Un Suttonais tente de rapatrier son fils du Vénézuéla

VÉNÉZUÉLA. Depuis déjà près de deux ans, Charles Doyon, né à Montréal, effectue des démarches afin de quitter avec sa famille le Vénézuéla, où l’économie est tombée en ruine, pour revenir au Canada. Son père, André Doyon, un résident de Sutton, tente de l’épauler et de l’aider dans son périple.

«Charles est un citoyen canadien, explique M. Doyon. Il a passé une bonne partie de sa vie au Vénézuéla avec sa mère, mais il n’a pas la citoyenneté vénézuélienne. Il s’est marié, il a eu trois enfants avec deux femmes différentes. Il y en a un qui est en exil avec sa mère en ce moment au Chili.»

«Ce qu’on nous a suggéré, c’est de faire une demande de visa d’accommodation pour les faire venir ici et, à partir du Canada, on fera les demandes de passeport pour les enfants, indique-t-il. Les passeports pour eux, puisque leur père est canadien, c’est une formalité. Ça prendrait six mois et plusieurs formulaires à remplir, mais c’est une formalité.»

Au mois de novembre dernier, Charles Doyon a décidé de quitter le pays, qui avait fermé toutes ses frontières en raison de la pandémie.

«Ils sont arrivés à la frontière avec la Colombie, ils ont attendu un passeur, raconte son père. C’est à travers le bois, à travers des rivières, avec les enfants dans les bras.  Je leur ai loué un véhicule en Colombie pour se rendre à Bogota. Ils ont fini par avoir un rendez-vous avec l’ambassade canadienne. De là, ils ont pu refaire des demandes de passeport.»

Si les enfants sont en attente de recevoir leurs documents, l’histoire est plus compliquée pour la conjointe de Charles, Maria.

«Pour Maria, c’est une autre paire de manches. On a fait les demandes en même temps pour les enfants et pour elle. Il lui manquait un papier. C’était sa biométrie, soit ses empreintes digitales, une photo, un rapport d’Interpol.»

Après avoir effectué la traversée entre le Vénézuéla et la Colombie, ils ont dû franchir une autre frontière pour se rendre en Équateur pour sa biométrie. Après avoir été repoussée par un groupe paramilitaire, la famille a pu finalement se rendre à Quito au début janvier.

«Je n’aime pas les voir passer la frontière, a confié André Doyon. On a fait une téléconférence avec des gens du bureau de Lyne Bessette et des fonctionnaires d’Ottawa m’ont averti que le gouvernement canadien ne pourra pas intervenir s’ils passent la frontière de façon illégale.»

La famille est en ce moment installée dans un petit appartement en Colombie. Si elle va bien, l’impatience commence à se faire sentir.

«C’est long. En ce moment avec la COVID, c’est loin d’être une priorité pour le Canada. Des histoires comme la nôtre, il y en a partout.»
– André Doyon

Espoir

Si l’attente est longue, la famille Doyon ne perd pas espoir.

«Ça fait deux ans que j’espère toutes les semaines, affirme M. Doyon. On ne demande rien. On va s’occuper d’eux à leur arrivée. Ils feront leur quarantaine comme tout le monde. On va les soutenir financièrement.»

Une autre grosse étape s’en vient. Si les visas sont obtenus, il restera à les faire revenir au Canada, ce qui ne s’annonce pas une mince tâche compte tenu de la pandémie.

«Avec les vols d’avion qui sont de plus en plus restreints, on se demande comment on va faire pour les ramener», indique André Doyon.

«Après ça, on va leur faire passer la quarantaine, les aider à se mettre sur le marché du travail et envoyer les enfants à l’école, ajoute-t-il. On a une belle école à Sutton.»

Les enfants sont fin prêts pour leur arrivée au Canada.

«Ils sont en cours de français intensif avec Babbel présentement, soutient leur grand-père. Les enfants ne sont pas fous. Ils savent exactement ce qui s’en vient. On leur envoie des photos de la neige. Je leur parle de hockey. Ils ont hâte de jouer dans la neige. Ils ont hâte de connaître la liberté. Au Vénézuéla, il y a des milices qui se promènent partout. Il n’y a plus de manifestations, ce n’est pas pour rien.»