Entraîner la mémoire pour améliorer l’apprentissage?

ÉTUDE. Entraîner la mémoire de travail des enfants peut-il améliorer leur capacité d’apprentissage? Chercheuse et professeure de psychologie à l’Université de Sherbrooke, Véronique Parent réalise une étude sur la question auprès d’élèves de Val-des-Cerfs.

Des élèves de première année de l’école Ave Maria et des élèves de deuxième année de l’école St-Joseph ont pris part au projet. L’enquête a aussi été réalisée dans cinq autres écoles de la Montérégie.

Quatre fois par semaine, durant six semaines, pour un total de 24 séances de 30 minutes, les enfants ont répondu aux questions d’un outil informatique créé par la chercheuse. Le jeu consiste à se remémorer une séquence de chiffres, de lettres ou de cercles de couleurs et à la reproduire.

«On sait que ça améliore la mémoire, mais pour le moment on ne peut pas voir s’il y a un impact sur la performance scolaire», a indiqué Mme Parent qui dévoilait les résultats préliminaires de son travail.

D’après les résultats obtenus par les élèves du groupe «entraîné» par rapport au groupe témoin, les premiers ont amélioré leur mémoire de près de deux points en moyenne.

La chercheuse croit cependant que des bienfaits académiques pourraient être observables à plus long terme. Un suivi des élèves est prévu au cours de la prochaine année scolaire pour valider s’ils ont conservé leurs acquis et si d’autres améliorations peuvent être quantifiées.

Impacts secondaires

S’il n’est pas possible pour le moment de mesurer des bienfaits sur l’apprentissage, Véronique Parent se réjouit de nombreux impacts secondaires positifs. Les groupes d’élèves impliqués dans l’étude se sont révélés beaucoup plus autonomes, plus attentifs et très persévérants.

«Leur persévérance m’a impressionnée. C’est difficile de se concentrer sur l’exercice durant 30 minutes, c’est très exigeant sur le plan cognitif», souligne-t-elle. Des enseignantes impliquées dans la démarche ont aussi noté des améliorations dans l’autonomie et la concentration de leur classe.

Des écarts imprévus ont aussi été notés entre les élèves de première et de deuxième année. Les plus jeunes améliorent davantage leurs capacités visuelles et spatiales, alors que ceux de deuxième année améliorent principalement leurs compétences verbales.

Plusieurs conseils offerts aux élèves pour améliorer leur performance dans l’outil d’entraînement ont d’ailleurs servi en classe. «On leur disait de s’arrêter et d’écouter la consigne, de se répéter la consigne et de se faire un film dans leur tête de la séquence», énumère Mme Parent.

Trois élèves de l’école primaire Ave Maria ont confié avoir mis à contribution ces astuces dans leurs travaux en classe.

Mémoire, nouvelle science!

On sait à quel point le développement cognitif de l’enfant est capital pour favoriser ses chances de réussite scolaire. Pourtant, on commence à peine à s’intéresser au potentiel d’amélioration de la mémoire.

«C’est une fonction centrale qu’on négligeait jusqu’à il y a environ 10 ans parce que l’on pensait que c’était une fonction qui ne s’améliore pas», mentionne Véronique Parent.

Maintenant que l’on sait que ce n’est pas le cas, des logiciels se multiplient pour entraîner le cerveau. La plupart sont destinés aux aînés, mais ils n’ont pas tous fait l’objet d’études sur leur réel impact.

D’autres ont aussi été conçus pour les enfants, mais à partir de la troisième année seulement. La chercheuse de l’Université de Sherbrooke veut savoir s’il est possible d’intervenir à partir de la première année du primaire.