Cartographie des tronçons routiers accidentogènes dans Brome-Missisquoi : Un outil utile autant pour les villes que pour les services policiers
ANALYSE. Depuis quelques années, la MRC de Brome-Missisquoi a conçu un outil permettant de cibler les tronçons routiers les plus accidentogènes de la région. Cette carte sert aujourd’hui, non seulement à la MRC, mais également aux services policiers qui l’utilisent comme outil pour mieux planifier leurs interventions en matière de sécurité routière.
«Les points, ce sont des agglomérations d’accident, explique le géomaticien à la MRC de Brome-Missisquoi, qui est derrière la conception de la carte, Pier-Philippe Labrie. Plus le point est gros, plus il y a eu d’accidents dans ce coin-là. Au fur et à mesure qu’on zoome, les agglomérations se changent et se dispersent. Quand on zoome à une échelle plus petite, on peut voir tous les accidents sans les agglomérations.»
Globalement, il y a eu 359 accidents avec blessés à Cowansville l’an dernier. En se rapprochant, on peut cibler une intersection en particulier. Par exemple, 27 de ces 359 accidents se sont déroulés à l’angle de la route 104 et de la route 139.
«Ça peut servir pour les villes pour voir quelles intersections sont les problématiques, indique M. Labrie. Les policiers, eux, s’en servent pour pouvoir planifier leurs interventions sur le territoire. Avec ces données-là, ils sont capables de dire que le vendredi à 16h, la route 139 vers Sutton, par exemple, statistiquement il y a plus d’accidents qui sont reportés à cet endroit-là. C’est vraiment pour faire de la prévention et être capable de donner des amendes où il y a vraiment une plus-value pour la sécurité routière.»
La Sûreté du Québec utilise une version de cette carte ayant un peu plus d’outils d’analyse, lui permettant de cibler et compiler des données plus spécifiques.
«Il y a possibilité de faire plus de filtres, plus de requêtes spatiales et de ressortir divers éléments [avec la carte de la SQ], explique M. Labrie. On peut dessiner par exemple une zone sur une rue. Par exemple, le chemin Lakeside, à Lac-Brome, combien y a-t-il eu d’accidents exactement? On peut faire une extraction avec un dessin sur la carte, sortir les données, mettre ça dans un tableau Excel, compiler les statistiques. C’est vraiment intéressant comme outil de sécurité publique, de bilan.»
La carte est mise à jour chaque année avec les nouvelles données de la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ).
«On fait des requêtes auprès de la SAAQ. Elle nous envoie les mises à jour pour les accidents de l’an dernier. Là, ceux de 2019 sont sur la carte.»
Histoire
Pier-Philippe Labrie avait conçu la carte au départ à partir d’une requête du département de la gestion du territoire de la MRC.
«J’avais fait la carte au départ, ça faisait partie d’une analyse qu’on voulait faire en lien avec les saines habitudes de vie pour voir les intersections les plus problématiques de la MRC et ce qu’on devrait prioriser en lien avec ça, relate-t-il. J’ai eu accès à ces données-là de la SAAQ. Les données, au départ, ce sont des données tabulaires, un peu comme un gros fichier Excel. Ce que j’ai fait, avec des scripts automatisés, j’ai placé chacun des accidents avec leur adresse, géolocalisés sur la carte.»
Ce n’est qu’un peu plus tard que les services policiers l’ont approché.
«La Sûreté du Québec est venue me voir avec un projet qu’ils voulaient faire. Ce qu’ils voulaient, c’était séparer la MRC en une cinquantaine de secteurs et ensuite, avec des punaises, cibler l’endroit où les accidents avaient lieu. Je leur ai proposé la solution de cette donnée-là. Depuis ce temps, ils sont vraiment contents d’avoir quelque chose d’interactif comme ça.»
«Ce qu’ils voulaient faire, c’est de la géomatique, mais pas interactif comme ça, ajoute M. Labrie. Ils ont utilisé cet outil-là depuis ce temps-là. Ce qu’ils me disaient, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de corps policiers au Québec qui ont accès à ce genre d’outil là. Le directeur [du poste de la SQ de Brome Missisquoi], Daniel Campagna, était le directeur du poste de Lac-Mégantic quand il y a eu l’accident ferroviaire. C’est à ce moment-là qu’il a découvert la géomatique. La géomatique, c’est ce que je fais comme discipline, c’est comme un mélange d’informatique et de géographie. Il s’est rendu compte de l’importance de la géomatique et c’est pour ça qu’il est venu me voir et qu’il voulait faire ça avec les accidents.»
Fonctionnement de la carte
Avec la carte qui est disponible au public sur le site internet de la MRC, les données peuvent être précisées pour trouver ce qu’on recherche, que ce soit avec la journée de la semaine, l’heure à laquelle un accident s’est déroulé et le type d’accident.
«On peut faire des requêtes pour afficher certains éléments, les accidents avec blessés, sans blessé, par année de référence, etc., indique Pier-Philippe Labrie. Il y a des requêtes qui sont déjà établies. On peut voir les accidents mortels, les accidents avec blessés graves, les collisions avec piéton, les collisions avec vélo.»
Ce sont plus de 10 000 accidents qui sont répertoriés sur la carte, allant des simples accrochages aux accidents mortels.
«Il y a vraiment beaucoup de données. C’est sur plus de 14 ans d’accidents. Avec plusieurs données, on peut visualiser s’il y a des problèmes. Sur la route 104 entre Farnham et Cowansville, il y en a beaucoup d’accidents mortels. La route 202, entre Dunham et Cowansville, il y en a beaucoup aussi.»
En cliquant sur une agglomération, ou un cluster, on peut également passer en revue chacun des accidents qui se sont déroulés à cet endroit depuis 2006.