Ottawa penche vers une relance de la ferme expérimentale de Frelighsburg   

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Par Ghyslain Forcier
Ottawa penche vers une relance de la ferme expérimentale de Frelighsburg   
La ferme expérimentale de Frelighsburg

AGRICULTURE. L’arrivée au pouvoir des libéraux de Justin Trudeau pourrait modifier le cours de la ferme expérimentale de Frelighsburg. Le site, mis en vente sous le gouvernement conservateur, demeurerait plutôt dans le giron du fédéral et servirait à nouveau comme lieu de recherche, a appris Journal Le Guide.       

«Il y avait une pancarte à vendre, mais on l’enlève», clame le député fédéral de Brome-Missisquoi Denis Paradis, précisant d’emblée que rien «n’est complètement attaché» pour le moment. La ferme avait cessé ses activités en 2012 à la suite de compressions budgétaires.

Sous l’ère Harper, le gouvernement souhaitait se défaire des installations de 113 hectares à leur valeur marchande. La propriété était alors évaluée à un peu moins de 700 000 $. 

«La ferme doit, selon moi, rester entre les mains du gouvernement canadien et d’Agriculture Canada. On devrait y établir un centre de recherche comme c’était avant, mais encore plus performant, quelque chose de complémentaire à ce qui se fait ailleurs, estime M. Paradis. 

«M. Harper avait ordonné certaines coupures et les fonctionnaires s’étaient empressés de venir couper chez nous, mais ça ne correspond pas à ma vision ni à celle du gouvernement fédéral actuel. Nous croyons à la recherche, le dernier budget en témoigne d’ailleurs.»

Les montants octroyés en Recherche et développement ont certes été bonifiés dans le dernier budget du ministre Morneau, mais rien n’a été directement attribué au site frelighsbourgeois, pas plus qu’aux autres sites canadiens d’ailleurs.     

N’empêche, en se remettant en marche, le mandat de la ferme expérimentale pourrait être orienté vers la recherche sur les fruits croissant dans un climat froid, poursuit M. Paradis. Ce dernier ne manque pas de souligner au passage que les pommes, bleuets, poires et raisins poussent en abondance dans la région.

«Nous sommes les mieux placés pour faire ces recherches», assure M. Paradis, tout en rappelant qu’à la fermeture des installations de Frelighsburg, une bonne partie de la recherche avait été transférée dans la vallée de l’Okanagan en Colombie-Britannique.

Un partenariat fédéral-provincial?

Le destin de la ferme pourrait, entre autres, reposer sur une alliance Québec-Ottawa. À ce sujet, Pierre Paradis, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, et député provincial de Brome-Missisquoi, reste prudent, tout en se disant «inconfortable» avec la cessation des activités depuis quatre ans. 

Avant même d’envisager toute forme de partenariat, précise-t-il, la ferme doit repasser entre les mains d’Agriculture Canada, alors que c’est Travaux publics Canada qui en a hérité sous le gouvernement conservateur, dans le cadre du processus de vente. Le fédéral avait sondé l’intérêt du provincial dans ce dossier, mais les pourparlers n’ont pas abouti.           

«À partir du moment où ce geste sera posé, tous les espoirs sont permis. Mais il faut procéder par étapes et le reste n’est pour l’instant que spéculation.»

«Une volonté des deux côtés»

Le député Denis Paradis précise pour sa part qu’il existe «une volonté des deux côtés. Ne reste qu’à voir la nature de la collaboration.»

M. Paradis y voit une occasion d’assurer la pérennité du projet. «Je veux que ce soit quelque chose qui fonctionne avec des fonds fédéraux et provinciaux sur une base régulière, et non sporadique.»

Ce dernier mentionne également que des scénarios impliquant certaines universités sont à l’étude. La municipalité pourrait aussi être plongée dans les pourparlers.  

Les équipements ne regagneront toutefois pas le site au cours des prochaines semaines, puisque, selon M. Paradis, il se fait un peu tard pour l’actuelle saison.   

Le maire de Frelighsburg optimiste

Tout juste élu, le nouveau maire de Frelighsburg, Jean Lévesque, se dit optimiste de voir à nouveau la ferme grouiller d’activités. «Il est clair que le gouvernement actuel se montre beaucoup plus ouvert à la recherche que le précédent. On sent que ça bouge, et on espère que les projets nous apporteront beaucoup», laisse entendre le premier magistrat.

La Ville loue actuellement une partie du site, où elle y entrepose ses camions incendie.        

Dans le cadre du processus de vente, Frelighsburg avait démontré de l’intérêt pour faire l’acquisition d’une parcelle de terrain à de mêmes fins. «On maintient cette position dans le cas où ça ne fonctionnerait pas.»  

Recherche et développement

41,5 M$

La somme dédiée aux infrastructures scientifiques liées à l’agriculture dans le dernier exercice budgétaire du ministre des Finances Bill Morneau. L’enveloppe pourrait ainsi être consacrée à «la remise en état et à la modernisation de certaines stations de recherche […] d’Agriculture et Agroalimentaire Canada […] en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, en Ontario et au Québec», peut-on y lire.

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