«Je ne regarderai plus jamais une police de la même façon.» – Réjean Genest

ATTENTAT. Dès les premiers coups de feu entendus en matinée mercredi et jusqu’à la libération de son confinement en soirée, Réjean Genest affirme s’être toujours senti en sécurité. Dans un entretien téléphonique avec les médias locaux, le député de Shefford a rendu hommage au travail des forces de l’ordre.

Durant les nombreuses heures qu’a durée le confinement, les députés étaient protégés par «une quinzaine de policiers lourdement armés», révèle Réjean Genest.

«J’ai constaté que la sécurité a vite réagi. Ensuite, la GRC, la police d’Ottawa et les militaires sont arrivés. Je n’ai que des bons mots à dire. Je ne regarderai plus jamais une police de la même façon.»

Récit

Les coups de feu ont retenti au parlement d’Ottawa, un peu avant 10h mercredi, tout près de l’endroit où était réuni le caucus du Nouveau parti démocratique (NPD). Instinctivement, les députés ont réagi.

Selon M. Genest, le premier geste a été posé par le député Sylvain Chicoine, ex-constable spécial, qui a immédiatement barré les portes. «On dirait qu’on était entraîné à réagir, sans l’être. On savait comment se comporter», raconte le représentant de Shefford.

Les tables et les chaises ont ensuite servi de barricade et les élus se sont réfugiés sous celles-ci. «Il y a eu des pétards pas mal. J’étais à environ 20 pieds d’où ça se passait. On n’était pas gros dans nos souliers», décrit le Granbyen.

Son groupe a rapidement été déplacé dans une autre pièce du parlement avec le chef Thomas Mulcair qui aurait refusé d’être séparé de son équipe. «Il est resté avec ses troupes et il nous rapportait le déroulement des choses», poursuit M. Genest.

Après un deuxième déplacement vers un autre édifice en fin de journée, les députés ont été interrogés par la GRC sur ce qu’ils avaient vu ou entendu. Finalement, ils ont été libérés en fin de soirée.

«Je suis arrivé chez moi vers 22h. Je peux vous dire que du stationnement à mon appartement, j’ai écouté et observé tout le tour. Je me suis endormi vers 3h30 seulement. Disons que le hamster tournait pas mal», a confié l’homme de 68 ans.

Pays libre et démocratique

Deux attentats à deux jours d’intervalle n’ont pas changé la perception de Réjean Genest sur le rôle du Canada dans les conflits à l’étranger, dans la lutte au groupe État islamique, ni sur l’ajout de pouvoir aux services de renseignement.

«Le Canada doit aller là-bas (Irak et Syrie) à titre de casques bleus ou d’aide humanitaire. On n’a pas à se mettre les pieds dans le bourbier d’une guerre où on n’a pas d’affaire», soutient-il.

Pour lui, l’attentat se compare un peu «au quotidien que les gens doivent vivre dans ces pays-là» et il croit que c’est d’abord d’aide humanitaire dont ils ont besoin.

Au sujet de pouvoirs accrus accordés aux services de renseignement, le député Genest craint les conséquences de «donner trop de pouvoirs».

«Leur système à l’américaine, je suis contre ça. On a un beau pays, la liberté doit être protégée. Je ne veux pas que le Canada devienne un régime militaire», ajoute-t-il.

Immédiatement après l’entretien avec les médias, M. Genest devait se rendre au parlement pour participer aux travaux. Un symbole auquel il tient. «Ça va être une journée pas comme les autres, mais j’ai un travail à faire.»

Il considère important de «montrer à tous ceux qui veulent détruire nos institutions démocratiques que l’on va continuer de fonctionner».