Encourager l’art local: pas toujours simple!
Une institution financière devrait-elle se donner le mandat de promouvoir l’art local? Le Bromontois et artiste peintre Albric Soly est d’avis que oui. Or, les caisses populaires Desjardins de Brome-Missisquoi et de Granby Haute-Yamaska avouent que l’exposition d’œuvres d’art est moins facile qu’on le pense.
Albric Soly a été affligé par son propre constat lorsqu’il s’est récemment rendu à la Caisse populaire Desjardins de Brome-Missisquoi. Sur les murs, aucune œuvre d’artistes locaux n’égayait les espaces publics de l’établissement financier. Quelques images décoratives étaient accrochées à certains endroits dans la salle.
«Des images importées de Chine, achetées dans des magasins à grande surface, de mauvais goûts», dénonce M. Soly.
«Beaucoup de gens passent par là et voient cela. La culture fait partie de l’éducation. Une Caisse populaire devrait donner l’exemple», ajoute ce dernier.
Albric Soly est d’avis que les Caisses populaires de la région devraient mettre en lumière les œuvres d’artistes d’ici. L’achat d’images décoratives lui semble très faiblement justifié. «Il y a de très bons et jeunes artistes. En plus, devant cette Caisse, il y a une galerie d’art», souligne-t-il.
Selon M. Soly, une implication de la part de caisses Desjardins dans la région contribuerait au rayonnement culturel du secteur.
«J’ai déjà vu des œuvres d’artistes locaux ou amateurs, dans des caisses. À Montréal, certaines le font. Donc, ce n’est peut-être pas une généralité, mais il devrait quand même donner l’exemple», précise-t-il.
Un défi de sélection
L’administration des caisses populaire Desjardins de Brome-Missisquoi et de Granby Haute-Yamaska avoue qu’il est difficile d’afficher les œuvres d’artistes locaux sur leurs murs. Plusieurs facteurs rebutent les deux institutions financières. À Cowansville, un défi s’impose: celui de gérer un programme de sélection d’œuvres d’art locales.
«Tout d’abord, il faut établir un processus de sélection en répondant à de nombreuses questions. Qui exposent? Des artistes locaux? Des membres de la Caisse? (…) Et durant combien de temps? Est-ce qu’on achète ces œuvres ou ont les louent? Et si on achète une œuvre, pourquoi privilégier un artiste plus qu’un autre?», donne en exemple Hélène Sactouris, directrice des communications à la Caisse populaire de Brome-Missisquoi.
«Par contre, nous faisons la promotion des activités que l’on subventionne, tels que la Tournée des 20, À hauteur d’enfant et le Festiv’Art», ajoute cette dernière.
Selon Mme Sactouris, l’administration de la coop a déjà songé à rectifier cette situation. Or, la formation d’un comité de sélection, responsable de l’accrochage et du décrochage des œuvres, devra être nécessaire.
«Il serait intéressant d’avoir une politique culturelle dans notre établissement. C’est une chose sur quoi il faut se pencher», avoue Mme Sactouris.
Un bâtiment peu adapté
La récente construction de la Caisse populaire Desjardins de Granby Haute-Yamaska, principalement composée de verre, ne permet plus d’accueillir un grand nombre d’œuvres murales.
«Avec la construction de ce bâtiment LEAD, le conseil d’administration a décidé d’aménager les espaces de façon très épurée. Nous installons le moins de choses possible, que ce soit des présentoirs, des dépliants, des tableaux…», explique Danielle Picard, conseillère en développement coopératif.
Vers la fin des années 80, la Caisse populaire de Granby avait aménagé un mur dédié à l’art local. Aujourd’hui, de nombreuses acquisitions faites à cette époque sont entreposées dans une voute.
«Ces œuvres ont été évaluées. On trouve dommage de les garder cacher. On aimerait les installer, mais pas à leurs détriments. Elles doivent être à l’abri du soleil et à un endroit où elles ne seront pas abîmées. Il y a beaucoup d’enjeux», souligne Mme Picard.
Un comité «Art et culture», dirigé par des membres, est toujours actif au sein de la coopérative granbyenne. Mme Picard affirme que ce comité devra fixer des paramètres très distincts, si la Caisse décide d’installer à nouveau des œuvres dans les espaces publics.
«Nous avons beaucoup d’intérêt de revoir notre politique culturelle, mais ce n’est pas dans nos priorités pour l’instant. On devrait faire quelque chose à ce sujet en 2014», conclut cette dernière.