Gilles Deschamps part pour la retraite

INCENDIE. Au Service de sécurité incendie de Cowansville depuis plus de 40 ans, dont 15 à titre de directeur, Gilles Deschamps quitte pour la retraite.

C’est une page d’histoire qui se tourne à Cowansville avec le départ du dernier Deschamps, du moins pour le moment. Ce sont quatre générations de Deschamps qui se sont succédé comme sapeurs à la Ville de Cowansville.

« Mon grand-père était pompier, mon père a été directeur incendie et directeur police, mon fils était pompier, mon oncle a été directeur, j’avais deux oncles qui étaient pompiers, relate-t-il. C’était véritablement une histoire de famille. Il y a des Deschamps à la Ville de Cowansville depuis plus de 100 ans au service incendie. »

M. Deschamps est entré au service de sécurité incendie après avoir été invité à postuler par le directeur de l’époque, Arthur Jacques, en 1983, alors qu’il avait 20 ans.

Il a par la suite gravi les échelons, passant aux grades de lieutenant, de capitaine puis de chef de division.

« La tâche que j’ai faite le plus longtemps, c’est directeur, indique-t-il. Sérieusement, une des jobs que j’ai aimées le plus, c’est capitaine. Ils rentrent dans le feu, ils sont avec les autres, ils éteignent les feux, tu es vraiment dedans. Ensuite, quand tu montes de grade, tu gères un peu plus de l’extérieur. »

Gilles Deschamps affirme qu’il s’ennuiera beaucoup de combattre des incendies. Il en a d’ailleurs vécu plusieurs d’assez grande importance durant sa carrière.

« On a quand même eu de gros feux en 40 ans. Les premières années, ça brûlait. Il y a eu de gros feux d’usine. Il y a eu la Footwear Findings, la Realmont, entre autres. Il y avait de gros bâtiments en bois, où il n’y avait pas de prévention dans ce temps-là. »

Gilles Deschamps était également sur le terrain lors de la crise du verglas en 1998.

« En 21 jours, on a eu 400 appels, peut-être une douzaine d’incendies, dont un mortel. Ça a été toute une expérience de vivre ça. Je venais de tomber lieutenant, j’ai vécu le poste de commandement. Il y avait du monde à la caserne toute la journée, 24 heures par jour, pendant trois semaines. »

Il était aussi propriétaire de Plomberie Goyer avant de vendre récemment l’entreprise. Il y restera encore jusqu’en septembre comme directeur des opérations.

« Je suis un grand amateur de course automobile sur terre battue, ajoute-t-il. Je reviens d’ailleurs de Floride. Je vais suivre ça encore plus. Je ne course pas, mais j’aime ça ! »

CHANGEMENTS

Le rôle et le travail des services incendie ont bien changé durant sa carrière.

« En 40 ans, il s’est passé beaucoup de choses, déclare Gilles Deschamps. Il y a eu la transition des services incendie, on était un village dans le temps. Maintenant, on gère une croissance. On a vu beaucoup de changements. C’était tous des pompiers à temps partiel au début. Aujourd’hui, si j’achète un stylo, je fais une directive pour savoir comment l’opérer. Avant, il n’y avait même pas de formation. »

Les opérations quand vient le temps de combattre un incendie ont aussi grandement évolué.

« Au début, quand j’ai commencé, les matières plastiques, il y en avait moins, indique M. Deschamps. On le voyait par la couleur des flammes. Aujourd’hui, il y a des flammes noires pleines de toxicité. On avait deux appareils respiratoires pour le service au complet. On n’avait pas de cagoules, l’équipement de protection personnel s’est grandement amélioré, les équipements de secours aussi. »

Le nombre d’incendies a aussi diminué avec les années.

« À Cowansville, quand je suis rentré pompier, on était pompier, ça s’arrêtait là. Maintenant, éteindre des feux, c’est 10 % de notre travail. On a été la première ville à avoir des pinces de désincarcération dans la grande région en 1987. On a monté un service de premiers répondants. On a un service d’unité de soutien technique pour les patients bariatriques. »

« On a environ trois ou quatre incendies majeurs par année, relate M. Deschamps. En 2011, il y en a eu zéro dans l’année ! On a mis beaucoup d’emphase sur la prévention, on a été un des premiers services à avoir un pompier préventionniste, maintenant, on est cinq. »

Certaines choses sont toutefois encore très similaires.

« Quand je suis rentré comme pompier, on faisait des attaques transitoires, on donnait un coup d’eau avant de rentrer et on allait éteindre le feu. Ensuite, on a arrêté, la technique n’était plus bonne. Aujourd’hui, la nouvelle formation, c’est ce qu’ils montrent aux nouveaux pompiers, les attaques transitoires ! »

AVENIR DES SERVICES INCENDIE

Les services de sécurité incendie sont amenés à changer, soutient M. Deschamps.

« Avec la venue des nouvelles générations et l’importance accordée à la conciliation travail-famille, dans le temps, on était une vingtaine de pompiers, si certains ne venaient pas, on les tassait. Aujourd’hui, c’est plus dur d’avoir du monde. Des gens qui vont avoir 40 ans de service, il y en a de moins en moins. »

« On a de plus en plus de pompiers en caserne le jour, mais les soirs et fins de semaine, c’est de la garde externe. On regarde les autres villes avoisinantes, c’est plus difficile d’avoir du personnel. Ça va devenir un problème. »

« Selon moi, dans un avenir rapproché, probablement, comme pour la police il y a plusieurs années, les services incendie vont être fusionnés. Surtout pour les plus petits services, c’est difficile. Ils doivent répondre aux mêmes exigences que nous, mais ils n’ont pas le personnel. »

DERNIÈRE JOURNÉE

Gilles Deschamps prendra officiellement sa retraite le 12 mai prochain.

La Ville de Cowansville invite les gens qui l’ont côtoyé à aller à sa rencontre, cette journée-là, à la caserne entre 10 h et 16h.

« Je tiens à remercier la Ville de Cowansville pour la chance qu’ils m’ont donnée, premièrement d’être pompier, et la confiance qu’ils ont eue en moi en tant que directeur et comme chef, a affirmé M. Deschamps. On a toujours eu une belle collaboration. »