Le CSSS La Pommeraie ferme ses cinq centres de jour

COUPURES – Le CSSS La Pommeraie mettra fin aux activités des centres de jour de Bedford, Farnham, Cowansville, Sutton et Lac-Brome à la fin du mois de septembre. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une révision de l’offre de services aux personnes âgées de Brome-Missisquoi.

«Les activités des centres de jour seront réorientées vers le réseau de soutien à domicile et les organismes du milieu communautaire. Nous allons voir ce que la communauté est en mesure de nous offrir et quelles formes d’alliances il est possible d’établir avec les organismes», résume Maryse Trudeau, directrice des services de soutien à l’autonomie des personnes âgées et déficience physique (DSSAPADP) au CSSS La Pommeraie.

Au dire de cette dernière, l’analyse de l’offre de services aux personnes âgées, réalisée durant la période estivale, a  démontré que la clientèle des centres de jour provenait principalement du réseau d’hébergement privé.

«Pas moins de 75 % de la clientèle des centres de jour habite une résidence pour personnes âgées  ou une ressource intermédiaire. L’autre portion de 25 % est constituée de personnes habitant à la maison», précise Mme Trudeau.

Cette dernière laisse entendre que les établissements privés offrent déjà des activités à leurs résidents et que le CSSS La Pommeraie souhaite éviter un dédoublement à ce chapitre.

Les cinq centres de jour de Brome-Missisquoi desservent une clientèle de 80 à 90 personnes sur une base hebdomadaire, bihebdomadaire ou de façon aléatoire.

«Les usagers des centres de jour sont en cours d’évaluation. Chacun sera rencontré dans un court laps de temps afin de s’assurer que la nouvelle offre de services répond véritablement à ses besoins», signale Mme Trudeau.

La DSSAPADP reconnait que la révision de l’offre de services aux personnes âgées n’est pas sans lien avec le contexte de restrictions budgétaires dans le système de santé québécois.

Réaction d’une aidante naturelle

La mère de France Groulx est encore autonome et habite toujours à la maison avec son conjoint. Tous les jeudis, la dame quitte son domicile vers 9h et se rend au centre de jour du CLSC de Bedford, où elle participe à différentes activités et prend un repas communautaire, avant de retourner chez elle peu après 14h.

«Ma mère a oeuvré toute sa vie dans le réseau de la santé. Elle a travaillé dans la salle d’accouchement avec Dr AdrienTougas, puis été directrice de l’hôpital Lagacé et du CLSC de Bedford. Maintenant qu’elle arrive en fin de vie et n’est plus en âge de travailler, voilà qu’on lui coupe les services », déplore la fille de la principale intéressée, qui agit également à titre d’aidante auprès de ses parents.

Selon cette dernière, la fermeture des centres de jour, à deux semaines d’avis, ne donnera pas suffisamment de temps au milieu communautaire pour s’organiser et prendre le service en main.

«Cette décision est d’autant plus discutable qu’elle pénalise une clientèle vulnérable, incapable de revendiquer ses droits. Il ne faut pas non plus oublier que la visite au centre de jour constitue pour certains usagers la seule et unique sortie de la semaine», ajoute Mme Groulx.

La Bedfordoise est également d’avis que les organismes communautaires n’ont pas nécessairement l’expertise, ni les ressources, pour encadrer les usagers des centres de jour. Selon elle, il est tout aussi utopique de penser que le réseau de soins à domicile va être en mesure de prendre la relève.

«Si le CSSS La Pommeraie n’a pas les moyens d’offrir les services à des groupes d’usagers, où trouvera-t-il l’argent nécessaire pour offrir les mêmes services sur une base individuelle au domicile des usagers», renchérit Mme Groulx.

Cette dernière croit également que les CLSC ne se seraient jamais occupés des centres de jour si on n’y offrait que des activités de loisirs.

Mme Groulx est par ailleurs d’avis que les centres d’hébergement n’ont pas les moyens de se payer les services d’un éducateur physique, d’un physiothérapeute ou d’un spécialiste en réadaptation physique. Or, selon elle, il faut des employés spécialisés pour offrir les services dispensés par les centres de jour.

«Le transfert de fonds va-t-il suivre le transfert de responsabilités? La population est en droit de se poser la question», ajoute l’aidante naturelle.

Mme Groulx estime que le réseau de santé régional a le devoir de s’occuper de la clientèle des centres de jour.

«Si ce n’est pas aux CLSC de s’occuper des personnes vieillissantes, à qui diable ce rôle revient-il?», insiste-t-elle.