Cruauté animale à Lac-Brome: Girard connaîtra sa sentence en février
Normand Girard, l’homme accusé d’avoir enfoncé des clous dans la tête et le corps de deux chiens avant de les abandonner dans un fossé du chemin Stagecoach à Lac-Brome, connaîtra sa peine le 28 février prochain.
L’homme de 52 ans était de retour devant le juge François Marchand, mercredi, au palais de justice de Granby. Dans sa représentation sur sentence, le procureur de la couronne, Me Karim Ainmelk, a invoqué plusieurs jurisprudences faisant état de cruauté envers les animaux, toutes survenues dans le Canada anglais et a insisté sur la préméditation des gestes qu’a posé le résident de Saint-Jean-sur-Richelieu.
«Il avait d’autres options. Il a planifié et prémédité de les gazer plusieurs jours avant, il a menti aux policiers et a attendu cinq mois, lorsqu’ils sont allés le voir une seconde fois pour y mener une perquisition [à sa résidence secondaire de Stanbridge East], pour faire une déclaration», dit Me Ainmelk. Ce dernier a suggéré au juge Marchand une peine de quatre mois de prison assortie d’une probation de deux ans.
De son côté, la défense, assurée par Me Éric Cloutier, a mis l’emphase sur les facteurs atténuants, dont les remords qui rongent l’accusé depuis les événements et a suggéré une sentence suspendue assortie d’une probation et de conditions à respecter, dont un suivi psychologique et une indemnisation à la S.P.A de Granby.
Le juge Marchand a décidé de prendre sa décision en délibéré, mercredi vers 17h15 et la rendra le 28 février prochain. «On s’attendait à ça», de déclarer l’avocat de l’accusé, Me Cloutier, à sa sortie de la salle de cour.
«Mon but, c’était de les tuer vite»
Lors de l’audience, Normand Girard a rappelé les circonstances entourant les faits qui lui sont reprochés, notamment plusieurs décès consécutifs dans sa famille, son épouse possiblement atteinte d’un cancer et la chienne de sa fille qui accouche d’une seconde portée en autant d’années.
De plus, au début décembre, la chute d’un chiot dans un puisard – sauvé par l’accusé – a été la goutte qui a fait déborder le vase.
«J’ai voulu me débarrasser des chiots. Je n’étais plus capable», dit-il. Toujours en décembre 2010, il demande à sa fille – il est père de cinq enfants – de faire des démarches pour se départir des chiots puisque l’annonce placée sur Internet ne semble pas donner de résultats. Or, la jeune fille s’est butée à des portes closes puisque les organismes cessaient leurs activités durant la période des fêtes.
«Ma première idée a été de les gazer au monoxyde de carbone avec mon auto, mais ça n’a pas fonctionné. J’avais mis les chiots dans une cage entourée d’une toile. J’ai laissé tourner le moteur cinq ou six heures. Ils étaient un peu amorphes, mais pas plus que ça», raconte le père de famille.
Ce dernier avoue avoir été pris d’angoisse et a paniqué. «J’ai pensé les étrangler, mais je n’étais pas capable. J’ai pensé que si j’avais une arme à feu, ça marcherait, mais je n’en ai pas.» L’homme s’est alors tourné vers une cloueuse pneumatique. «J’ai planté un clou dans la tête de la chienne. Elle a reculé sur le coup, mais n’a pas eu l’air de souffrir. J’ai essayé sur un chiot, lui, il a souffert. Je lui ai planté un clou dans la tête et un autre dans le cœur. Quand j’ai arrêté, je pensais qu’il était mort et j’ai pleuré», a-t-il témoigné devant la cour.
Or, la jeune bête âgée d’à peine quatre mois était toujours vivante. Elle a rendu l’âme plusieurs heures plus tard, lorsque de bons samaritains ont trouvé la famille de Labrador abandonnée dans un fossé sur le chemin Stagecoach à Lac-Brome. «Mon but, c’était de tuer vite. Je pensais que ça ferait «Pow» et qu’il tombait mort, mais c’était souffrant pour eux.»
Rappelons que le 22 décembre 2010, une chienne et sa portée de chiots ont été retrouvées dans un fossé du chemin Stagecoach à Lac-Brome. En plus d’être trempées et transies de froid, certaines bêtes avaient un clou enfoncé dans le crâne. Le 19 mai dernier, les enquêteurs de la Sûreté du Québec de Brome-Missisquoi ont arrêté M. Girard, notamment grâce à des informations du public.
Normand Girard est accusé d’avoir tué des animaux, d’avoir fait souffrir inutilement un animal et d’avoir abandonné un ou des animaux.
Plus de détails dans le Guide du 11 janvier 2012.