Intégration de Bromont à La Pommeraie: la MRC prend position
La mairesse Pauline Quinlan est devenue grand-mère pour la huitième et la neuvième fois, vendredi dernier. Les jumeaux de son plus jeune fils ont vu le jour à l’hôpital BMP, mais devront se rendre dans un établissement de la MRC voisine pour recevoir les autres soins de santé auxquels ils ont droit. Mme Quinlan trouve la situation aberrante et elle n’est pas la seule.
La brue de Mme Quinlan habite Bromont et est suivie par un médecin de Cowansville. Elle devra toutefois se déplacer au CLSC de Granby ou celui de Waterloo, rattachés au CSSS Haute-Yamaska, pour le suivi post-natal et la vaccination de ses poupons.
«De façon générale, au Québec, le territoire des CSSS est modelé sur celui des MRC. Or, Bromont fait partie de la MRC de Brome-Missisquoi depuis maintenant deux ans. Il serait normal que ses citoyens – et tout spécialement ceux du secteur Adamsville – puissent recevoir leurs services de santé dans un établissement du CSSS La Pommeraie, qui dessert déjà l’ensemble des municipalités de Brome-Missisquoi», soutient Mme Quinlan.
La mairesse de Bromont n’a rien à redire sur la qualité des soins et services offerts par le CSSS Haute-Yamaska, mais estime que la situation des Bromontois serait moins complexe si l’Agence régionale de la santé et des services sociaux appliquait «la règle du gros bon sens».
Mme Quinlan rappelle que les omnipraticiens de Bromont sont membres du collège des médecins, dentistes et pharmaciens de l’hôpital BMP et dirigent tout naturellement leurs patients vers ce centre hospitalier.
«Les Bromontois, tout comme les Waterlois, y sont hospitalisés depuis toujours. La situation n’est pas nouvelle et prévalait bien avant la création des MRC ou la fusion des hôpitaux avec les CLSC/CHSLD», ajoute-t-elle.
La mairesse laisse entendre que Bromont, au même titre que les autres municipalités de la MRC, finance déjà le programme Jeunes en santé de Brome-Missisquoi. Elle participe également aux efforts de recrutement des médecins du CLD de Brome-Missisquoi.
«Cette dernière démarche est supportée financièrement par l’ensemble des municipalités via leur quote-part», explique Mme Quinlan.
La mairesse reconnaît que sa municipalité n’avait pas réclamé une intégration au CSSS La Pommeraie lors de sa demande de fusion avec la MRC de Brome-Missisquoi, mais signale que le décret gouvernemental est muet à ce sujet.
«Le conseil municipal se sent confortable avec sa demande de changement de CSSS car il y va de l’intérêt des citoyens. Dans l’idéal, il faudrait cependant trouver une solution qui ne pénalise aucun des deux CSSS en présence (Haute-Yamaska et La Pommeraie). On parle peut-être de quelques centaines de milliers de dollars en jeu», insiste notre interlocutrice.
Appui de la MRC
Ce n’est pas d’hier que l’on discute d’une éventuelle intégration de Bromont au CSSS La Pommeraie.
La municipalité de Bromont a notamment adopté une résolution en ce sens, l’an dernier, après son transfert à la MRC de Brome-Missisquoi. Une copie de cette résolution avait alors été acheminée au ministre Yves Bolduc et au député Pierre Paradis.
«Le changement de CSSS, c’est en quelque sorte la dernière étape avant que Bromont soit pleinement intégrée à la MRC de Brome-Missisquoi. Je crois que l’on est prêt pour ça et que la population a tout à y gagner», plaide Mme Quinlan.
La MRC de Brome-Missisquoi vient à son tour de prendre position dans le dossier. Dans une résolution, adoptée le 17 janvier dernier, la table des maires demande à l’Agence «d’autoriser formellement le CSSS La Pommeraie à être le maître-d’œuvre pour l’ensemble des soins et services dispensés à la population».
Pour justifier cette demande, les élus de Brome-Missisquoi font valoir que la majeure des services hospitaliers et de deuxième ligne utilisés par les Bromontois sont déjà dispensés par La Pommeraie.
Les maires réclament du même coup le transfert des ressources et budgets d’opération pouvant permettre au CSSS La Pommeraie d’acquitter ses obligations envers la population de Bromont.
«La MRC ne veut pas s’immiscer dans la négociation des détails. Elle demande simplement que les citoyens de Bromont soient desservis par La Pommeraie et que ce CSSS dispose du budget de fonctionnement qui va avec cette nouvelle charge», explique le directeur général de la MRC, Robert Desmarais.
Il faut rappeler que le budget d’opération des CSSS est établi en bonne partie sur la base du nombre de citoyens desservis. Bromont, avec ses 6 050 habitants, représente plus de 13 % de la population de la MRC de Brome-Missisquoi (52 200 habitants).
Le député provincial de Brome-Missisquoi, Pierre Paradis, n’a pas changé d’idée au sujet du financement des soins de santé offerts dans la région.
«J’ai toujours dit que l’argent devait suivre le patient. Si les statistiques démontrent qu’une majorité déterminante de la population de Bromont va à l’hôpital BMP, le CSSS La Pommeraie devrait obtenir les budgets en conséquence.(…) Après tout, on ne gouverne pas pour des structures, mais pour le monde», insiste le député libéral.
M.Paradis estime qu’il ne devrait pas y avoir de bris dans la chaîne de service.
«Comme chaque organisation a ses propres façons de faire, il est toujours plus facile de travailler avec une seule et même organisation que de répartir les tâches entre deux ou plusieurs intervenants», poursuit-il.
Dans un autre ordre d’idée, la mairesse Quinlan estime par ailleurs que Bromont devrait avoir droit à un point de service du CLSC, au même titre que Cowansville, Farnham, Bedford, Sutton et Lac-Brome.
«Bromont est la troisième municipalité la plus populeuse de la MRC de Bromne-Missisquoi», rappelle-t-elle.