La MRC de Brome-Missisquoi demande à Québec de bonifier sa contribution financière
FINANCEMENT. La MRC de Brome-Missisquoi demande au gouvernement du Québec de revoir à la hausse sa contribution financière pour le maintien des services de transport collectif et adapté sur son territoire.
Dans une résolution adoptée le 17 octobre dernier (1), la MRC rappelle que les coûts d’exploitation ont augmenté de façon importante au cours des dernières années et soutient que l’atteinte de l’équilibre budgétaire pour ces services s’avère impossible en pareilles circonstances.
« Depuis 2021, le prix des carburants, les salaires des conducteurs, les coûts d’acquisition des véhicules et les frais d’intérêts sur les emprunts ont carrément explosé alors que les revenus générés par les services de transport ont chuté en raison d’une baisse de l’achalandage », résume Mélanie Thibault, directrice générale de la MRC et ancienne directrice des services de transport.
Quelques chiffres
Le nombre de déplacements en transport collectif sur le territoire de Brome-Missisquoi est passé de 25 000 en 2019 à 16 000 en 2022 et le nombre de déplacements en transport adapté a diminué de 35 000 à 23 000 durant la même période.
« Le déficit en transport adapté s’élève à 130 000 $ ou 140 000 $ alors que le déficit en transport collectif est de l’ordre de 20 00 $. Et le manque à gagner serait encore plus important si nous n’avions pas puisé dans les surplus accumulés de nos services de transport », indique Mme Thibault.
Moins de services
Le conseil des maires de Brome-Missisquoi fait également valoir que le sous-financement des services de transport collectif et adapté affecte l’ensemble des MRC du Québec et leurs organismes délégataires qui se voient contraints d’augmenter le coût de billets et de diminuer l’offre de services.
« Le recrutement des transporteurs est de plus en plus difficile en raison de la pénurie de main-d’œuvre, du manque de véhicules et de l’augmentation des coûts d’exploitation. En bout de ligne, il y a moins d’autobus sur la route pour les usagers des circuits intermunicipaux et c’est particulièrement vrai en fin de journée et le week-end. La perte de certaines compagnies de taxi offrant du transport à la demande affecte également notre offre de service », précise Mme Thibault.
Cette dernière mentionne par ailleurs que l’étendue du territoire de Brome-Missisquoi subdivisé en six pôles géographiques et l’absence d’un grand centre urbain ne sont pas sans compliquer la tâche des décideurs locaux.
Indexation des subventions
Le préfet de la MRC de Brome-Missisquoi, Patrick Melchior, prend soin de rappeler qu’il n’y a pas eu indexation des subventions gouvernementales en matière de transport collectif et de transport adapté au cours des dernières années alors que les besoins sont criants.
Ce dernier fait également valoir que le « sous-financement » des services de transport collectif et adapté va à l’encontre des objectifs de la Politique de mobilité durable du gouvernement du Québec.
« Québec souhaitait augmenter le niveau de service d’environ 5 % dans le plan d’action 20182023 et envisage déjà de réviser cette cible à la hausse dans sa prochaine mise à jour, mais ne nous donne pas de moyens pour en faire plus. Au total, c’est la population qui est pénalisée », plaide M. Melchior.
La directrice générale de la MRC reconnaît que le gouvernement Legault a mis sur pied un Programme d’aide d’urgence au transport collectif (TAUTC) pour garantir la continuité des services pendant la pandémie de COVID-19.
« Ce programme couvrait la période comprise entre le 1er avril 2020 et le 31 décembre 2023, mais est maintenant terminé », indique-t-elle.
Mme Thibault précise que la MRC de Brome-Missisquoi s’occupe de la gestion des services de transport collectif et adapté depuis une quinzaine d’années.
« Il s’agit d’une compétence municipale déléguée à la MRC depuis le 1er mars 2008 », poursuit-elle.
Il est également pertinent de rappeler que la MRC de Brome-Missisquoi a entamé des pourparlers et conclu des ententes avec certaines entreprises de la région au fil des ans dans le but de faciliter le déplacement des travailleurs sans moyen de transport.
« La situation actuelle ne nous permet pas de développer davantage ce type de collaboration avec le secteur privé en raison de la pénurie de main-d’œuvre et d’un manque de véhicules », signale Mme Thibault.
Demande d’appuis
Une copie de la résolution adoptée par le conseil des maires de Brome-Missisquoi sera transmise aux 21 conseils municipaux du territoire, à la Table des MRC de l’Estrie, à l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et à la Fédération québécoise des municipalités (FQM) dans l’espoir d’obtenir l’appui de ces différentes organisations.
La MRC entend également acheminer une copie de sa requête à la députée-ministre Isabelle Charest et solliciter une réunion avec le ministre responsable de la région.
(1) Le libellé de la résolution a été rédigé conjointement par la MRC de Brome-Missisquoi et la MRC des Sources.