Sutton: l’hôtel de ville contaminé

Sous des allures flamboyantes, le vieil hôtel de ville de Sutton cache des vices importants qui mettent en péril la santé des employés municipaux. L’administration Pellan devra investir des sommes importantes pour résoudre les problèmes de contamination et de structure. Elle songe par ailleurs à profiter de l’occasion pour relocaliser la salle du conseil et offrir un nouveau toit aux organismes communautaires. La facture pourrait s’élever entre 400 0000 $ et 4 M $ selon l’option retenue.

Jean-François D’Amour, greffier et directeur adjoint de la Ville de Sutton, éprouve des problèmes de santé depuis deux ans. Ce dernier a consulté un ORL, il y a quelques semaines, pour des ennuis d’ordre respiratoire.

«Comme j’ai passé les tests d’allergies avec succès, j’ai bien compris qu’il devait y avoir une autre explication à mes problèmes de santé», indique M.D’Amour.

Le taux d’absentéisme élevé chez les autres employés municipaux, l’hiver dernier, a également interpellé les membres du conseil qui ont cru bon de procéder à une analyse de l’air ambiant. Les résultats de ces tests sont venus confirmer les doutes qui trottaient dans la tête des élus.

«Les prélèvement effectués par la firme AirMax Environnement ont démontré que la quantité de contaminants dans l’air était sept fois plus élevée dans l’hôtel de ville qu’à l’extérieur. Le conseil a compris qu’il lui fallait agir et rapidement, dans l’intérêt de tout le monde», précise le maire Pierre Pelland.

Mesures temporaires

Un examen plus approfondi, effectué par le Groupe Batimex, a révélé la présence de moisissures et de champignons au sous-sol et dans l’ancienne caserne abritant les bureaux du greffe. Des infiltrations d’eau seraient à l’origine du problème.

Les trois employés de ce service ont été relocalisés la semaine dernière au deuxième étage du bâtiment principal, dans la salle de délibérations du conseil. L’ancienne caserne a également été barricadée pour éviter les allées et venues entre ses murs.

«Les experts en bâtiment nous ont clairement laissé entendre que la vieille caserne ne pourrait pas être restaurée. On devra la démolir, puis la reconstruire, si le conseil le juge à propos», signale le maire Pelland.

La Ville de Sutton devra par ailleurs procéder, dès cet été, à la décontamination du sous-sol et des bouches d’aération qui permettent aux contaminants fongiques de circuler entre les planchers et les murs jusqu’au rez-de-chaussée.

«Il faudra décontaminer le sous-sol, les aires de travail, isoler le solage de pierre et l’imperméabiliser par l’extérieur. Le système de chauffage est rendu à la fin de sa vie utile et devra être remplacé», résume André Parent, du Groupe Batimex.

Une étude préliminaire laisse présager des dépenses de l’ordre de 400 000 $ à 500 000 $ pour les travaux les plus urgents.

«En ouvrant les fenêtres et en interrompant la circulation d’air propulsée par le système de ventilation, il devrait être possible d’effectuer les travaux sans évacuer les employés municipaux localisés au rez-de-chaussée», laisse entendre le maire Pelland.

Structure, plomberie, électricité

L’examen du Groupe Batimex a également permis de constater que le bâtiment était aux prises avec des problèmes de structure.

«Les travaux de décontamination et d’isolation ne règleront pas tout. Les poutres portantes du sous-sol sont déformées de façon significative. Il faudra également songer à remplacer la plomberie et le système électrique tôt ou tard. En ouvrant un mur, on s’est aperçu que les vieux fils électriques étaient cartonnés et goudronnés. Les électriciens estiment que ce type de filage n’est pas sécuritaire», indique le maire de Sutton.

Ces extras ne sont évidemment pas inclus dans la facture de 400 000 $ dédiée aux travaux de décontamination.

«Le conseil est actuellement en réflexion. Doit-on décontaminer sans toucher à la mécanique du bâtiment ? Ne devrait-on pas plutôt restaurer le bâtiment en totalité et ainsi s’assurer d’avoir la paix pour 30 ou 40 ans?  La question est posée», ajoute M.Pelland.

Un toit pour le communautaire

Le conseil municipal va encore plus loin dans sa réflexion et se demande s’il n’y aurait pas lieu d’entreprendre la démolition et la reconstruction de l’ancienne caserne en fonction des besoins actuels.

«Le rez-de-chaussée de la nouvelle partie pourrait servir de salle de réunion pour les séances du conseil et les rencontres des organismes communautaires. On pourrait également aménager des bureaux et locaux d’entreposage à l’étage pour combler les besoins des organismes communautaires qui réclament un toit depuis 10 ou 15 ans», résume le maire.

Si la municipalité décidait d’aller de l’avant avec ses projets B (travaux de structure, électricité, plomberie) et C (centre communautaire à l’emplacement de l’ancienne caserne), la facture pourrait grimper jusqu’à 3,5 M $, frais de contingence en sus (environ 300 000 $).

«La Ville devrait pouvoir se qualifier pour une subvention gouvernementale, en vertu du nouveau programme d’infrastructures du provincial, ce qui réduirait la contribution municipale de moitié. (2 M $ au lieu de 4 M $)», poursuit M.Pelland.

Au dire de ce dernier, le taux d’endettement de Sutton s’élève à 2,5 M $ et se situe bien en-deçà des normes minimales acceptables.

«La municipalité pourrait emprunter de 2 M $ sur 35 ans et rembourser le tout au moyen d’une taxe foncière spéciale d’un cent (0,01 $) du 100 $ d’évaluation. Le taux actuel de la taxe foncière s’élève à 0,60 $ du 100 $ d’évaluation», explique-t-il.

L’administration Pelland brossera un portrait complet de la situation, le samedi 18 mai à 10 heures, à la salle du conseil. Toute la population est invitée.

De plus, les citoyens recevront dans les prochains jours un feuillet explicatif sur le projet. Ils trouveront par ailleurs un complément d’information sur le blogue monhoteldevilledesutton.org et sur You Tube (clip tourné avec André Parent, du Gruope Batimex). De la publicité dans le journal Le Guide est également prévue.