Lac-Brome réclame la création d’un corridor cyclable au MTQ
CORRIDOR CYCLABLE. Le projet de mise en place d’un corridor cyclable élargi sur le chemin Lakeside est toujours dans les plans à Lac-Brome, alors que le repavage de la route 243 vient d’être reporté à l’an prochain. Ce délai pourrait jouer en faveur de l’administration municipale, qui a multiplié les demandes auprès du Ministère des Transports du Québec (MTQ) pour l’ajout d’une telle zone sur un côté de la route, sur une distance de 3 km, après avoir essuyé un refus sur 7 km. Le MTQ entend maintenant se pencher sur cette dernière demande.
Le repavage complet du chemin Lakeside, entre le chemin Conference et l’intersection de la route 215, où se situe le bureau touristique, devait d’abord avoir lieu cet automne. Dans une demande adressée au MTQ, le 5 septembre dernier, le conseil municipal souhaitait l’ajout d’une bande cyclable d’une largeur de 1,5 m sur une distance de 7 km. Or, le MTQ a déjà indiqué qu’il n’empruntera pas cette voie, expliquant sa décision dans une lettre déposée à la séance du conseil municipal du début octobre, dont JournalLeGuide.com a obtenu copie. «Malheureusement, suite à l’analyse du relevé de la route, nous avons constaté l’impossibilité de faire un accotement pavé, d’une largeur uniformelle de 1,5 m sur une distance de sept kilomètres.»
Les contraintes avancées par le ministère sont nombreuses pour expliquer cette décision. «[…] plusieurs obstacles nous empêchent d’avoir ce dégagement, notamment des poteaux, des bâtiments, des murets de propriétés, des talus abrupts et la proximité du lac», peut-on y lire dans le document du MTQ.
Compromis?
Après la première rebuffade, la Ville a réduit sa demande de plus de moitié, proposant un corridor de 3 km, mais toujours d’une largeur de 1,5 m, entre Argyll et Conference. Ceci permettrait aux cyclistes d’éventuellement emprunter la piste cyclable, évitant le secteur le plus à risque du chemin Lakeside. L’administration municipale s’est également vu refuser cette demande, avant que ne soit annoncé le report des travaux. Le MTQ maintenait alors sa proposition d’une bande d’une largeur de 0,5 m, une chaussée désignée, soit «une route officiellement reconnue comme voie cyclable». La contribution du provincial atteint 80% quant aux coûts d’un tel aménagement. Le MTQ proposait aussi l’ajout d’un marquage au sol, de même qu’une signalisation routière bordant les routes, question de rappeler aux automobilistes une possible présence de cyclistes.
Lier plusieurs secteurs
La mise en place de cette bande cyclable pourrait permettre, selon le maire Richard Burcombe, de consolider le réseau cyclable de Lac-Brome en un vaste parcours liant les divers secteurs de la Ville. «On souhaite créer un réseau cyclable qui va rejoindre le secteur de Foster. L’an prochain, nous ferons également des démarches pour installer deux passages sur le ruisseau Quilliams. Ça va par la suite être plus facile pour les cyclistes de parcourir l’ensemble du réseau», laisse entendre le maire.
Le report des travaux donnera le temps aux deux parties de réévaluer leurs options. «On pourra continuer de négocier avec le MTQ et on s’attend à une réponse durant l’hiver ou au printemps. C’est comme une victoire pour nous», estime le maire Burcombe. En fonction du scénario choisi, il semble toutefois que la Ville devra délier les cordons de sa bourse si la surface cyclable excède les 0,5 m de largeur.
Le secteur est passablement emprunté par de nombreux cyclistes qui effectuent le tour du lac, un parcours d’une vingtaine de kilomètres. Le maire Burcombe, sans parler d’une zone dangereuse, soutient que la question de la sécurité est à prioriser dans ce dossier. «Oui, il y a beaucoup de circulation dans ce secteur, l’été et les fins de semaine notamment, mais ça demeure une zone à 50 km/h. On veut agir avant qu’il ne se produise quelque chose. Le fait de rejoindre les sentiers en toute sécurité demeure un enjeu important pour nous aussi», constate-t-il.
Une avenue sécuritaire?
La solution jusqu’ici préconisée par le MTQ s’avère-t-elle sécuritaire? Pas si l’on en croit l’ex-cycliste professionnelle, Lyne Bessette, qui suit le dossier de près depuis plusieurs années. Elle affirme que cette alternative a peu à offrir, au moment où le cyclisme connaît une hausse marquée de sa popularité chez les personnes de tous âges. «Les automobilistes font beaucoup plus attention quand il y a une bande cyclable que lorsqu’on parle d’un simple accotement. Et ça prendrait un minimum d’un mètre, sinon ça ne donne pas d’avantages aux cyclistes. Je pense que tant qu’à le faire, il faut le faire de manière sécuritaire», estime-t-elle.
«Les corridors cyclables permettent de connecter les endroits. Sans cela, on se retrouve à pédaler sur les grandes routes et ça pose un danger», mentionne Mme Bessette.
Bien qu’elle se réjouisse de ces avancées prévues pour l’an prochain, elle aurait souhaité la mise en place de voies de chaque côté du tronçon routier. «Pour moi, c’est le scénario idéal. Si c’est une voie d’un seul côté, ça demeure quand même une bonne nouvelle», laisse-t-elle savoir en fin d’entretien.