Élisabeth Wannaz: de joaillière à chapelière
La chapellerie est aujourd’hui un métier en voie de disparition, mais certains artistes ont néanmoins repris le flambeau et perpétuent la tradition dans leur petit atelier. Élisabeth Wannaz, une Césairoise d’adoption, fait partie du groupe.
Élisabeth Wannaz est issue d’une famille de vignerons de la région de Lausanne, en Suisse.
La jeune femme a étudié la joaillerie pendant quatre ans près de Genève, puis travaillé en atelier, dans son pays d’origine, avant de s’établir à Montréal où elle a décroché un emploi chez Birks. L’aventure a duré deux ans.
La joaillière de formation a ensuite travaillé à son compte pendant trois ans avant de réorienter sa carrière. «La compétition est très forte dans le domaine de la joaillerie. Ça prend beaucoup d’investissement et d’équipement pour pouvoir réaliser ses propres créations», explique-t-elle.
Nouvelle carrière
Élisabeth Wannaz a suivi une formation d’un an en chapellerie au Collège Lasalle, à Montréal. «Je m’étais toujours intéressée au textile et je fabriquais des vêtements depuis longtemps, mais je n’avais jamais suivi de cours dans ce domaine», indique-t-elle.
L’apprentie chapelière s’est aussitôt lancée dans la création et la transformation de pièces de feutre achetées des États-Unis. Au fil des ans, cette dernière a également fait l’acquisition des formes, moules à chapeau et têtes chauffantes dont ses concitoyens souhaitaient se départir. Une chapelière granbyenne lui a par ailleurs légué une partie de son équipement et de son inventaire au moment de son décès.
«J’ai commencé à fabriquer du feutre sur une base artisanale, il y a dix ans, parce que la matière première devenait de plus en plus difficile à trouver, que ce soit à Montréal ou à New York», ajoute la Césairoise.
Au dire de Mme Wannaz, la fabrication du feutre est une technique relativement simple, qui est aussi très éprouvante sur le plan physique. «Je travaille debout et roule la laine à bras à l’aide de spaghettis. Je teins le feutre à l’extérieur durant l’été en prenant soin de me protéger à l’aide d’un masque et de gants. La teinture à l’acide est nettement plus durable que la teinture végétale», signale la chapelière.
Élisabeth Wannaz produit à longueur d’année. «En début d’année, je consacre deux ou trois mois à l’exploration, puis je me lance dans la production. Même si j’ai développé mon propre style, je regarde beaucoup ce qui se fait ailleurs dans le monde. Dans ce métier-là, il y a toujours des choses à apprendre», insiste-t-elle.
La peinture, la nature et les voyages constituent ses principales sources d’inspiration.
Pièces uniques
Élisabeth Wannaz fabrique des pièces uniques ou de petites séries de cinq à dix exemplaires. Sa clientèle de base recherche avant tout l’exclusivité.
L’artiste de Saint-Césaire se spécialise dans le chapeau pour femme, mais fabrique à l’occasion du chapeau pour homme sur commande. «Le chapeau pour femme offre plus de liberté au niveau de la conception. Le chapeau pour homme est généralement plus classique et répond davantage à certains stéréotypes», indique-t-elle.
Cette dernière asperge ses chapeaux avec de l’eau de lavande, un agent naturel de protection contre les mites. Ses produits sont par ailleurs vendus dans une boîte à chapeau qui servira à l’entreposage durant la saison estivale.
«Un chapeau sans doublure respire mieux et épouse facilement la forme de la tête. Le chapeau n’a pas besoin d’être lavé, mais l’entrée de tête (ruban intérieur) peut être remplacée au besoin», ajoute Mme Wannaz.
La chapelière est une habituée du Salon des métiers d’art de Montréal et participe à cette vente-exposition depuis une quinzaine d’années. Elle a également exposé sur invitation à Philadelphie en 2007, Lausanne en 2010 et Toronto en 2011. On retrouve par ailleurs de ses pièces à la boutique des Métiers d’art du Québec, dans le Vieux-Port de Montréal.
Nouvelle gamme de produits
Avec l’aide d’une bourse en recherche et développement du Conseil des arts et lettres du Québec, Élisabeth Wannaz a développé en 2010-2011 une nouvelle gamme de vêtements en feutre et en laine bouillie pour dames (jupes, robes, vestes et manteaux).
Mme Wannaz exerce le métier de chapelière depuis maintenant 20 ans et travaille le feutre de façon intensive depuis une décennie. Il n’est donc pas étonnant que les jeunes s’intéressent à son travail et que l’artiste reçoive des demandes de l’étranger pour des stages en chapellerie. «Les artistes sont tenus de transmettre les enseignements ancestraux aux nouvelles générations. C’est une sorte de devoir», insiste celle qui offre de la formation au centre communautaire de Saint-Césaire sur une base occasionnelle.