TOURISME. L’harmonisation de la taxe sur le tourisme a son lot de partisans, jusqu’à présent majoritaires, mais aussi ses opposants.
Bien qu’il reconnaisse que ce genre de démarche «n’est jamais le fun ni facile», Alain Larouche, directeur général de Tourisme Cantons-de-l’Est, laisse entendre que les hôteliers et aubergistes verraient dans l’harmonisation de la taxe d’hébergement certaines retombées plus directes. 20 % du montant perçu pourrait, entre autres, être récupéré sous forme de crédits dédiés au marketing, par le biais justement de Tourisme Cantons-de-l’Est.
Cet incitatif ne suffit pas à convaincre Michel Gabereau, copropriétaire de l’Auberge Knowlton à Lac-Brome depuis près de deux décennies.
«Ça ne nous intéresse pas vraiment. Nous sommes une petite auberge et le marketing, on le fait nous-mêmes, sur Internet notamment», précise-t-il.
L’aubergiste opterait plutôt pour l’abolition de la taxe d’hébergement, actuellement à 3 $ dans les Cantons-de-l’Est. «Maintenant, et de plus en plus, nous sommes obligés de passer par des sites comme Booking.com ou Expedia qui nous prennent 15 %, en plus des 15 % de taxes régulières, énumère-t-il.
«Il y a aussi 2 à 3 % pour les émetteurs de cartes de crédit. Si on ajoute ce 3,5 % [de taxe sur l’hébergement], ça fait 36 % de ce que débourse notre clientèle qu’on ne voit jamais. Ça devient abusif. En plus, la nouvelle taxe viendrait s’appliquer sur le montant total. C’est une taxe sur les taxes.»
M. Gabereau affirme ne pas se sentir concerné par les bénéfices d’une telle hausse.
«C’est peut-être bon pour les grandes chaînes, mais pour les plus petits établissements comme nous, je pense que ça ajoute aux coûts et ça devient prohibitif», de conclure M. Gabereau.
Pérennité
Pour Benoit Sirard, PDG du Domaine Château Bromont, les effets positifs sont multiples. «Peu importe où le consommateur ira, ce sera la même chose pour tout le monde, ça sécurise la clientèle, explique M. Sirard.
«La taxe augmentera tout le marketing fait à l’extérieur du Québec, et, selon moi, c’est important puisqu’on est situé tout près de la frontière avec les États-Unis, surtout dans un moment où le taux de change est avantageux et que le prix de l’essence est bas.
«En cette période de boom mondial, on ne peut juste attendre que des Américains ou des Français viennent chez nous. On vient garantir une pérennité pour le milieu touristique», laisse entendre M. Sirard.
À ceux qui affirment que le marketing déployé à l’extérieur de la province ne comblerait que les chambres des gros joueurs, le gestionnaire du complexe hôtelier de Bromont pense le contraire.
«C’est une roue qui tourne. Si l’afflux de touristes augmente ici, je ne verrais pas pourquoi les plus petits joueurs n’en profiteraient pas. S’il n’y a pas assez de taxes dédiées au positionnement du Québec ailleurs, les petits comme les gros joueurs en souffriront…»