Expositions agricoles:  des retombées de 65M $ pour les régions

AGRICULTURE. Les 31 expositions agricoles du Québec contribuent de façon non négligeable à l’essor économique des régions avec des retombées annuelles de 65M $. Ces grands rassemblements populaires, qui favorise le rapprochement entre la ville et la campagne, attirent au-delà d’un million de visiteurs par an. Portrait de ce monde en pleine mutation.

La coordonnatrice de l’Association des expositions agricoles du Québec (AEAQ), Sandra Verret, est formelle: il n’existe pas de modèle unique ou de portrait-type pour ce genre d’événement.

«Si la plus grosse exposition – celle de Saint-Hyacinthe – accueille entre 150 000 et 200 000 visiteurs bon an, mal an,  les plus petites n’en reçoivent pas plus 3 500 à 5 000. La durée des expositions varie par ailleurs entre trois et dix jours (Saint-Hyacinthe et Trois-Rivières). Il y a tout un monde de différences entre les deux extrêmes», explique-t-elle.

La fréquentation des sites dépend de plusieurs facteurs: bassin de population, proximité des grands centres, dynamisme de l’organisation, originalité du calendrier d’activités, concurrence des festivals et autres grands rassemblements de masse.

L’exposition du Témiscamingue part le bal à la fin mai alors que celles de Brome, Shawville et Richmond clôturent la saison.

Autre élément distinctif: la longévité. Certaines foires agricoles ont près de 200 ans d’existence alors que d’autres n’en ont guère plus de 30 ou 40.

«Bedford (192 ans) et Lachute (191) se partagent le titre de la plus ancienne exposition agricole au Québec. Brome suit pas très loin derrière avec 159», signale Mme Verret.

Selon le président de l’AEAQ, André Labonté, près du tiers des foires agricoles relève d’une société d’agriculture, les autres étant pilotées par une organisation indépendante de type OSBL.

Contraintes financières

La santé financière des expositions agricoles a fait couler beaucoup d’encre depuis 1992, année de la mainmise de Loto-Québec sur les casinos. On se rappellera que les roulettes et tables de jeu constituaient jusque-là une source de financement non négligeable pour les expositions.

Selon le président de l’AEAQ, la multiplication des occasions de rencontres entre les gens de la ville et de la campagne (marchés publics, dégustations de produits du terroir, journées portes ouvertes de l’UPA, etc.) jouerait également en défaveur des expositions agricoles.

«Les citoyens n’hésitent pas à payer le gros prix pour voir des spectacles en salle, mais sont les premiers à réagir quand une exposition agricole hausse son prix d’admission. Dans la mentalité des gens, ça ne doit pas coûter cher pour entrer à l’expo», poursuit M. Labonté.

Pour compenser ce manque à gagner, certaines expositions chargent des droits d’entrée pour les manèges ou les spectacles.

Plusieurs expositions agricoles peinent également à recruter des bénévoles…

«Les bénévoles de la première heure prennent de l’âge et devront être remplacés tôt ou tard. Mais, comme la relève met parfois du temps à se manifester, certaines organisations doivent se résoudre à payer du personnel», explique M. Labonté.

Pistes de solution

Les expositions agricoles réussissent malgré tout à rester en selle en usant d’imagination. Il leur faut sortir des sentir des sentiers battus, sans pour autant tomber dans la facilité.

«Les concours d’hommes forts sont très populaires cette année, mais si tout le monde ajoute ce type d’activité à sa programmation, il n’y aura plus d’intérêt chez les visiteurs», insiste M. Labonté.

Si le tiers des expositions proposent toujours des manèges à leur clientèle, plusieurs organisations optent plutôt pour des jeux gonflables, à moindres coûts.

«Plusieurs expositions se mettent ensemble pour acheter un jeu ou un équipement – une vache mécanique pour la traite par exemple – qu’elles pourront ensuite se partager. La facture est beaucoup moins élevée à cinq ou six que tout seul», signale le président de l’AEAQ.

Selon M. Labonté, les organisateurs ne devraient pas non plus hésiter à aller voir ailleurs et à s’inspirer des bons coups des autres expositions.

«Cinq organisations se sont regroupées et ont fait appel à deux étudiants en théâtre pour rencontrer les jeunes des terrains de jeu, les aider à se familiariser avec le milieu agricole et les sensibiliser aux avantages de l’achat local. Pourquoi les expositions agricoles ne pourraient-elles pas contribuer à changer les mentalités?», se demande-t-il.

Tablant sur  la popularité des mini-fermes et des circuits éducatifs dans les expositions agricoles, l’AEAQ a décidé d’aller plus loin en développant un projet de cahiers à colorier sur les races animales et les plantes fourragères destinés au milieu scolaire. Une bonne façon d’accroître la visibilité du monde agricole dans les écoles.

«On a mené un projet pilote dans une école de Beauport et fait une première approche auprès du ministère de l’Éducation. On va voir ce que ça va donner», précise le président de l’association.

Profil des expositions agricoles

. 31 expositions au Québec : Estrie (6), Montérégie (5), Chaudière-Appalaches (5), Bas-Saint-Laurent (4), Centre-du-Québec (2), Saguenay-Lac-Saint-Jean (2), Abitibi-Témiscamingue (2), Mauricie (1), Laurentides (1), Lanaudière (1), région de Québec (1) et Outaouais (1)

. De la fin mai à la mi-septembre

. Durée : de trois à dix jours

. 1,1 million de visiteurs par année

. De 3 500 à 150 000 visiteurs par événement

. 65M $ de retombées pour les régions