Coupe dans la cuisine de la prison
L’heure est aux coupures dans les pénitenciers fédéraux. Voilà que le Service correctionnel Canada (SCC) décide de régionaliser la confection des repas. L’organisme met donc la hache dans les cuisines des milieux carcéraux. L’établissement de Cowansville serait affecté par cette mesure administrative.
Après avoir annoncé au début octobre la suppression de tous les postes d’aumôniers à temps partiel dès la fin des contrats actuellement en vigueur, la SCC fait le ménage dans ses cuisines. Selon Claude Duchesneau, vice-président régional du syndicat des employeurs du Solliciteur général (SESG), dès 2014, tous les repas des pénitenciers fédéraux au Québec seraient cuisinés à l’établissement de Saint-Anne-des-Plaines. Au Québec, ce sont 75 employés permanents et des dizaines d’employés temporaires et à temps partiel qui pourraient perdre leur emploi ou être réaffectés à d’autres tâches.
Au pénitencier de Cowansville, huit employés à temps plein et quatre à temps partiel seraient touchés par cette décision. «L’employeur nous mentionne que la qualité de la nourriture devrait être équivalente», explique M. Duchesneau. Par contre, selon le porte-parole syndical, même si les repas étaient aussi bons et même si tous les employés étaient réaffectés à d’autres tâches, il s’agirait d’une erreur monumentale. «Les détenus fréquentent et utilisent beaucoup les cuisines. Ils y travaillent et ça leur permet de gagner un peu d’argent, mais aussi d’apprendre des métiers et d’obtenir des diplômes professionnels», soutient-il. M. Duchesneau affirme également qu’il y a une demande dans le milieu de l’emploi pour ce type de compétences. Les diplômes professionnels courts tels que ceux de boucher et d’aide-cuisinier obtenus en milieu carcéral aident les détenus à se trouver un emploi à leur sortie de prison. «Nous, on travaille fort pour qu’ils ne reviennent pas en dedans, mais on dirait que le gouvernement fédéral coupe tous les outils de réinsertion à notre disposition», déplore encore M. Duchesneau.
Par voie de communiqué, Service correctionnel Canada, a confirmé que pour 27 des 57 établissements fédéraux, le SCC «vise à réaliser des gains d’efficacité dans la préparation et le service des repas des détenus tout en réduisant le coût pour les Canadiens». Pour ce faire, un centre de production de nourriture sera établi dans chacune des régions administratives. Les repas seront préparés dans ces centres, refroidis et envoyés aux établissements situés à proximité, où ils seront entreposés et réchauffés avant d’être servis. Le SCC corrobore aussi l’information selon laquelle les repas servis à Cowansville seront produits à Saint-Anne-des-Plaines, dès 2014-2015. L’organisme affirme toutefois qu’il sera encore en mesure de fournir une formation aux détenus dans les centres de production de nourriture ainsi que de la formation de base telle que la confection de repas-minute dans les établissements de réception. «Les détenus pourront continuer à travailler dans les cuisines et à distribuer les repas dans les rangées. Toutefois, comme c’est le cas avec les employés du SCC, la nature de leur fonction sera modifiée».
Environ 250 employés du SCC seront touchés par cette initiative. Pour eux, comme pour les huit employés à temps plein de Cowansville, «le nombre exact de pertes nettes d’emplois ne sera connu que plus tard cet automne», selon le SCC qui entend réaliser des économies de 3,259 millions de dollars grâce à ce programme de cuisson-refroidissement.