Distribution du courrier en milieux ruraux: la prochaine cible de Postes Canada?
La fin prochaine de la livraison de courriers en milieu urbain annonce-t-elle d’autres changements à venir chez Postes Canada? Des communautés ont vu disparaître des écoles et des institutions financières au fil des ans. La présence de bureaux de poste et du service de distribution postale en zones rurales sont-elles menacées? À l’Association canadienne des maîtres de poste, on croit que le projet est déjà sur la table à dessin.
Postes Canada ne cache pas son désir de favoriser les bureaux de poste franchisés. Ces franchises, souvent installées dans les pharmacies, sont responsables de la gestion des d’employés et des heures d’ouverture.
Steeven Roy, président de l’Association canadienne des maîtres de poste et adjoint pour le Québec, se dit inquiet par ce nouveau virage. Ce dernier indique que de nombreuses heures ont été diminuées dans les bureaux de poste partout à travers le Québec.
«Nous savions depuis longtemps que Postes Canada allait donner un grand coup. Ces changements auront l’effet de domino, tout le monde sera affecté. Même les secteurs ruraux écoperont par la bande», déplore M. Roy.
«Leur objectif (chez Postes Canada) n’est pas d’augmenter les revenus, mais de diminuer les dépenses, au détriment du service. On attend maintenant ce qu’ils vont annoncer après le temps des Fêtes. Diminution des heures de services, fermetures des bureaux de poste le samedi (…).C’est regrettable pour les employés en poste qui sont coupés de 15 heures par semaine. Il faut trouver une alternative pour que nos gens gardent leur emploi», ajoute le président de l’Association canadienne des maîtres de poste.
Selon M. Roy, les boîtes aux lettres rurales disparaitront également au fil du temps. «Postes Canada y va une étape à la fois. Ça, c’est la prochaine étape. Ils vont privilégier les boîtes postales dans les rangs de campagne», présume le président de l’Association canadienne des maitres de poste.
Diminution des envois postaux
La Société canadienne des postes a annoncé mercredi dernier la cessation de la distribution du courrier à la porte. Au cours des cinq prochaines années, les résidents des secteurs urbains ne recevront plus leur courrier dans la boite aux lettres.
«Le modèle d’affaires, qui a été fait au cours des années 70 et 80, ne fonctionnait plus. Les changements sont principalement d’ordre administratif. Nous allons rationaliser les opérations, étudier les coûts de main-d’œuvre (…). C’est le début d’une autre étape pour Postes Canada», indique Anick Losier, porte-parole pour Postes Canada.
«Seulement un tiers des Canadiens ont une boîte attachée à la maison. Ce sont ces gens qui seront touchés. Nous allons travailler avec les municipalités et installer des boîtes postales communautaires dans les quartiers des secteurs urbains. Ces boîtes seront fermées à clé, donc plus sécuritaires. Nous n’avons pas encore déterminé de villes pour le moment», ajoute cette dernière.
Avec ce plan d’action, la société d’État souhaite retrouver son autonomie financière, qui attribue ses difficultés aux communications numériques et à la baisse d’envoi de lettres par courrier postal. En seulement un an (de 2012 à 2013), Postes Canada a noté une diminution de 73 millions d’envois postaux échelonnés sur une période de trois mois, soit de juillet à septembre.
«Ces ajustements ont été faits selon les demandes des clients. Lors de consultation publique, les gens ont mentionné qu’ils étaient très occupés, donc ils souhaitent un service accommodant. Aussi, à l’unanimité, personne ne veut assumer une facture de Poste Canada», explique Mme Losier.
D’autres modifications seront également faires chez Postes Canada. Le prix des timbres augmentera dès le 31 mars 2014. Coûtant actuellement 0,63$, le timbre sera haussé à 0,85$ s’il est acheté en carnet ou en rouleau, et à 1$ pour la vente individuelle.
Pour l’instant, Mme Losier affirme que les régions de Brome-Missisquoi et de la Haute-Yamaska seront peu touchées par cette modification des services.
«Le secteur rural ne sera pas affecté. Dans les Cantons-de-l’Est, c’est surtout le prix des timbres qui va changer. Nous avons fixé un prix plus réel avec les coûts d’aujourd’hui», indique la porte-parole.