CHIENS. Le dossier des pitbulls fait couler beaucoup d’encre au Québec actuellement. Les villes de Brossard et Québec ont annoncé cette semaine leurs intentions de vouloir bannir cette race de chiens de leurs territoires. Cibler uniquement le pitbull ne règlerait pas le problème selon Carl Girard, qui est le directeur des opérations pour la Société protectrice des animaux des Cantons.
Pour le principal intéressé, le gouvernement du Québec doit légiférer contre les chiens dangereux et non pas contre les pitbulls.
«Le bannissement des races, je suis contre ça. Ça ne tient pas debout! On a le choix de protéger l’ensemble de la population ou simplement 20%. Les morsures faites par des pitbulls représentent à peine un cinquième des morsures totales par des chiens», raconte M. Girard.
Dans le cadre de son travail, ce dernier constate que de nombreuses morsures sont réalisées par des labradors croisés ou des bergers allemands croisés plutôt que des pitbulls. Il cite en exemple certains endroits dans le monde qui ont banni cette race de chiens et qui n’ont pas vu de différence au niveau du nombre de morsures.
«L’Ontario a décidé de bannir le pitbull en 2005 et il n’y a pas eu de changement. Il y a même eu plus de morsures. La Hollande a aussi banni ce type de chien en 1993 et le résultat n’a pas été plus concluant», ajoute-t-il.
Carl Girard est d’avis que le Québec n’est pas proactif dans ce dossier.
«Ici, trois ou quatre analystes politiques vont créer une hystérie collective à travers la population pour l’histoire des chiens. Les lois québécoises sont très souvent en réaction à des situations au lieu d’être proactives. Au Québec, on est carrément 30 ans en arrière par rapport à l’Europe», insiste le directeur de la SPA des Cantons.
M. Girard fait savoir que lorsqu’un chien est agressif, il faut avoir accès à certaines informations afin qu’il soit identifié, retracé et qu’on sache où est la bête en tout temps. Il ajoute qu’une douzaine et même une quinzaine de mesures sont en place lorsqu’un animal se montre agressif.
Pour le principal intéressé, une morsure n’a pas sa place.
«Qu’une personne se fasse mordre, c’est intolérable! La croyance populaire que les chiens mauvais sont élevés par des mauvais maîtres, c’est faux ça! La maladie mentale existe aussi chez les chiens. Un vieux chien peut aussi souffrir de démence. Il y a aussi des chiens qui peuvent être tarés», ajoute Carl Girard.
Québec pourrait imiter l’Ontario
Pour sa part, le gouvernement de Philippe Couillard suivrait «probablement» l’exemple de l’Ontario en interdisant les chiens pitbulls. Lors d’un point de presse ayant lieu hier, le premier ministre a souligné qu’il voulait prendre l’été et le début de l’automne pour réfléchir à la question, en compagnie des municipalités, qui peuvent également légiférer en la matière.
Rappelons que la question du pitbull est dans l’actualité depuis la mort tragique d’une femme le 8 juin dernier, attaquée par un chien de cette race, dans un quartier de Montréal.