«Le fait de ne pas savoir qui l’a financé, ça nous chicote»

MÉDIAS. Surnommé le «nouveau magnat de la presse», dimanche soir sur le plateau de Tout le monde en parle à ICI Radio-Canada, l’ex-ministre libéral et propriétaire du Groupe Capitales Médias qui a mis la main sur les six quotidiens régionaux de Gesca, Martin Cauchon, a fait un court arrêt à Granby lundi après-midi.

Après avoir rencontré la soixantaine d’employés de La Voix de l’Est à leur bureau de la rue Dufferin à Granby, Martin Cauchon a pris part à une courte mêlée de presse d’à peine huit minutes et n’a pas voulu préciser la valeur de la transaction, ni qui se trouve derrière le financement. «Concernant la transaction, la réponse a été répétée. C’est une transaction privée», indique-t-il d’emblée. Une réponse à moitié digérée par le représentant syndical des employés de La Voix de l’Est.

«Le journaliste que je suis sait pertinemment que jamais je n’aurai accès à cette information-là [le montant de la transaction]. Le fait de ne pas connaître qui l’a financé, ça, en effet, ça nous chicote. […] Il a dû s’être fait poser la question mille fois la semaine dernière et il a toujours répondu qu’il est le seul actionnaire, qu’il n’a pas à donner d’information sur qui l’a financé. On respecte ça, mais c’est sûr que comme journal, le fait qu’on soit des journalistes, on aurait aimé savoir ça, on aurait aimé avoir plus de transparence», dit Michel Laliberté en indiquant que la nouvelle de la vente est maintenant «digérée» par les troupes.

L’ex-ministre libéral sous le gouvernement de Jean Chrétien et avocat de formation a fait part de sa vision à ses nouveaux employés. «Concernant l’avenir, je pense que les employés peuvent le voir de manière positive. Le modèle des médias régionaux est rentable, mais comme toute entreprise, on a nos défis», note Martin Cauchon, en parlant notamment de l’érosion du papier. «Il nous a présenté sa vision des choses, vision avec laquelle on est d’accord», ajoute M. Laliberté.

Transition

S’il a maintenant 100% des rênes de l’entreprise, Martin Cauchon et Capitales Médias entreprennent une transition pour se détacher de La Presse. «Quelques liens seront gardés sur une base commerciale avec Gesca, notamment la publicité nationale. Il est dans notre intérêt de pouvoir continuer ça. On veut [se détacher de l’image de Gesca] le plus rapidement possible pour représenter notre groupe», dit-il.

Quant à une possible restructuration ou à une perte d’emplois, Martin Cauchon s’est fait avare de commentaires. «J’aurai une rencontre avec les dirigeants des différents journaux d’ici deux semaines. Il y aura une retraite de deux ou trois jours et ce sera là qu’on va mettre en place le premier plan de 100 jours et comment on va aborder la négociation avec les syndicats, voir l’état des lieux en d’autres termes. Après ça, j’aurai probablement une meilleure perception des choses», mentionne Martin Cauchon. Capitales Médias regroupe un peu plus de 500 employés, dont 64 sont basés à Granby.

MM. Cauchon et Laliberté auront l’occasion de se rencontrer à de multiples reprises prochainement puisque 15 des 17 conventions collectives des six quotidiens de Gesca sont expirées depuis le 31 décembre dernier.