«Elle est toujours aussi présente dans notre cœur» – Les parents de Nathalie Champigny
Le 22 février 1992 marquait le début d’une longue traversée dans le désert pour Louis-Georges et Rose-Ange Champigny, qui n’ont depuis jamais revu leur fille Nathalie. Alors qu’un vaste mouvement de solidarité émerge sur Facebook afin de marquer les 20 ans du triste événement, les parents de la disparue et les enquêteurs de la Sûreté du Québec gardent espoir de mettre fin au mystère.
Après avoir fait les manchettes pendant un certain temps, M. et Mme Champigny ont choisi de vivre le drame qui les a frappés dans la discrétion. Pour oublier la douleur, le couple cowansvillois a donné beaucoup de son temps à diverses causes.
«Le bénévolat nous a carrément sauvés du désespoir. Oui, c’est très lourd de ne pas revoir notre belle Nathalie, mais au moins on se rend utile et la vie continue», a confié Mme Champigny, qui a également perdu un de ses fils dans un accident de voiture.
Sabin, le grand frère de celle qui avait 21 ans lors de cette mystérieuse disparition, soutient que la solidarité des Cowansvillois a fait la différence.
«Dans une grande ville comme Montréal, ce serait encore plus dur. Ici, au moins, les amis, les voisins et la famille sont là. C’est réconfortant», confie-t-il.
C’est avec une grande surprise, mais aussi avec bonheur, que la famille Champigny a appris l’existence de la communauté «Nathalie Champigny, disparue», sur le réseau social Facebook. De nombreux témoignages, souvent très touchants, y ont été inscrits au cours des derniers jours.
«De nombreux amis d’enfance de Nathalie souhaitaient lui rendre hommage. En plus de tisser de nouveau des liens entre nous, j’espère que cela servira à relancer l’enquête. On invite d’ailleurs ouvertement les gens à se manifester s’ils ont des informations qui peuvent servir aux policiers», explique Michel Roberge, instigateur du groupe virtuel.
Réal Boucher, qui était le patron de Nathalie Champigny alors qu’elle travaillait à l’Auberge des Carrefours, ne se montre pas surpris de ce vent de sympathie.
«C’était une jeune femme sans malice et très gentille, toujours de bonne humeur et assidue. D’ailleurs, lorsqu’elle ne s’est pas présentée au travail, soit le lendemain de sa disparition, je ne trouvais pas ça normal. Nathalie avait toujours peur de décevoir en arrivant en retard, même de quelques minutes», se rappelle-t-il.
Questions sans réponse
L’incertitude qui entoure la disparition de Nathalie Champigny soulève de nombreuses interrogations. La jeune Cowansvilloise a été vue pour la dernière fois à l’Auberge Knowlton, alors qu’elle soupait avec son ex-ami de cœur, puis à un guichet automatique à Cowansville. Elle ne s’est jamais pointée dans un bar granbyen, où elle était attendue.
Jacques Landry, qui était à l’époque policier pour la Sûreté municipale de Cowansville, avoue que les circonstances entourant l’enquête n’étaient pas très faciles.
«Il y a eu des battues et plusieurs informations fournies par le public. Mais malgré l’excellente collaboration de la population, nous en sommes au même point. C’est vraiment bouleversant pour la famille impliquée, car elle ne peut pas faire son deuil officiellement. Dans de telles enquêtes, il faut être prudent, mais parfois, un simple détail peut aider à faire avancer l’enquête.»
L’initiative de M. Roberge contribuera peut-être à savoir enfin ce qui s’est passé», mentionne M. Landry, qui était voisin de la famille Champigny.
«Même après 20 ans, il faut continuer à faire pression sur la personne qui détient la clé de l’énigme. On doit ça à Nathalie et à ceux qui l’aiment», renchérit M. Roberge.
Le sergent Claude Denis, de la Sûreté du Québec, confirme que l’enquête policière est toujours en cours.
«On ne ferme jamais un dossier tant que ce n’est pas réglé. Nous sommes toujours à la recherche d’informations pertinentes. Les gens peuvent d’ailleurs nous contacter de manière confidentielle, par le biais de notre centrale d’information criminelle ou par le biais d’Info-Crime», atteste-t-il.
En attendant le dénouement de cette sordide histoire, les parents de Nathalie se montrent réalistes et se disent prêts à faire face au pire.
«C’est fort possible que Nathalie ne soit plus vivante depuis 20 ans. Mais on n’en a pas la certitude absolue et c’est difficile de s’avouer à soi-même que c’est possible. On se raccroche à un mince espoir . Et si elle est bel et bien morte, nous aimerions au moins savoir ce qui s’est passé, afin de pouvoir passer à autre chose», déclare-t-elle.
Une marche en l’honneur de Nathalie Champigny aura lieu le dimanche 25 mars, dès 13h30, dans les rues de Cowansville. Le point de départ sera l’église Ste-Thérèse.
Si vous détenez des informations concernant la disparition de Nathalie Champigny, vous pouvez contacter Info-Crime de manière confidentielle au 1800-711-1800
Rose-Ange et Louis-Georges Champigny ont vu leur vie bouleversée à jamais, il y a 20 ans, alors que leur fille Nathalie n’est jamais rentrée à la maison. (Photo : Alain Bérubé)