Des entreprises qui restent «dans la famille»

RELÈVE. Les entrepreneurs qui prennent le relais d’une institution familiale font face à quelques défis. Comment conjuguer les idées de grandeurs et l’importance de se renouveler, sans détruire l’identité bâtie au fil des ans par leurs proches? JournalLeGuide.com s’est penché sur le parcours de deux jeunes entrepreneurs de la région, Érick Grandmont, d’Énergie Sud, et Mathieu Baker, du Complexe funéraire Brome-Missisquoi.

La relève en affaires fait beaucoup jaser à la suite de la récente parution de l’Indice entrepreneurial québécois 2015,  de la Fondation de l’entrepreneurship.

Érick Grandmont est à la tête d’Énergie Sud, un centre de conditionnement physique situé à Cowansville, depuis 2001. L’établissement avait été fondé par sa mère huit ans plus tôt. Dès lors, il y travaille à temps partiel, puis à temps plein à 19 ans. «Déjà là, j’avais la piqûre. Ma mère me confiait certaines responsabilités pour m’encourager là-dedans.»

Au tournant des années 2000, certains changements, dont un déménagement, s’imposent dans la gestion de l’entreprise. «Nous étions à la croisée des chemins. J’avais des idées de grandeur, j’étais à mon peak. Énergie Sud, je voyais ça très gros, tandis que ma mère avait une vision plus conservatrice. À partir de là, soit elle me vendait le gym, soit je quittais pour m’en partir un avec ma conception de ce que c’est le fitness», rappelle celui qui a toujours eu un intérêt pour le sport et la santé. Grandmont a étudié en kinésiologie à l’Université de Montréal.  

Défis perpétuels

«L’entrepreneuriat, ça reste un mode de vie, très souvent du sept jours par semaine, mais ça demeure très valorisant quand on aime ce qu’on fait.» N’empêche, avant d’être en mesure d’en vivre, les barrières se multiplient. «Il ne faut pas trop écouter ses peurs. Le financement et les liquidités, c’est le nerf de la guerre. Ton idée peut être bonne, mais pas viable. Aussi, l’industrie change beaucoup depuis cinq ans. Il faut se garder up-to-date», poursuit-il.  

Au fil du temps, les pieds carrés se sont ajoutés, et les projets ne manquent pas. «Aujourd’hui, je pense avoir gagné mon pari. Je suis un privilégié de la vie pour avoir pu grandir là-dedans. En même temps, je pense que tout le monde a droit à sa place au soleil», estime Grandmont.   

Faire sa place… pour une quatrième génération

Mathieu Baker est venu en relève à son père, Kenneth, d’abord par l’acquisition d’un premier salon à Bedford en 2007, puis par celui de Cowansville en 2009, faisant de lui le président et propriétaire du Complexe funéraire Brome-Missisquoi. «Je suis de la quatrième génération, et à ce stade-là, il faut faire des changements. Étant dans le domaine funéraire, j’ai dû en faire, car les choses ont beaucoup changé depuis 20 ans. L’offre de services est plus personnalisée aujourd’hui», explique celui qui a complété des études en anthropologie et en espagnol à l’Université de Quetzaltenango, au Guatemala.

Le jeune entrepreneur de 37 ans avait auparavant achevé sa formation en thanatologie à Toronto, avant de faire ses premières armes dans un salon funéraire dans la Ville-Reine, pendant trois ans. Son implication dans l’entreprise familiale remonte toutefois à 2004, au moment où il est revenu s’établir à Bedford.

Fidèle aux racines… et se démarquer

La ligne est mince entre le fait de perpétuer la tradition d’une entreprise aux assises solides, sans la dénaturer, et suivre le courant. Le Complexe funéraire Brome-Missisquoi a, entre autres, pris le virage web en 2010, en plus de moderniser ses installations cowansvilloises en 2011, grâce à un investissement de près de 2 M$. «Ça représente un challenge. On peut faire tous les changements qu’on veut, amener de nouvelles technologies, mais il ne faut pas perdre de vue le côté humain et continuer d’assurer un bon service à la clientèle. Chaque génération a ses propres défis, mais les changements sont bien accueillis», note Mathieu Baker.