Haïti tatouée sur le cœur de Pascal Courtemanche

EXPÉRIENCE UNIQUE. Suivre l’actualité du commissaire de police, rencontrer Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies (ONU), participer au démantèlement d’un réseau de kidnapping, être témoin d’une fusillade dans son quartier. L’année qu’il a passée en Haïti n’a pas été de tout repos pour le sergent Pascal Courtemanche, chef d’équipe au département des enquêtes de la Sûreté du Québec de Brome-Missisquoi, mais il en garde de merveilleux souvenirs.

Si à son arrivée en Haïti en août 2013, il avait été affecté à travailler au niveau de l’investigation dans les campements temporaires, puis à corriger les examens de français des aspirants-policiers haïtiens, Pascal Courtemanche a passé la majorité de sa mission à titre de journaliste, éditeur, photographe… et gestionnaire d’un compte Twitter! Loin des tâches de policier auxquelles il avait l’habitude, le sergent Courtemanche a suivi Luis Carrhilo, le commissaire de police de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTHA) à travers le pays. «Je faisais ressortir le travail des UNPOL (policiers des Nations Unies) dans la cohabitation avec la Police nationale haïtienne pour faire augmenter le sentiment de sécurité», résume M. Courtemanche.

Ses affectations l’ont amené à participer aux différents événements organisés: remise de médailles, inauguration, création de projets, mais aussi des opérations policières.

Pascal Courtemanche raconte avoir fait trois heures de bateau en compagnie de la Police nationale d’Haïti et des militaires brésiliens. «On a débarqué dans l’eau. On en avait jusqu’aux genoux. Je devais faire attention à mon matériel! On débarquait dans un village. On avait reçu une information comme quoi il y avait une importante quantité de cocaïne dissimulée sur l’île. Rien n’a été trouvé, mais c’était quand même spectaculaire», raconte le sergent Courtemanche.

Il a aussi assisté à l’arrestation de 16 personnes impliquées dans un réseau de kidnapping. «J’avais accès à tous les événements d’envergure. J’ai pu faire le tour d’Haïti en bateau, en avion et en auto», constate-t-il. Et il a vu son travail journalistique être publié dans trois éditions de la revue trimestrielle Liaison UNPOL.

Outre cet aspect enrichissant, d’un point de vue culturel, Pascal Courtemanche retient de sa mission d’une année en Haïti la solidarité des Canadiens entre eux. «On s’est entraidé beaucoup», dit-il.

Insécurité

Après deux mois de mission, Pascal Courtemanche confiait, à TC Media, que sa première image qu’il conservait d’Haïti était le choc de la sécurité. Un an plus tard, cette image est toujours d’actualité. «Ici, c’est la liberté! En revenant, je me suis rendu compte que pendant un an, j’ai dormi sur un œil et une oreille. On dort bien ici.» Même si la sécurité était omniprésente (gardes armés, murs, barbelés, etc.) et qu’il vivait dans un quartier sécurisé, des coups de feu tirés faisaient pratiquement partie de son quotidien. «Il y a même eu une fusillade dans la rue. Il y a eu au moins 30 coups de feu de tirés. Ce n’est jamais sécuritaire. On vit toujours avec un risque.»

Revenu pour de bon au Québec depuis le 20 août dernier, le policier Courtemanche raconte qu’il a mis deux semaines avant de pouvoir verbaliser sa mission. Il assure toutefois qu’il repartirait dès demain. «C’est valorisant de pouvoir représenter notre organisation [policière] et le Canada. T’as l’impression d’avoir l’expérience d’une vie, mais il faut que tu sois fait pour ça.»

Bénévolat

Même s’il travaillait sept jours sur sept, Pascal Courtemanche, en compagnie d’autres policiers canadiens, a profité de son temps libre pour s’impliquer auprès de l’orphelinat «La Main Divine» – la même qui a reçu le support du lieutenant Jocelyn Desrochers, directeur du poste de la SQ de la Haute-Yamaska -, à Croix-des-Bouquets, en banlieue de Port-au-Prince. La mobilisation de son entourage a d’ailleurs permis d’amasser 1 500$ pour notamment acheter un congélateur, une laveuse à linge et une pompe à eau. D’autres policiers canadiens ont repris le flambeau.