrain, et ce sont les mêmes qui s’appliquent pour tout le monde», a-t-elle d’abord expliqué, au moment où elle sortait tout juste d’une rencontre avec le promoteur.
«Nous lui avons réitéré qu’il doit nous présenter un projet conforme. Une Municipalité se prononce sur des dossiers concrets. Tant qu’il n’y a rien sur la table, on ne peut rien dire.»
Mme Turcotte ne ferme toutefois pas la porte à un accord qui servirait le bien commun. «On peut avoir un projet d’ensemble. Si M. Lussier décide que cette montagne (Tour des scouts) devienne accessible à tous et qu’elle soit conservée à perpétuité, il sera un héros et aimé de tous. On ne verrait absolument pas ça d’un mauvais œil», de conclure la mairesse.
Le discours est similaire à Bolton-Ouest. «Nous demandons à M. Lussier de nous présenter un projet qui est conforme aux règlements. La balle est dans son camp, laisse savoir le maire de Bolton-Ouest, Don Badger. Différentes options nous ont été présentées jusqu’ici, mais aucune n’est conforme au règlement, et la position des membres du conseil, c’est de le conserver tel qu’il est.»
«Mais nous sommes prêts à écouter toute nouvelle proposition; il n’y en a pas eu depuis un bon bout de temps», ajoute le directeur général Renaud Ayotte.