Le développement immobilier inquiète aussi au mont Pinacle
MUNICIPAL. Il n’y pas qu’à Sutton où le développement immobilier en zone montagneuse soulève les passions. Le futur du mont Pinacle inquiète certains citoyens à Frelighsburg. La municipalité semble vouloir aller de l’avant en adoptant le règlement 144-01-2015, sur les usages conditionnels, et certains y voient une menace pour l’écosystème du mont, craignant une prolifération des routes et des maisons.
Le règlement qui sème la mésentente vise à accorder une certaine marge de manœuvre à la municipalité. Il pourrait fournir au conseil un pouvoir décisionnel accru concernant les demandes qui nécessitent une modification au plan d’urbanisme. Celui-ci, tout en respectant certaines conditions, pourrait alors autoriser ces changements dans les endroits désignés comme zone blanche, sans passer par le Plan d’aménagement d’ensemble (PAE).
Certains craignent que l’adoption de ce règlement vienne brimer le droit qu’ont les citoyens de se prononcer, par voie référendaire, sur la construction de rues ou de nouvelles résidences.
«Si le conseil passe ce règlement, il aura le pouvoir exclusif de dire oui ou non à ces projets pour les deux prochaines années. C’est ce qui nous inquiète. Nous craignons de voir des lotissements et des chemins qui s’ouvrent un peu partout», laisse entendre Werner Wintels, des Amis du mont Pinacle.
Mouvement régional
Il a joint sa voix à deux autres groupes de protection de la région (les monts Sutton et Bernard à Bromont). Dans une lettre adressée au ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, Pierre Moreau, le collectif avance que les changements aux règlements d’urbanisme et les projets immobiliers prévus menacent l’intégrité des zones visées. «Nous nous sommes réunis pour exprimer nos inquiétudes. Nous commençons à nous concerter, en réalisant qu’il y a des doutes semblables soulevés un peu partout.»
On peut notamment y lire que «la seule motivation avouée du conseil d’adopter ce règlement est le besoin d’élargir l’assiette fiscale et de générer de nouveaux revenus. Cependant, il reste des terrains constructibles en vertu du règlement actuel dans la zone blanche du Pinacle, le long des chemins publics existants […] Il n’y a présentement aucune urgence à aller de l’avant avec ce règlement, qui ouvre la porte à des développements majeurs dans une zone vulnérable que plusieurs parmi nous voudraient voir adéquatement protégée.»
La question des bénéfices pour la municipalité reste à éclaircir, selon M. Wintels. «Ils disent que ça va générer de nouveaux revenus pour Frelighsburg, mais on ne sait pas combien de maisons, ni sur combien de kilomètres de route.»
Retour vers 2012
Le maire de Frelighsburg Jacques Ducharme offre un point de vue différent sur la question. Les municipalités se trouvent devant l’impossibilité d’ouvrir une voie publique dans un territoire zoné blanc, à l’extérieur du cœur villageois, d’après une consigne du Ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT).
«Ça pose d’épineux problèmes pour les petites municipalités rurales. À Frelighsburg, notre cœur villageois n’est pas très grand, mais notre territoire lui, l’est. Nous avons certaines zones blanches à l’extérieur de notre cœur villageois», explique le maire Jacques Ducharme.
Le sommet du mont Pinacle est zoné blanc, d’après des démarches faites dans les années 1990. Deux autres parcelles, dont l’une près du chemin Jenne, le sont également à l’extérieur du village.
Avant d’envisager d’étendre son développement dans d’autres zones, une municipalité doit démontrer qu’elle a utilisé tout son territoire blanc, selon le maire Ducharme. «Il y a beaucoup de contraintes à prendre en compte, que ce soit les pentes, le ruissellement ou les espèces menacées. Les hauteurs du mont Pinacle, c’est sacré, c’est pour cette raison qu’on limite les constructions à 350 m d’altitude», poursuit-il.
Entre 1994 et juin 2012, avant l’intervention de la MRC Brome-Missisquoi, Frelighsburg avait la possibilité de construire des voies publiques en zone blanche. «Quand les opposants nous disent qu’on veut couvrir le mont Pinacle de rues, de lampadaires et de dépanneurs, ce n’est pas vrai. Tout ce qu’on souhaite, c’est revenir où on en était avant 2012», laisse entendre le premier magistrat. «Mais on ne souhaite pas ouvrir ça n’importe comment. Des chemins publics au sommet, il n’y en aura pas», insiste-t-il. Ce dernier affirme aussi que le PAE et le Plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) demeureront bien en place.
Le nombre de signatures suffisantes (plus de 120) a été obtenu en vue de la tenue d’un registre lié au destin du règlement 144-01-2015. «Nous nous dirigeons vers un référendum, et ce sera à la population de décider.» L’échéancier devrait en être établi au cours des prochains jours.
Le mont Pinacle
712 m d’altitude
Fait partie du massif des monts Sutton
S’étend sur environ 22 km2
Plus au nord-ouest se retrouve le Petit Pinacle, d’une altitude d’environ 480 m