Douze organismes de Brome-Missisquoi dénoncent la crise du logement

HABITATION. L’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de la Montérégie-Est et Action Plus Brome-Missisquoi organisaient une manifestation, vendredi dernier au parc Davignon, afin de dénoncer la crise du logement qui sévit dans Brome-Missisquoi.

Dix organismes communautaires de la région ont répondu à l’invitation des organisateurs. Il s’agit du Centre femmes des Cantons, Horizon pour elle, Le Phare source d’entraide, la Maison des jeunes de Cowansville, Espace vivant Cowansville, le Centre d’action bénévole de Sutton, la Cellule jeunes et familles, l’Association québécoise de défense des retraités, l’Association des personnes handicapées physiques de Brome-Missisquoi et la Corporation de développement communautaire de Brome-Missisquoi.

Prise de parole

Nicolas Gauthier, directeur général de la CDC de Brome-Missisquoi, tient notamment à rappeler que la crise du logement n’est plus un phénomène isolé ou marginal.

« La crise du logement, dit-il, est sur toutes les lèvres et touche de nombreuses portions de la population, y compris la classe moyenne. »

D’autres participants émettent des craintes au sujet de la hausse effrénée du coût des appartements, des listes d’attentes pour les HLM qui ne cessent de s’allonger ou des liens entre l’itinérance et l’absence de logements abordables.

« On a un nouvel itinérant en moyenne par semaine », signale Annie Boulanger, directrice de la Cellule jeunes et familles.

Un constat partagé par plusieurs autres organismes communautaires qui effectuent des interventions auprès d’une tranche vulnérable de la population.

« Les gens qui ignorent comment fonctionne internet sont très désavantagés dans la recherche de logement comparativement à ceux qui ne subissent pas la fracture numérique », indique Julie Coderre, conseillère budgétaire à l’ACEF Montérégie-Est.

Évelyne Auger, intervenante en défense des droits chez Action Plus Brome-Missisquoi, dit avoir remarqué un traitement discriminatoire à l’endroit de certains prestataires d’aide sociale. « Si un prestataire d’aide sociale donne davantage qu’un mois de loyer en guise de garantie à un locateur, il est susceptible de voir son chèque d’aide sociale réduit car il se retrouve alors considéré comme ayant dilapidé son avoir liquide », précise-t-elle.

Action Plus revendique l’arrêt des coupures sur le chèque d’aide sociale quand un prestataire vit avec une autre personne dans un logement.  « Présentement, puisque le prix des loyers est tellement élevé, les prestataires d’aide sociale s’appauvrissent à un rythme beaucoup plus rapide puisqu’ils doivent vivre seuls pour ne pas subir de coupe sur leur chèque d’aide sociale « , indique Mme Auger.

Julie Coderre constate de son côté que certains propriétaires imposent des « augmentations démesurées » ou ont recours à divers stratagèmes afin d’évincer leur locataire et de pouvoir louer leur logis à un prix plus élevé. Beaucoup de logements disponibles, ajoute-t-elle, sont par ailleurs trop dispendieux pour une personne à faible revenu.

« Il y a eu plusieurs rénovictions dont une compagnie de Montréal qui a acheté dix immeubles à Cowansville et qui a fait des offres de 3000$ et plus aux locataires pour qu’ils quittent leur logement », poursuit Mme Coderre.

Cette dernière aborde également la question de la fameuse clause F.  » Les locataires dont l’immeuble a été construit dans les cinq dernières années ne peuvent pas refuser une augmentation de loyer.  Leur seule option est d’accepter l’augmentation ou de quitter leur logement.  Nous avons eu plusieurs appels à ce sujet. Dans une situation où les logements abordables sont très rares, c’est tout simplement inacceptable », affirme Mme Coderre.