Val-8 n’obtient pas le feu vert de Bromont 

BROMONT. Le développement immobilier du Val-8 porté par Ski Bromont Immobilier (SBI) n’a pas obtenu l’aval de la municipalité. Du même coup, l’administration Quinlan s’est engagée à supporter le projet de création d’un parc naturel.

Le conseil municipal de Bromont était réuni en séance extraordinaire, lundi (20 juillet), à l’aréna de Bromont. La rencontre était précédée d’une séance d’information portant sur la saga Val-8, une histoire qui a débuté il y a plus de deux ans. «C’était important de clarifier certaines choses et de rappeler les faits», explique la mairesse de Bromont, Pauline Quinlan.

Près de 150 citoyens étaient présents dans le hall d’entrée du centre sportif, impatients, de connaitre le dénouement.

Se basant sur les recommandations du Comité consultatif d’urbanisme dont les membres se sont également rencontrés en séance extraordinaire le 14 juillet, le conseil municipal a finalement adopté à l’unanimité la résolution de refuser la demande de SBI pour son projet domiciliaire, baptisé Val-8, selon les normes de son PIIA (plan d’implantation et d’intégration architecturale).

Un tonnerre d’applaudissements a suivi cette annonce.

Trois principaux motifs expliquent ce refus. Le déboisement d’une forêt mature n’est pas minimisé. Le déboisement dans une forêt âgée n’est pas évité et les écosystèmes forestiers exceptionnels (EFE) identifiés par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) ne sont pas reconnus ni protégés dans la conception majeure de lotissement.

«C’est un pas de plus vers du vrai développement durable», s’exclame, visiblement content, le conseiller du district du lac Bromont, Louis Villeneuve quelques secondes après la levée de la séance extraordinaire.

«Ce soir, c’est le traitement d’un dossier qui dure depuis plus de deux ans. Ça représente aussi pour le promoteur une décision du conseil. Je pense que c’est important pour les promoteurs de pouvoir savoir où on (le conseil) se situe», avance Mme Quinlan.

Un parc naturel 

Néanmoins, la saga Val-8 ressemble davantage à une histoire sans fin aux yeux de quelques citoyens.

La ville a été claire. Elle s’engage à supporter le projet de parc naturel, d’abord proposé par Protégeons Bromont (PB), et qui est maintenant piloté par Conservation de la nature du Canada (CNC).

CNC souhaite devenir l’acquéreur des terres du Val-8 et du mont Bernard, un territoire qui représente près de 180 hectares pour en faire un parc qui serait à des fins de conservation et récréatives.

La ville est prête à s’engager financièrement à condition que CNC et SBI s’entendent sur un prix de vente.

Bromont s’engage à verser 1M$ à CNC et est prête à se rendre jusqu’à 2M$ si le mont Bernard fait partie de la vente.

«Oui, on peut s’engager financièrement, mais on est conscients que la capacité de payer de nos citoyens est limitée», admet Pauline Quinlan.

Une autre partie du montant proviendrait de la collecte de fonds de PB. L’organisme sans but lucratif a récolté 500 000$ lors d’une campagne éclair lancée cet hiver. Il resterait à aller chercher le même montant dans le cadre d’une campagne plus officielle, explique le président de PB, René Cloutier. Le gouvernement du Québec s’engagerait financièrement.

Des pourparlers sont en cours entre l’entreprise bromontoise et CNC. Il a été impossible de connaitre le prix de vente dudit terrain pour cette raison.

CNC doit déposer une présentation du projet et une promesse d’achat d’ici le 7 août 2015. SBI aurait jusqu’au 15 janvier 2016 pour valider le montage financier de l’offre.    

Déception chez SBI

«Le projet de Ski Bromont est refusé et évidemment le protocole d’entente et le PIIA sont suspendus, mais il pourrait y avoir un nouveau projet soumis par les promoteurs», rappelle la mairesse.

Le vice-président planification et développement de SBI, Luc Bougie, a exprimé sa déception au nom de l’entreprise privée. «On est déçus, dans la mesure où on considère qu’on a proposé une option qui était intéressante avec un parc et un projet immobilier qui était viable,  mais le conseil en a décidé autrement. On va regarder ça et on va analyser ce qu’on fait pour la suite des choses».

Le vice-président n’a pas voulu dire si SBI allait déposer un nouveau projet.

Plusieurs personnes, dont la mairesse de Bromont, ont salué les efforts et le travail de SBI dans ce dossier.

Saga Val-8 en dates importantes

Avril à juillet 2013

Dépôt du projet menant au protocole d’entente autorisant la tenue de travaux

Septembre 2013

Modification au protocole : la ville reconnait qu’il faut prendre en considération la présence d’EFE et de forêts matures et âgées à la suite des recommandations d’experts qu’elle avait mandatés

Janvier 2015

Après un an de point mort entre les trois parties, Protégeons Bromont interpelle le ministre de l’Environnement, David Heurtel. Quelques jours plus tard, SBI obtient l’autorisation des autorités gouvernementales pour développer le projet immobilier Val-8. La balle est désormais dans le camp de la ville de Bromont qui doit approuver ou non le projet immobilier selon les bases de son PIIA.

Février 2015

SBI dépose une série de documents à la ville

20 juillet 2015

Projet de résolution modifiant d’une demande de PIIA déjà approuvée à la suite des recommandations défavorables du CCU et projet de résolution confirmant l’engagement de Bromont dans le projet de création d’un parc